The Wedding Present semblent bel et bien s'être pris de passion pour les tournées en l'honneur de leurs anciens albums : après
Georges Best et
Bizarro en 2010, c'est au tour de
Seamonsters d'être à l'honneur ce soir, dans des conditions un peu précipitées qui n'auront finalement pas un impact important sur la soirée.

Initialement prévu au Point Éphémère, temporairement fermé pour des raisons administratives, c'est finalement la veille que l'information est tombée : le concert de The Wedding Present sera bien maintenu et aura lieu à la Boule Noire, salle relativement appropriée à la musique de David Gedge.
En guise d'apéritif, on nous propose aujourd'hui un groupe tokoyoïte répondant au doux nom de
TOQUIWA et composé de trois jeunes filles visiblement majeures depuis peu et extrêmement ravies d'être invitées à assurer la première partie des Anglais. Dans une entrée tonitruante sur les Klaxons, elles se présentent dans leurs tenues chamarrées : kimono traditionnel pour l'une, petite robe fluo pour l'autre, bandeau à la Rambo pour notre batteuse. Très rapidement, la chanteuse survoltée tombe le kimono pour dévoiler un ensemble flashy collant bien mieux à leur musique vitaminée. Un vent de folie souffle sur la Boule Noire : dans une pop Do It Yourself assumée, les trois japonaises balancent un son brut et punchy qui dynamise d'emblée la salle. Leur reprise de
Kennedy électrisera littéralement l'assemblée. Le sourire vissé aux lèvres et branchée sur le 3 000 Volts, la jeune chanteuse au charisme rayonnant est observée depuis les coulisses de l’œil complice de David Gedge en personne. Une clôture sur une pirouette (au sens littéral) et le tour est joué : TOQUIWA auront suffisamment marqué les esprits pour qu'on se souvienne d'elles pendant longtemps.

Maintenant, finie la rigolade, passons aux choses sérieuses. Ce soir,
The Wedding Present reviennent dans la capitale pour exécuter un concert en l'honneur de leur troisième album :
Seamonsters, même si c'est l'artwork de
Valentina, leur dernier disque en date, qui orne les murs et la grosse caisse de la batterie. Sorti en 1991 sous la houlette du célébrissime Steve Albini,
Seamonsters fait figure de référence, au même titre que
Bizarro, dans la discographie du groupe. Dernier rescapé du line-up originel, David Gedge va donc une nouvelle fois prouver à ses détracteurs que la force de sa musique ne réside en effet en rien dans la technicité mais bien dans l'intensité.
Un début sur une batterie à quatre mains pour
End Credits pour venir nous rappeler que The Wedding Present ont aussi su marquer les esprits par la puissance et l'importance données aux percussions, au même titre que la guitare. Avant de commencer les titres de
Seamonsters, le groupe joue quelques compositions piochées dans son répertoire, dont certains de
Valentina. Alors que les dernières notes de
Sports Car résonnent, David Gedge prend la parole pour se présenter très ironiquement : « We are the semi legendary The Wedding Present ». Pendant
Deer Caught In The Headlights, quelques doutes commencent à nous envahir : Gedge aurait-il perdu sa fougue ces derniers mois ? Le bougre nous fera rapidement ravaler nos questionnements dès
Dalliance, le titre d'ouverture de
Seamonsters. Comme nous l'explique le chanteur en français, désormais, il n'interrompra plus la prestation par ses commentaires et ne parlera pas avant la fin, histoire que nous puissions nous immiscer dans l'univers de l'album sans être dérangés. Une très bonne idée, puisque dès lors, c'est un retour dans les années noisy et sombres qui s'annonce. Quelques accords, une voix au phrasé si peu conventionnel, des paroles déchirantes, tout ce qui a fait le succès de The Wedding Present est ici sublimé dans un album sensuel, émotionnellement fort et porté par des mélodies parfaites.
Peu de surprise à l'horizon mais un moment de grâce avec les dix titres de l'album, un professionnalisme à toute épreuve et une musique qui dépasse les barrières du temps. Encore une fois, The Wedding Present ne nous auront pas déçus.