Devenus des stars outre-Manche suite à la sortie de
Final Straw en 2003, Snow Patrol n'ont jamais réellement réussi à obtenir les faveurs du grand public en France. Longtemps absents des scènes de l'hexagone, c'est dans un Zénith à moitié plein seulement que les cinq britanniques étaient attendus cette semaine après leur dernière prestation dans la salle de l'Olympia il y a deux ans. Un lieu ce soir démesuré à la lumière de leur popularité actuelle mais parfaitement adapté au spectacle offert durant plus de quatre-vingt-dix minutes.

Première partie attitrée de l'ensemble de cette tournée européenne,
Rams' Pocket Radio fait ainsi son apparition sur le coup de 20h. Derrière ce pseudonyme se cache un jeune musicien originaire d'Irlande du Nord, Peter McCauley, accompagné d'une bassiste, d'un guitariste et d'un batteur. Assis face à son clavier au centre de la scène, ce dernier nous renvoie inlassablement vers Keane et Coldplay, voire vers Dan Black d'un point de vue strictement vocal. Sa pop calibrée pour les ondes FM manque d'originalité mais l'aisance du jeune homme et une aptitude certaine à s'attacher la sympathie du public sauvent les apparences alors que la fosse semble progressivement se prendre au jeu, allant jusqu'à l'applaudir avec entrain lors d'une ultime composition teintée d'électronique et renforcée par de multiples percussions. Il en faudra assurément plus afin que Rams' Pocket Radio ne parvienne à se faire un nom, mais cette prestation enjouée aura assurément lancé la soirée sur de bons rails.
Dissimulée jusque là, la mise en scène imaginée par Snow Patrol se dévoile alors progressivement alors que les minutes s'égrainent. Point de décors ce soir, mais un immense écran géant constitué d'innombrables diodes accroché au fond de la scène alors que de nombreux spots lumineux ont été installés. Aucun doute possible, le spectacle à venir s'annonce taillé pour les stades et salles de grandes tailles.
A quelques minutes de l'extinction des lumières, le volume des enceintes de la salle monte d'un cran alors que le
Take Me Out de Franz Ferdinand résonne tel un cri de ralliement. A peine le titre est-il achevé que l'obscurité envahit les lieux, une vidéo d'animation tenant le rôle d'introduction alors que les musiciens prennent place. Sur scène, ce sont pas moins de six musiciens que l'on retrouve aux cotés d'un Gary Lightbody survolté durant les premières minutes du concert, Shauna Tohill, aperçue quelques minutes plus tôt à la basse et désormais affublée d'une belle robe noire, se joignant à la troupe afin d'assurer ponctuellement les chœurs.

Le concert ne déçoit pas : la puissance sonore dégagée par le groupe est à la hauteur des moyens visuels déployés et la setlist, bien que faisant honneur au récent
Fallen Empires, fait la part-belle aux principaux titres publiés par la formation tout au long de sa carrière. Avec
I'll Never Let Go,
Take Back The City et
Hands Open, l'intensité est de mise en début de set, alors que
Run, superbement interprété, apporte une accalmie bienvenue quelques minutes plus tard. En l'absence de Martha Wrainwright, Shauna Tahill mais aussi le guitariste Troy stewart se joignent à Gary Lightbody pour un
Set The Fire To The Third Bar malheureusement sans âme. Tout aussi apaisé,
The Garden Rules s'avère au final dispensable.
A la lumière de ces deux chansons, il est évident que le salut de Snow Patrol passe ce soir plus par le spectacle que l'émotion. Durant
Shut Your Eyes, Gary Lightbody parvient à faire se lever un public parfois trop sage, les « shut your eyes and sing to me » se voyant repris en chœur par une salle enthousiaste avant une explosion de joie légitime pour accompagner les premières notes de l'hymne
Chasing Cars. Les singles s'enchaînent alors, le rythme ne faiblit pas, l'écran géant continuant de mêler vidéos animées, jeux de lumières mais aussi images des musiciens et du public filmés par une dizaine de caméras disposées ce soir sur scène. Pour
Fallen Empires, le groupe délaisse l'électrique au profit de l'acoustique, un banjo et des percussions se joignant aux sonorités électroniques pour le titre le plus atypique de la soirée.
Après
You're All I Have, c'est un rappel plus sage que le groupe accorde à une salle dont la motivation semble avoir été décuplée.
Lifening, en trio dans un premier temps avant l'arrivée de l'ensemble des musiciens, puis
Open Your Eyes et
Just Say Yes parachèvent le succès de Snow Patrol ce soir. De quoi conserver le souvenir d'une belle démonstration de la part de Gary Lightbody et les siens dont le savoir-faire en matière de spectacle tient désormais de l'évidence.