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Festival FNAC Live

Paris, du 6 au 8 juillet 2018

Live-report rédigé par Déborah Galopin le 12 juillet 2018

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dimanche 8
La scène urbaine se fait une place sous le soleil de l'Hôtel de Ville pour cette nouvelle journée. Hier déjà, nous avions perçu ce vent qui sentait le bitume des banlieues principalement parisiennes. Alors qu'hier elle se mêlait à des DJ, aujourd'hui elle est internationale, chacun venant raconter ses histoires en y apportant l'authenticité de ses origines et ponctuée par des styles différents comme la soul et le folk.

Pour annoncer cette tendance, c'est L'Ordre du Périph qui ouvre la dernière journée, mais une voix nous appelle jusqu'à la scène du salon ; celle de Foé. Immédiatement, il nous happe à travers celle-ci et nous impressionne tant elle paraît atypiquement grave et basse. Dans le salon au son de cathédrale, le rendu est incroyable résonnant à travers les hautes voûtes jusqu'à nous atteindre. Ses textes poétiques ajoutent à la beauté de sa musique, accompagnée d'un pad qui apporte une dynamique qui rappelle celle de Stromae. Et quand l'artiste se met au piano, dévoilant un son classique extrêmement fluide et minutieux, il se dévoile davantage encore sur le titre Bouquet de Pleurs. Il y a quelque chose de moderne comme avec son titre Le Mâle A Dit et d'autres plus traditionnelles puisant dans sa formation au conservatoire, rappelant également l'ancienne scène française qu'on pourrait rapprocher de Brel. Ce mélange rend son projet original. Comme chaque concert qui a lieu au salon, le set ne dure que trente minutes et pourtant nous avons déjà l'impression d'avoir fait un incroyable voyage, nous menant dans une musique sinueuse aux textes forts. Il s'agit sans aucun doute de la révélation de ce festival.

Jacob Banks, chanteur soul à la voix puissante et entouré d'une instrumentation efficace, poursuit cette soirée à 19h. S'il manque un peu de communication avec son public, nous n'avons en revanche pas grand-chose d'autres à reprocher à sa prestation. Nous n'accrochons pourtant qu'à moitié sans pouvoir définir véritablement le fondement de ce sentiment comme si le format festival ne s'y prêtait pas. Ou peut-être est-ce simplement que l'empreinte de Foé a été trop fort ?

Dès l'instant où Gaël Faye entre sur scène, il a la capacité de nous captiver. Ses textes slam n'y sont bien évidemment pas pour rien. Il a le sens de la formule, jouant avec les images et des associations bien pensées, tandis que le son des basses vibre dans l'ensemble de notre corps, rendant le moment particulièrement puissant. D'une note à l'autre, il a cette capacité à nous émouvoir avec Ma Femme ou bien à nous donner envie de danser avec son Freestyle Faya. Il devient alors pour l'ensemble de la foule comme un soleil rayonnant aussi chaud que celui du Rwanda. Alors quand il chante qu'il part, on embarque illico avec lui dans son Petit Pays.

Aloïse Sauvage, jeune artiste de la scène française en tenue de survêt', se comporte sur scène comme si elle était sur le ring. Elle se déhanche en nous donnant l'impression qu'elle s'apprête à parer les coups, lançant un regard plein de détermination avant de laisser exploser son énergie et ses mots. Si on aime son univers, en revanche, sa reprise de Voyage Voyage ne nous atteint pas. Elle termine son court live sur son titre phare. Le public un peu mou depuis le début de la journée, se réveille un peu pour hurler "aphone à force d'être fond". En tout cas, on sait pourquoi elle finit aphone... Aloïse donne tout !

Nous avions découvert Ibeyi sur cette même scène, il y a trois ans, alors méconnues à l'époque, les deux sœurs m'avaient déjà convaincue de la beauté de leur musique à la rythmique marquée et lente au son du cajon. C'est donc avec plaisir que nous les retrouvons ce soir, ouvrant ce set sur Oya. Il y a quelque chose de fascinant dans leur musique qui relève à la fois de ce mélange de langues entre anglais, espagnol et Yoruba comme si elles parlaient une langue mystique capable d'invoquer les esprits, mais aussi la façon qu'elles ont de chanter en harmonie. Lisa et Naomi sont en totale fusion et cela est palpable quand elles chantent en face l'une de l'autre. Elles terminent sur River après un set d'une heure et demie. Un moment agréable.

Alors que durant toute cette journée, il y avait principalement des arrangements électroniques qui venaient remplacer les instruments (à l'exception de Jacob Banks), c'est presque avec soulagement qu'on retrouve une bonne vieille batterie, accompagnée d'une guitare, d'une basse et d'autres instruments qui rejoignent ponctuellement le set. La musique folk d'Angus & Julia Stone est dépouillée de toute fioriture, c'est la simplicité qui prime; l'émotion. En arrière-plan, un simple écran vient projeter des images pour nous plonger dans un esprit très onirique. Alors on se laisse happer par la magie de la mélodie et de ces deux voix. Un beau final tout en douceur... Une journée plus calme, peut-être moins grand public, mais à la qualité évidente. Une belle façon de terminer ce samedi avec légèreté. Rendez-vous l'année prochaine pour nous l'espérons encore de beaux noms et de nouveaux artistes à découvrir.
artistes
    L'Ordre du Périph
    Jacob Banks
    Yorina
    Gaël Faye
    Aloïse Sauvage
    Ibeyi
    Angus & Julia Stone
    Foé
    Mélissa Laveaux
    Françoise Fabian