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Pitchfork Music Festival

Paris, du 15 au 21 novembre 2021

Live-report rédigé par Franck Narquin le 26 novembre 2021

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vendredi 19
Délogé de la Halle de la Villette, son habituel fief, pour d'obscures raisons sanitaires, le Pitchfork Music Festival a dû faire preuve de créativité pour cette édition 2021 afin de ne pas frustrer les mélomanes parisiens en manque d'expériences musicales collectives. Ainsi le festival s'est trouvé étalé sur toute une semaine dans différentes salles de concerts proposant notamment de belles têtes d'affiches britanniques, du grand retour de Metronomy à la Fondation Louis Vuittonà la furie electro-hip-hop Shygirl à la Gaité Lyrique.

Habituellement plus confidentielles, les soirées Avant-Garde se sont vues offrir les deux soirées de choix (vendredi et samedi), présentant plus de trente jeunes groupes répartis dans six lieux du quartier de la Bastille. Chaque salle proposait une thématique plus ou moins précises. Le Badaboum prêtait son dancefloor aux groupes electro et hip-hop, le Café de la Danse dévoilait une sélection soul et folk, tandis que le Supersonic et sa petite annexe, le Supersonic Records (où l'on pouvait croiser les équipes de Sound of Violence jusqu'à très tard dans la nuit) offraient un écrin intime aux guitares saturées.

En ce début de vendredi soir à Bastille, le fonds de l'air s'avère un brin frisquet mais un petit vent d'excitation vient nous réchauffer à la vue de cette programmation prometteuse. Vient ensuite l'heure des choix car il ne sera pas possible de tout voir, trop de groupes jouant en même temps. Nous ferons donc une croix sur la soul suave de Gabriels, l'élégante electronica de Godford et les délires lyriques de Sloppy Jane pour cause de passeports non britanniques ainsi que sur la mutine anglo-japonaise Miso Extra, la faute à une timetable bien trop ramassée. La priorité sera donc donnée à nos amours de toujours, les guitares indie anglaises sonnantes et trébuchantes et nous nous dirigeons fissa vers le Supersonic, où sa bière tiède et sa foule compacte, bruyante mais toujours accueillante, rappellent les virées mémorables au pub les soirs de derby de Manchester.

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Il est tout juste 20h30, quand les sud-londoniens de Talk Show prennent possession de la scène. Pas de temps pour les préliminaires, le gang signé sur Yala! Records (le label de Felix White des Maccabees) bastonne fort d'entrée. Leur premier single s'appelait Fast And Loud et pourrait s'avérer une bonne définition de leur post-punk à l'énergie jubilatoire communicative. Harrison Swann, chanteur blondinet haut comme trois pommes, sait y faire pour haranguer la foule et transformer un public de début de soirées en une bande de pogoteurs enragés. Peut-être que les nombreuses tournées en première partie de Fontaines D.C., Squid, Fat White Family ou The Murder Capital (joli CV !) y sont pour quelque chose. Premier concert, premier choc, merci Pitchfork ! On est chaud pour la suite.

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Grâce à un pass aux couleurs dorées, on arrive à se faufiler dans un Supersonic Records déjà plein pour voir NewDad et s'offrir à peu de frais un voyage direct pour les années 90. Dream pop, shoegaze, noisy-pop aux accents grunge, on peine à mettre une étiquette sur ces morceaux qui ont pour point commun de tous sembler sortir d'une compilation de 1992. Bien qu'encore un peu patauds sur scène, les jeunes irlandais aux pulls bariolés et aux choix capillaires incertains, dégagent une grâce évidente. On entend de-ci de-là quelques vieux grincheux crier au déjà-vu, mais leur single, que dis-je leur hymne, I Don't Recognise You, viendra mettre tout le monde d'accord. On va beaucoup le dire ce soir, mais on attend leur premier album avec impatience.

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Il est déjà presque 22h30, pas le temps de niaiser, le clou de la soirée va bientôt débuter. On n'est pas mécontent d'avoir sympathisé en début de soirée avec Jim, le physio au physique à la Teddy Riner, qui nous laisse passer devant la longue queue qui se presse devant le Supersonic, émoustillée par la rumeur bourdonnante entourant Wet Leg, ce duo de l'île de Wight dont tout le monde parle depuis les sorties chez nos amis de Domino Records de leurs deux premier singles imparables Chaise Longue et Wet Dream. Promis on ne parlera pas de jauge à Gabriel Attal, mais à vue de nez on doit bien être autour des 125%. Rhian Teasdale (la brune volcanique) et Hester Chambers (la blonde réservée) accompagnées de leurs musiciens aussi chevelus que barbus, présentent leurs tubes pop high-voltage, évoquant autant Dry Cleaning, qu'Elastica ou The Breeders, pour la première fois hors d'Angleterre.
Côté public, ça hurle de joie, ça acclame, ça slame. Côté scène, ça envoie des tubes fignolés plein de fraicheurs avec un sourire XXL et un plaisir évident. Toujours étonnée de ce succès instantané, Rhian scandera le déjà classique Chaise Longue, totalement hilare. Leurs deux tubes font mouche mais on découvre également avec plaisir leurs autre morceaux, dont un certain nombre sont fait du même bois incandescent. On vient d'assister à ce genre de premier concert dont on pourra dire qu'on y était et surtout on vous aura prévenu : en 2022, préparez-vous à (beaucoup) entendre parler de Wet Leg.

Comme le dit souvent Jean-Pierre Foucault, pour le rock anglais, c'était une sacrée soirée !
artistes
    Cassandra Jenkins
    Écoute Meuf
    Elliott Armen
    Gabriels
    Godford
    Joviale
    Kai Kwasi
    keiyaA
    Kynsy
    Lael Neale
    Miso Extra
    Molly Payton
    NewDad
    Simili Gum
    Sloppy Jane
    Talk Show
    Wet Leg