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Very Good Trip Festival

Bellocq, du 14 au 16 juin 2024

Live-report rédigé par Laetitia Mavrel le 19 juin 2024

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La troisième journée du festival débute sous un soleil radieux et avec des températures enfin estivales. C'est sous ce ciel éblouissant que le château ouvre ses portes dès 11h30 pour le brunch dominical avec vente de fromages et dégustation de vins biodynamiques et naturels, qui permettent aux plus lève-tôt d'entre les festivaliers et à tous les promeneurs des environs de venir profiter des douceurs locales avec en fond sonore les platines de l'ami DJ Alexis Distraction. Le dimanche est une journée où la famille et la détente sont mises en avant, ainsi les paniers pique-nique côtoient les premières pintes de bière fraîches pour se mettre en jambes doucement mais sûrement avant les concerts qui proposeront trois groupes pour pouvoir terminer le week-end en tout début de soirée. Point de groupes britanniques et irlandais en cette douce après-midi, l'occasion pour nous d'ouvrir un peu plus largement nos shakras vers des contrées pas totalement inconnues mais qui nous permettent de coller parfaitement avec l'esprit libre et cosmopolite du Very Good Trip Festival.


Les concerts débutent ainsi dès 15h30 avec Lemon Rose, groupe basé à Bordeaux et composé de Benjamin au chant et à la guitare, Pierre à la batterie, Ulysse également à la guitare et Jules à la basse. Avec leur premier EP The Bean sorti en février dernier, Lemon Rose nous offrent un rock qui baigne dans les influences du Creedence Clearwater Revival, avec de très agréables notes à la Kinks qui auraient pu faire la joie des Cavern's Club et autres tavernes d'époque sur des morceaux comme le fringuant Your Eyes On Me. Les quatre garçons sont très heureux d'être présents, ayant remplacé au pied levé les Américains de The Bright Light Social Hour pour cause de tournée européenne annulée. Tout comme les chatoyants Foudre du Bengale l'an passé, il fait bon de piocher dans la fructueuse réserve de talents locaux pour confirmer que le rock sait se faire convaincant sans avoir à traverser la Manche ou l'Atlantique. On se laisse donc entraîner par Benjamin dans des titres faits pour danser, ou se déhancher comme ce dernier saura nous en faire la charmante démonstration sur scène, grâce à leurs mélodies très catchy qui nous renvoient loin à l'époque insouciante des swinging sixties.


A 16h30, c'est au tour du stand crêpes, comme l'an passé tartinées de Basquella (l'huile de palme n'est toujours pas acceptée dans l'enceinte du château), qui fait le plein pour un goûter de compétition avant de glisser dans l'univers chatoyant de The Shivas. Aperçus la veille dans le rez-de-chaussée des amis de l'International, les Américains originaires de l'Oregon ont engouffré dans la nuit les 761,40 kilomètres les séparant de Bellocq pour se joindre à nous. Malgré la fatigue, le groupe illumine encore plus l'après-midi avec son rock garage typiquement américain. Fortement influencé par la vague psychédélique de la toute fin des années 60, leur dernier album Feels Good / Feels Bad met en avant leur incroyable maîtrise de ce style qui a donné naissance à une multitudes de rejetons depuis. Menés par le guitariste Jared Molyneux, les membres du groupe passent d'un instrument à l'autre permettant ainsi de prendre le chant à tour de rôle, avec depuis cette tournée la mise en avant de la batteuse Kristin Leonard qui, avec sa voix très soul, nous régale de leurs tubes qu'on croirait sorti d'une BO de road trip movie.
The Shivas évoquent autant la douceur de The Mamas and The Papas que la verve acide du Velvet Underground. Ce subtil mélange des genres offre des prestations live qui même si l'on est totalement étranger à leur répertoire, nous fait automatiquement plonger dans un monde qui fleure bon le patchouli et les bandeaux colorés dans les cheveux. C'est un nouveau voyage dans le temps que nous propose le Very Good Trip, à l'image de The Hanging Stars la veille, et les tubes tels que You Make Me Wanna Die offrent une bande son parfaite à un festival où aucune pression ne se fait ressentir. Un incroyable moment de lâcher-prise, bercé par les voix angéliques et les no-looks de nos héros venus de Portland, qui apprécient de pouvoir se produire dans ce cadre idyllique.


Une pause se dessine à nouveau, que l'on met à profit pour aller fouiller dans les bacs à trésors cachés du disquaire TERRIBLESSOUND basé à Tarbes (on trouve toujours le temps de dénicher un original pressage français de la compilation Singles 81-85 de Depeche Mode, vous en conviendrez tous) avant de sortir ses plus belles tenues colorées pour l'arrivée sur scène de la dernière tête d'affiche qu'est Sahad. Le Very Good Trip Festival ouvre ses portes à l'afro beat et au smooth jazz en provenance du Sénégal de la formation qui, minute culture s'il vous plaît, signifie « moisson » en Sérère et « résurrection » en Wolof. Le brassage des genres est au rendez-vous et le groupe réussit à faire se mettre à danser tous les présents en mêlant blues et musique africaine, jazz et afro beat entêtants, réhaussés de trompette et de guitares funky du plus bel effet. Les discours appelant à la solidarité en ces temps fortement assombris terminent de convaincre la foule de festivaliers qui en redemande encore jusqu'à la dernière minute, offrant un dernier moment de communion qui nous touche réellement.

C'est à un peu plus de 19h que le festival se termine, laissant une bonne heure à tous pour venir échanger ses jetons contre un dernier verre de vin local afin de trinquer à cette troisième édition qui, malgré la pluie, les comètes dans le ciel et les coups de soleil, aura à nouveau prouvé que l'on peut être tout petit mais faire du très grand. La saison des festivals débutant en ce moment même, il est alors plus que réjouissant de pouvoir offrir des formules à taille plus humaine, où l'altruisme, la solidarité et un véritable esprit d'indépendance guident les organisateurs. On applaudira encore chaudement les deux ingénieurs du son et lumière qui mettent à eux seuls le festival en mouvement, les bénévoles, les partenaires, les musiciens qui acceptent le temps d'un week-end de se détacher des grosses machines à sponsors qui écrasent tout sur leur passage et les festivaliers, qu'ils soient passionnés de musiques indé ou néophytes curieux.

Avant de rendre les clés du château à la commune de Bellocq, on en profitera pour lever notre pinte en direction des deux belles tours fortifiées qui, de mémoire de routarde des concerts, constituent à ce jour le site le plus charmant que nous ayant trouvé pour un festival d'été. On se dit donc à l'année prochaine, milesker et potons (ndlr : merci en basque et bisous en occitan) à toutes et tous !
artistes
    Lemon Rose
    The Shivas
    Sahad
photos du festival