Avec Stargazing For Beginners, Pale Seas nous offrent un superbe album, entre folk atmosphérique, psychédélisme échevelé et ballades éthérées. Un disque remarquable, sans doute l'un des meilleurs albums de cette année 2017. Rencontre avec les membres du groupe à Paris, une ville qu'ils apprécient particulièrement.
Le groupe s'est formé il y a six ans et vous n'aviez jusqu'à présent sorti que des EPs ou singles. Pourquoi un temps si long avant qu'un album ne voit enfin le jour ?
Il y a plusieurs raisons. Nous avions enregistré un album mais nous pensions que ce n'était pas le moment. Ensuite, il y a eu des changements dans le groupe. Nous avons un nouveau batteur et notre son a évolué vers quelque chose de plus puissant. Nous avons voulu attendre le bon moment, celui où nous aurions une vision collective des choses.
Est-ce que les critiques positives de vos précédents titres vous ont aidés à grandir ?
Je ne sais pas. Cela nous a fait plaisir bien sûr, mais difficile de savoir si cela nous a aidés à grandir ou non...
On trouve de nombreux styles musicaux dans votre disque, de la brit-pop, des trucs psychédéliques, d'autres plus folk. Vous êtes très éclectiques dans vos goûts musicaux ?
Nous venons tous de backgrounds musicaux différents. Forcément, cela se ressent musicalement. Certains d'entre nous viennent de la scène garage, d'autres de la scène psychédélique..
Comment passez-vous de titres très évidents comme Someday à d'autres plus complexes comme Stargazing For Beginners ?
Someday est le dernier titre que nous ayons enregistré pour l'album. Du coup, la tension était retombée. Cela a donné ce morceau très énergique, comme pour fêter la fin de l'enregistrement. Stargazing For Beginners vient d'un processus d'écriture bien plus long. Nous avons joué et rejoué le morceau des heures durant avant d'arriver au résultat final.
Le disque est complexe, kaléidoscopique mais forme au final un ensemble cohérent...
On est contents que tu dises cela. L'ADN du groupe est ainsi. On a voulu sortir un disque comme on le faisait dans les années 60 ou 70, lorsque les titres formaient un tout. Un disque est comme un voyage et on l'a pensé ainsi.
Vous sonnez plus américain qu'anglais à mon sens...
Nous sommes, pour certains d'entre nous, plus branchés rock US que pop anglaise. Nous aimons Elliott Smith et Neil Young. Nous avons aussi des influences west-coast...
L'harmonie est la chose la plus importante en musique.
On sent qu'il y a eu un travail important sur le voix également...
C'est comme cela que tu captes les gens. Nous voulons des voix très directes. L'harmonie est la chose la plus importante en musique. Quand tu la trouves, tu as presque tout déjà.
Vous venez de Southampton. La ville influence-t-elle votre musique ? Le fait que ce soit un port, notamment ?
Du premier au dernier morceau, le feedback des guitares fait penser aux vagues. Jacob, qui est chanteur et guitariste, a grandi dans un village de pêcheurs près de Southampton où il n'y a absolument rien et où tu sens que les choses resteront ainsi éternellement. Tu as envie de prendre la mer et partir.
Y-a-t-il une scène à Southampton ?
Pendant longtemps, il n'y a rien eu. Il n'y avait que deux groupes un peu connus à Southampton, il y a quelques années de cela. Aujourd'hui, des jeunes montent des groupes ou créent des lieux de concerts. Deux nouvelles salles viennent de s'ouvrir. On sent une certaine effervescence mais c'est tout nouveau.
Vous avez enregistré l'album en face de Southampton, sur l'île de Wight...
C'était génial comme atmosphère. Tu voyais les bateaux en partance. Plein de hippies sont restés là après les festivals des années 70. Tu entends Voodoo Child dans la nuit (rires). On a enregistré aux studios Chale Abbey, lié à notre label Abbey Records. C'est à trois minutes de la mer. On y a passé nuits et jours, totalement isolés, juste concentrés sur la musique. Ils ont été super cool car il est rare de donner deux ans à un groupe comme nous qui n'a encore pas encore sorti d'album. Ils ont beaucoup d'artistes intéressants dans le style folk avant-gardiste.
Il nous a fait évoluer du son lo-fi de nos EPs vers le son plus puissant que nous voulions.
Qui a produit l'album ?
Il y a eu plusieurs producteurs. Paul Butler et Dave Granshaw, mais aussi Chris Potter qui nous a poussés dans une direction plus ambitieuse que celle de nos EPs. Il nous a fait évoluer du son lo-fi de ceux-ci vers le son plus puissant que nous voulions. Il sait exactement ce qu'il faut faire. Il est ultra pro. Nous n'avions jamais connu cela avant. Nous avons travaillé aussi avec Paul mais il pensait partir s'installer aux États-Unis, en Californie. Le troisième producteur, Dave, est l'ingénieur du studio et nous a également beaucoup aidés.
C'est déjà la seconde fois en un mois que vous jouez à Paris. Vous aimez cette ville ?
Si on le pouvait, on jouerait ici toutes les semaines. L'album a été bien reçu dans votre pays et nous adorons la France. Nous reviendrons l'an prochain, sans doute en tête d'affiche.