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Primavera Sound Porto

Porto, du 6 au 8 juin 2024

Live-report rédigé par François Freundlich le 22 juin 2024

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vendredi 7
La deuxième soirée du Primavera Sound Porto s'annonce alléchante avec des têtes d'affiches ou des nouveaux venus du rock, de la folk et de la pop arrivant aussi bien d'Angleterre, des Etats-Unis que d'Australie.

On commence l'après-midi sur la scène géante Primavera avec cette large étendue de goudron au cœur du Parc de Cidade, en bord de l'Atlantique à Porto. Les New-Yorkais de Crumb proposent un rock psychédélique divagant, teinté d'une voix folk rock de la chanteuse Lila Ramani. Leur mixture brumeuse et paisible inspirée parfois par des relents pop et à la coolitude évidente nous fera planer bien haut durant toute la durée du set, entre passages au saxophone et nappes de synthés bien arrosées. En effet, on retiendra ce moment durant lequel toute l'eau de pluie retenue sur le toit de la scène s'est écoulée en chute d'eau sur les instruments et sous les cris de la foule. Un concert introspectif et contemplatif pour Crumb qui ouvre cette soirée dans la douceur.

On s'éloigne vers la petite scène pour rejoindre la fabuleuse Kate Stables et son groupe This Is The Kit, avec notamment Rozi Plain à la basse. Sa musique rythmée et enivrante est un vrai délice pour les oreilles, d'autant plus dans ce cadre bucolique pour un concert de festival où chacun a néanmoins son espace vital autour de lui. La voix paisible et murmurée de Kate s'accompagne de son banjo sur Off Off On, empreint d'une mélancolie à fleur de peau. Les mini-notes de guitares s'enchaînent sur No Such Thing alors que le groupe reprend les chœurs. This Is The Kit parvient à la fois à nous captiver et à nous faire remuer. Une ambiance hors du temps s'installe, avec Kate qui dégage tellement de joie de vivre et de vibes positives hyper contagieuses que le sourire arrive forcément, tout comme l'énergie pour le reste de la soirée. Le groupe de Bristol est toujours aussi charmant en concert.

Retour sur la grande scène pour l'un des nouveaux groupes anglais les plus en vue du moment : The Last Dinner Party. Les cinq londoniennes pétillent sur scène avec leurs pop-songs efficaces, portées par la voix puissante de la chanteuse Abigail Morris et son tshirt "Us Hardcore Punk", jamais à cours de chorégraphies et d'énergie. Bercé par des notes de synthés vintage, le groupe fait parfois des sauts dans les 80's avec ce petit côté Kate Bush assumé et ses textes féministes. Alignées à l'avant de la scène, The Last Dinner Party ont l'air très heureuses de jouer et leur sourire est communicatif. Elles nous gratifient d'une reprise de Wicked Game de Chris Isaak avant de terminer sur le tube Nothing Matters qu'elles reprennent toutes en chœur. Un beau moment de fraîcheur que ce concert dansant à souhait.

La soirée continue avec Tropical Fuck Storm, groupe de noise rock australien tout en puissance. Avec ses assauts de guitares déstructurées, le groupe semble toujours jouer à fond sans variation ou pause, ce qui donne un sentiment brouillon à l'ensemble. L'intensité ne retombe jamais avec des assauts punk portés par une guitariste, une batteuse et une bassiste à l'énergie de piles électriques. Puissance et violence sont de mises dans leur son dissonant et aveuglant. Les pédales d'effet sont mises à rude épreuve tandis que le public s'abreuve dans la danse et le pogo. Une tempête est passée sur Porto.

Terminons la soirée dans la douceur avec la tête d'affiche Lana Del Rey, attendue comme une déesse par des fans portant des t-shirts à son effigie et croisés toute la soirée. La diva apparaît dans un nuage de fumée, avec son personnage qui n'a pas bougé depuis la dernière fois que nous l'avions aperçue en 2012. La voix posée et grave fait toujours son effet avec des compositions émouvantes qui imposent le silence dans une assistance géante de festival. L'américaine nous surprend d'entrée avec une reprise de Doin' Time de Sublime, dont les fans du groupe californien nous feront part de leur stupéfaction. Elle enchaîne avec le tube Summertime Sadness, repris en chœur par le public. Marchant lentement de droite à gauche de sa scène à l'installation et lightshow géants, Lana descendra vers les premiers rangs à plusieurs reprises, obligeant la sécurité à quelques prises de judo improvisée sur les fans. Elle interprète notamment Born To Die agrippée aux barrières d'avant de scène pour « take a walk on the wild side ». On retiendra évidemment un rappel en communion sur Norman Fucking Rockwell et Video Games, ultime tube sous forme de fan service.

Voilà une deuxième journée avec des concerts au ralenti, comme posés dans l'herbe du parc portugais. This Is The Kit restera comme le moment magique de cette journée, mais nous n'oublierons pas The Last Dinner Party et le final en bain de foule sur Lana Del Rey.
artistes
    André Henriques
    This Is The Kit
    Tirzah
    Tropical Fuck Storm
    Crumb
    Lana Del Rey
    Milhanas
    The Last Dinner Party
    Lambchop
    Máquina
    Mutu
    Samuel Úria
    Wolf Eyes