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Festival FNAC Live

Paris, du 6 au 8 juillet 2018

Live-report rédigé par Déborah Galopin le 9 juillet 2018

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vendredi 6
La saison des festivals est déjà bien entamée avec l'arrivée de l'été, mais le festival FNAC Live reste un événement très apprécié du public parisien de par sa localisation et sa gratuité. Dès le premier jour, celui-ci a été victime de son succès puisque passé vingt heures les entrées ont été difficiles, engendrant sur le pavé de nombreux laissés pour compte. Rien d'étonnant pourtant lorsqu'on voit l'affiche proposée qui s'annonce vraiment bonne. Au programme : des artistes qui surfent sur la vague du succès, des petits nouveaux et des plus anciens dont certains que nous avions déjà eu l'occasion de croiser les années précédentes.

Ce jeudi soir a commencé fort, pas question de garder le meilleur pour le week-end, la preuve en est avec un parvis déjà complet et une sécurité musclée à l'entrée. Comme ils l'avaient déjà instauré l'année précédente, le festival s'ouvre tous les jours à 17h en mettant en avant trois labels différents. Personne sur scène, juste une playlist qui présente différents groupes ou artistes de ce label. De quoi faire patienter les premiers arrivants. Une mise en avant cohérente avec ce festival qui promeut les nouvelles tendances musicales.

On attaque dès 18h avec le premier concert. Pour ne rien vous cacher, L'Impératrice faisait partie des groupes que j'attendais, mais j'ai vécu ma première déception de la soirée. Celui-ci mélange à la fois funk, disco et pop, un cocktail qui promettait un bon live mais qui manque de profondeur et de sincérité. Les musiciens sont chacun dans leur propre trip musical si bien que la communication ne passe pas bien entre la scène et le public. Les grands sourires de la chanteuse ainsi que sa voix d'adolescente ne suffisent pas non plus à nous séduire. Leur musique nous rappelle la plage, et on l'aurait probablement beaucoup mieux apprécié dans ce décor, mais ici, sur cette scène, leur prestation manque de conviction. Bref, la sauce ne prend pas, le set de quarante-cinq minutes se révèle finalement long et on est pressé de passer à la suite.

Heureusement, Jeanne Added frappe immédiatement en allant chercher son public avec ses morceaux les plus puissants : A War Is Coming et It. Le ton est donné avec une forte présente rythmique et des beats, mélangeant batterie, basse, synthé, pads… Beaucoup plus électronique que lorsque nous l'avions vue il y a trois ans sur cette même scène. Pourtant cela ne gâche en rien son talent, cela apporte une ambiance différente, plus minimaliste. Nous sommes d'autant plus honorés de la voir ce soir, puisqu'elle donne le premier concert de sa nouvelle tournée. Le regard déterminé, un couteau cousu sur le coeur, on sent qu'elle a des choses à nous dire et notre corps extériorise au rythme de cette rythmique lente, pesante. C'est fort, émotionnel.

En terme d'émotions, il y en a un autre qui n'est pas mal dans son genre : Asaf Avidan. Il suffit d'entendre les premières notes pour savoir que ce qu'il va nous offrir ce soir est complètement atypique. Il a le look bien rock, presque punk, mais classe avec ses tatouages, son jean moulant et sa crête, sans compter sa voix haut-perchée qui a fait son succès. Il est seul ce soir entouré d'une panoplie d'instruments : guitare acoustique, harmonica, toms, pads… Un artiste accompli qui joue sur le fil de l'émotion avec ce set qui se veut intimiste et proche de son public. En revanche, on regrette que celui-ci ne soit pas vraiment attentif, sa voix et sa guitare ne suffisant pas à couvrir le brouhaha qui vient gâcher ce qu'il cherche à nous transmettre.
Il adresse un petit mot pour faire comprendre qu'il ne cherche pas à faire crier son public mais juste à être écouté, on le sent un poil agacé. Puis il se lance dans un titre plus blues, Over You Blues : "My baby, she's just a little puppy, But she's acting like a full-grown bitch". Enfin l'effet escompté sur l'Hôtel de ville fonctionne ! Il termine avec ses deux titres les plus connus qui lui vaut une ovation. Un performeur qui nous a démontré tout au long de ce set ses multiples talents. Comment ne pas tomber sous le charme ?

Deux petits talents font leur apparition entre temps : Voyou qui a connu de sérieux bugs d'ordinateur. J'ai tout de même apprécié un ou deux titres estivaux, mais qui demeurent relativement répétitifs. Et Moha La Squale, jeune rappeur parisien de 23 ans, dont je ne retiens personnellement pas grand-chose tant sa musique me laisse de marbre.

Mon engouement retombe comme un soufflet avec Petit Biscuit, bien que c'est loin d'être le cas pour la foule surexcitée. On comprend alors qu'il s'agit de l'artiste le plus attendu. Cependant le jeune autodidacte de dix-huit ans est visiblement tombé dans le business de la musique perdant ce qui faisait sa fraîcheur. L'ambiance très mélodique qui appelait au voyage de son premier album semble avoir été complètement effacée au profit de mixes beaucoup plus commerciaux à coup de "boum boum". Même Sunset Lover n'aura pas droit à sa version originale, au profit d'un autre remix.

Néanmoins, l'ascenseur émotionnel n'est pas terminé ce soir, puisque Vitalic prend le relais à 23 heures. Le "papa" oserais-je dire. Une heure de musique sans interruption pour nous présenter son ODC Live, avec un show visuel minimaliste mais suffisamment immersif grâce à ces grands losanges lumineux qui accompagnent l'ensemble. Les titres s'enchaînent à une vitesse folle à tel point qu'on a l'impression d'avoir un show en accéléré, mais pour le coup pas de temps mort, Vitalic nous fait passer d'un état de surexcitation à un autre avec Ooey, Levitation, Lightspeed, Poison Lips, Waiting for the Stars... Notre cerveau prend sa dose de dopamine et Vitalic nous perche tout là haut dans les étoiles. Le retour sur la terre ferme est en revanche brutale puisque les techniciens coupent le son à minuit pile. Vitalic a l'air lui-même pris de court, mais nous ne plaindrons pas puisque ce show était sans conteste l'un des meilleurs moments de cette soirée avec l'incroyable Asaf Avidan.

La suite demain !
artistes
    L'IMPÉRATRICE
    JEANNE ADDED
    VOYOU
    ASAF AVIDAN
    MOHA LA SQUALE
    VITALIC ODC LIVE
    DOMINIQUE A