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Very Good Trip Festival

Bellocq, du 14 au 16 juin 2024

Live-report rédigé par Laetitia Mavrel le 19 juin 2024

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Seconde journée au Very Good Trip Festival qui, comme nous l'avait promis notre Madame météo préférée, débute avec un magnifique ciel bleu. Le vent ayant balayé les méchants cumulonimbus, c'est néanmoins avec une petite laine que nous nous rendons sur le site, sifflotant entre les vignes situées aux pieds de la forteresse, pour la suite des festivités. Ce samedi est la journée la plus dense car débutant en amont du festival dès 17h avec un concert gratuit devant la mairie, avec cet après-midi Neptune Grass, duo français composé d'Emmanuel et Raphaël Corbier, qui nous plonge dans une pop très psyché cool aux effluves de Tame Impala. Une journée qui commence donc de façon sérieuse et qui nous amène dans l'enceinte du château pour une toute autre découverte qui, elle aussi, nous dépaysera grandement.


C'est dès 19h que nous découvrons sous un magnifique ciel laiteux Tō Yō, quatuor nous venant de Tokyo au Japon. Afin de creuser le sillon entamé par Neptune Grass, Tō Yō amplifient l'ambiance patchouli avec un acide folk extrêmement pointu. Sans vouloir exploiter certains clichés sur l'archipel, il faut ici reconnaître que le groupe se présente à nous avec ce sérieux et cette rigueur typiquement nippons. Point de fioritures, aucun salut ni commentaire superflu, le visage fermé et très concentré, le groupe s'immerge dans sa propre musique et nous fait délicatement pénétrer dans une ambiance extrêmement envoutante. Les guitares sont à la fois perçantes et langoureuses, les sensations vives et douces également. Ce premier concert permet aux spectateurs d'atterrir en douceur sur la verte pelouse du château et d'aiguiser leur appétit pour la suite à venir.


A défaut de grosse chaleur, c'est bien le soleil qui irradie sur le site. Alors que les stands de plats chauds ont fait le plein hier, c'est aujourd'hui le tour des burratas au pesto frais et des feuilles de vignes (toujours faits maison, j'en atteste personnellement) de rencontrer un franc succès. Ainsi armés, direction la scène pour retrouver Mermonte. Notre première fois avec l'orchestre basé à Rennes sera malheureusement la dernière car nous apprenons que le groupe achève sa tournée d'adieu, chacun de ses membres allant vaquer à de nouvelles occupations après quatre albums en douze années de carrière. C'est donc avec une petite touche d'émotion que le groupe, qui propose une pop symphonique d'une grande beauté, entame son avant dernier-concert (ils seront le lendemain à Nantes pour clôturer leur chapitre final).
Nous profitons ainsi un maximum de cette pop très mélodieuse, les huit musiciens offrant un répertoire qui nous évoque tant la douceur de The Leisure Society (croisés ici même l'an passé) que la flamboyance d'Arcade Fire. C'est d'ailleurs sous le sobriquet « d'Arcade Fire français » que le groupe a trouvé le succès, comparaison tout à fait flatteuse et méritée.


Le soleil commence à décliner, et c'est sous un ciel devenu bleu turquoise que nous accueillons The Big Idea. Ce sont à nouveau des effluves iodés qui envahissent le château de Bellocq avec le groupe natif de la Rochelle qui, dans un esprit de camaraderie très rugbystique, viendra gratifier ses cousins du sud de la région Nouvelle Aquitaine d'un petit coucou de la part de la meilleure équipe de rugby qui soit. On imagine que dans un autre contexte, cette petite blague ne serait pas très bien passée, mais ici, tout le monde s'aime et se respecte ! Ainsi, Matéo, Sinclair, Sacha, Victor, Louis et Pierre vont prendre possession de la scène de manière étincelante en se passant le micro les uns aux autres pour nous proposer une pop rock très inspirée des années 60, fabuleusement orchestrée et portée par une énergie plus que communicative. Les six garçons offrent un répertoire classique mais très agréablement rafraichissant et leur bonne humeur tout comme leur petit brin de folie sont plus que communicatifs. Avec un dernier album, Tales Of Crematie, sorti l'an passé, nous ne saurions que trop vous conseiller de croiser le chemin de The Big Idea rapidement (et pour ne pas vous écarter de la ligne éditoriale de votre média préféré, rendez-vous à Lyon au Transbordeur le 4 juillet, les garçons y seront en première partie de notre Fat White Family préférée).


Comme lors de la soirée précédente, le meilleur est pour la fin. L'ADN de Sound Of Violence va enfin pouvoir s'exprimer avec pour cette deuxième partie de soirée deux valeurs sûres pour notre rédaction : The Hanging Stars et The Clockworks. A la suite de la sortie de On A Golden Shore en mars dernier, The Hanging Stars, groupe basé à Londres et toujours mené par Richard Olson et Paullie Cobra, nous avait à nouveau ébahit par l'esthétisme et la précision de leur dernier opus. Toujours porteur de l'esprit bohème de la toute fin des années 60 qui régnait dans le quartier de Laurel Canyon à Los Angeles, la formation a réussi depuis 2022 à affiner son style, trouvant enfin sa propre personnalité parmi cette abondante source de références dans laquelle elle baigne depuis ses débuts. Se faisant bien trop rares dans notre contrée (leur dernière prestation à Paris remonte aux calendes grecques dans une Mécanique Ondulatoire pas du tout adaptée), c'est avec délice que nous retrouvons The Hanging Stars sous une voute étoilée, avec comme décor la lune étincelante et les tours éclairées d'une lumière bleutée du plus bel effet.
Les nouveaux morceaux sont aussi réussis en live que sur disque. Le set débute avec Let Me Dream Of You, suivi un peu plus loin des enivrants Hapiness Is A Bird et Sweet Light, pour enchaîner sur la ballade destructrice (dans le bon sens du terme, tous amoureux que nous étions à ce moment précis) Disbelieving. L'aura d'une autre époque de The Hanging Stars fait toujours mouche, et sans jamais tomber dans le remake parodiant les grands noms de ce style, le groupe réussit parfaitement à rallier à sa cause tous les types de spectateurs, tout âge confondu. Richard Olson, avec ses airs d'ange blond à la Robert Redford, séduit l'intégralité du public, remercie généreusement les présents en s'amusant de leur propre absence sur nos terres depuis de longues années, mais se déclare plus que charmé à son tour par l'accueil des plus chaleureux qui leur est réservé.
Alors que va littéralement défiler une véritable étoile filante (avis à celles et ceux qui à ce moment-là avaient le nez pointé vers le ciel et non vers la scène), la fin de set s'américanise sérieusement avec House On The Hill et ses airs de western contemporain avant de clôturer sur Hollow Eyes, Hollow Heart qui nous emmène très loin dans les terres rouge et arides du grand ouest américain. Le chant et la profondeur des guitares nos bercent littéralement, le style de The Hanging Stars se prêtant à un festival de début d'été et permettant à toutes celles et ceux qui n'étaient pas familiers avec leur style récompensé il y a tout juste quelques années par l'Americana Music Association d'adhérer automatiquement ou presque.


Sans transition, et comme cela a été le cas l'an passé avec THUMPER, nous terminons la soirée avec un petit voyage vers les vertes terres irlandaises. Et malheureusement, c'est encore avec une bonne demi-heure de retard du fait des orages de la veille sur le matériel que va débuter le dernier set. Mais comme le disait si bien notre vénéré Léon Zitrone (que les moins de quarante ans interrogent Siri et Alexa), ce sont les aléas du direct ma chère Simone. Pas découragé pour un sou, le public attend ainsi de pied ferme la tête d'affiche The Clockworks, que nous avons aperçus début mai au Supersonic à Paris lors d'un concert qui s'est révélé être mi-figue mi-raisin en comparaison d'avec nos attentes. C'est donc plein d'optimisme que nous attendions cette nouvelle rencontre, persuadés que la beauté du cadre allait indéniablement embellir la prestation de nos musiciens.
A ce titre, The Clockworks ne nous ont pas fait mentir : c'est bien un groupe ravi de se produire dans un château qui nous sert un set carré, beaucoup plus dynamique qu'au Supersonic, certes plongé dans une semi-pénombre que l'on saura étonnamment voulue par le groupe, une histoire de mystique à préserver probablement. Toujours composé de James McGregor au chant et à la guitare, Damian Greaney à la batterie, Tom Freeman à la basse et Sean Connelly à la guitare également, les dublinois interprète ainsi un show plus racé et donnent un tout autre cachet aux morceaux issus de leur premier album, Exit Strategy, paru en novembre dernier. Disque passablement assagi en comparaison d'avec l'excellent premier EP éponyme une année plus tôt, la version live de ce soir transporte indéniablement à nouveau le groupe vers ses premières amours du post-punk jubilatoire. Sans pour autant renverser la scène comme l'a fait la vieille Ben Johnson de Spangled, James McGregor sait néanmoins de par son étonnant calme distiller une certaine dose de charisme vers le public, ce dernier conquis car pour la majorité déjà fin connaisseur du répertoire des irlandais. Une histoire qui commençait bien mais qui sera malheureusement écourtée pour des considérations d'horaire jugé trop tardif pour les musiciens, raccourcissant le set de vingt minutes et laissant légèrement sur leur faim nombre de fans venus de loin pour cette occasion. Nous aurons toutefois pu profiter des singles Mayday Mayday, Endgame, Advertise Me et l'excellent Feels So Real. On soulignera tout de même le sourire et les remerciements chaleureux de The Clockworks vers le public et on souhaitera ainsi que les vaillants festivaliers du Very Good Trip puissent à nouveau retrouver le groupe pour un set à la hauteur de leurs véritables attentes.

Une seconde journée qui se finira à grand renfort de pintes partagées avec les vrais héros de la soirée, ici les bénévoles, avant de reprendre quelques forces avant la dernière ligne droite du festival, qui, comme il est de coutume au Very Good Trip, sera axée sur une musique plus familiale.
artistes
    Tō Yō
    Mermonte
    The Big Idea
    The Hanging Stars
    The Clockworks
photos du festival