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Festival YEAH!

Lourmarin, du 5 au 7 juin 2015

Live-report rédigé par Fantin le 7 juin 2015

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vendredi 5
« Même si la programmation est excitante j'ai l'impression qu'on a pas besoin de la mettre en avant pour attirer du monde (et afficher complet) : les gens viennent parce qu'ils ont envie de passer trois jours ici, dans ce lieu, avec ce cadre et que l'idée de festival avec des artistes à découvrir leur plaît beaucoup. » Laurent Garnier

En deux ans et deux affiches prônant la diversité, le Festival Yeah! s’est forgé une identité d’événement familial, éclectique et assez unique dans le paysage français. Il ne s’agit plus seulement du « festival de Laurent Garnier », mais plus largement de l’unique festival pop d’une région où les concerts se font de plus en plus rares (aucun marseillais ne dira le contraire). Cette cuvée 2015 devrait, comme les précédentes, réserver son lot de surprises.

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Le village de Lourmarin est sous le ciel bleu depuis un bon mois. Ce vendredi encore, la météo est idéale. Alors que des gens originaires de toute la France découvrent le cadre idyllique que constitue ce château au pied du Luberon, le premier concert débute. Il s’agit de celui de Julien Gasc, seul devant un piano électrique, sur la petite scène. Peu nombreux sont les personnes prenant le temps d’écouter son concert. Beaucoup font encore la queue pour entrer dans l’enceinte du château et nombreux sont ceux préférant commander du vin de la « cuvée spéciale Festival Yeah! » qui coule à flots aux comptoirs.
C’est donc un spectacle assez intimiste que délivre le barbu adepte des ballades lo-fi et de la pop 70’s. Le public peu présent ne lui permet pas de donner le véritable concert qu’il mérite. Dommage. Son album Cerf, Biche et Faon sorti en 2013 puis réédité par Born Bad Records en 2014, bien écrit et varié, pouvait laisser entrevoir un concert beau et original.

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Devant davantage de monde, ce sont les tourangeaux de Volage qui inaugurent la grande scène. Depuis le succès de Ty Segall et autres Thee Oh Sees il y a quelques années, le garage-rock fait un retour sur le devant de la scène. Toutes les scènes underground de France ont ainsi vu passer un grand nombre de groupes de cette veine au cours des dernières années. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’il n’est pas bien difficile de composer de tels riffs, de sonner volontairement mal à fort volume et de baragouiner quelques mots faussement subversifs en anglais. Volage n’est bien évidemment pas le plus mauvais groupe du genre. Ils jouent globalement bien, essaient de varier quelque peu l’ambiance au cours du set. Mais la formation n’est pas pour autant dépourvue des clichés cités et le concert donné est véritablement le plus dispensable de la soirée.

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La nuit commence à tomber quand les anglais de The Chap prennent le relais. Des problèmes techniques surviennent dès le début du set et permettent aux musiciens d’ironiser. We often have technical problems but we have some more serious problems : political problems. Débute ainsi un set déjanté, varié et même drôle. Des passages sonnent très pop, certains sont volontairement azimutés (un titre n’est chanté qu’avec des vocalises nasillardes) et d’autres sont presque noisy. Le groupe est toujours plein d’autodérision et ses compositions sont sans faille. Un compromis dur à respecter et, pourtant, la formule marche très bien. Le public passe un très bon moment et ne s’ennuie jamais, comme le groupe d’ailleurs. Ce dernier profite de l’occasion pour jouer quelques nouveaux morceaux, qui figurent dans sa prochaine sortie discographique : un political rock album qui sortira en octobre. Un concert finalement très punk et énergique, drôle et pour le moins original. Une vraie bonne surprise.

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Il fait presque nuit noire quand vient l’heure d’assister au concert de Motorama. Officiant d’habitude en quintette, le groupe joue aujourd’hui en effectif réduit, Irene Parshina n’étant apparemment plus du voyage. Les russes parviennent à jouer leurs compositions sans grand mal et la profondeur de leur son n’est nullement affectée par l’absence de la bassiste. Son instrument est joué tour à tour par Vladislav Parshin (chanteur) et Maxim Polivanov (guitariste). Principalement axé sur leur dernier album en date (Poverty, 2015), leur concert est d’une grande élégance. Pas bavard du tout, le groupe laisse parler sa cold-wave parfois planante souvent dansante. Et c’est tout ce qu’on lui demande. Si la voix s’entend malheureusement assez mal depuis la fosse, les guitares réverbérées ne peinent pas à envahir de la plus belle des façons la cour du château. On retiendra particulièrement les récents tubes pop Corona et Lottery, des plus appréciables sur scène. En trois albums et de nombreux concerts, Motorama s’est véritablement imposé comme un groupe incontournable de la cold-wave.

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Tout aussi appréciable, Shannon Wright prend la suite de la formation russe. Si elle est parfois seule sur scène, elle est ce soir accompagnée d’un bassiste et d’un batteur (ceux du groupe punk Shipping News). Le show ne se fait pas attendre tant l’américaine est d’une énergie débordante. C’est un bon quart d’heure d’une catharsis musicale ultra-saturée qui entame ce cinquième concert de la soirée. Malheureusement, le son est mal réglé. Les aigus de la guitare écrasent la voix de la floridienne. Quand celle-ci va s’asseoir devant son piano électrique (Fender Rhodes ?) pour jouer des compositions mélancoliques plus apaisées, le son s’améliore et révèle son chant délicat et d’une grande beauté. Shannon finit par récupérer sa guitare pour clore son set varié et remarquable. C’est alors des compositions en demi-teinte qu’elle délivre. La batterie s’excite et le chant s’élève tandis que la guitare, répétitive, reste non saturée. On ne peut que saluer la prestance, l’écriture et le chant d’une telle artiste.

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Après la France, l’Angleterre, la Russie et les États-Unis, c’est au tour du Danemark d’être représenté dans le festival. WhoMadeWho met beaucoup de temps à s’installer. On ne sait pas bien s’il y a des problèmes techniques ou si les musiciens ont des réglages perfectionnistes à effectuer. L’attente est longue et le public réclame. Quand les trois musiciens aux allures de dandies débutent leur concert, on peut lire leur envie de séduire le public et de le faire s’agiter au son de sa dance-pop à deux voix. La plupart du public se prend au jeu du trio. Mais après avoir écouté trois artistes aux mélodies et textes si bien écrits, la musique de WhoMadeWho sonne comme une pop de supermarchés maintes fois entendue. On reconnaitra tout de même la qualité du jeu de batterie, qui confère une véritable base dansante à chacun des morceaux. Les deux chanteurs peuvent grâce à lui ne jouer qu’une ligne de basse minimaliste et y ajouter quelques notes éparses de synthétiseur ou de guitare pour faire hocher les têtes du public.

Tout compte fait, le bilan de cette première soirée est globalement positif. Malgré quelques problèmes techniques et quelques améliorations nécessaires dans les balances, le son est, dans la cour du château, globalement bon. L’éclectisme voulu par les programmateurs, comme chaque année, permet d’assister à des prestations diverses et variées, de qualité variable.
artistes
    Motorama
    Shannon Wright
    WhoMadeWho
    The Chap
    Volage
    Julien Gasc
    Moustic
    Klinefelter & Distraction
    RKK
    Scan X Master Class