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Madness

Paris, Trianon - 11 mars 2013

Live-report par Anne-Line

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Onze mars 2013, à quelques jours du printemps, l’hiver fait de la résistance, et c’est sous la neige que les nutty boys (and girls) se rassemblent pour assister au concert des plus fêlés des sujets de Sa Majesté : Madness.

Pour une fois, les pork pie hats et les parkas, habituellement simples accessoires de mode, ont une utilité concrète, en l’occurrence s’abriter des flocons. Si l'on peut très facilement classifier Madness dans la catégorie des groupes nostalgiques (dix albums studio, treize Best Of !), force est de constater que ce soir, le public rassemblé est très hétéroclite : toutes les classes d’âge sont représentées. Des plus jeunes venus avec leurs parents, aux plus anciens casual des années 80, en passant par les plus pointus en musique qui connaissent la réputation en live du groupe londonien. Il faut se rendre à l’évidence : Madness est un groupe universel.

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Lorsque Chas Smash s’avance sur le devant de la scène pour déclamer la fameuse introduction de One Step Beyond, toutes les inhibitions volent en éclat. Que l’on soit un cynique, un nostalgique, ou un touriste, on ne peut que se laisser prendre au jeu. La célèbre reprise de Prince Buster, trente ans après sa sortie et jouée inlassablement depuis par le groupe en live et par les radios et les DJs du monde entier, est toujours aussi entraînante. Pour plaisanter, Suggs déclare : « Bonsoir Barcelone ! » et se fait siffler. La suite du set fait défiler une grande partie de leur Best Of le plus récent, Total Madness, avec les singles historiques Embarrassment, House Of Fun, The Prince...
Le sol du Trianon tremble sous le poids des danseurs déchaînés dans toute la salle, même jusqu'aux balcons pleins à craquer. Mais Madness ont d'autres cordes à leur arc que les tubes ska pour dancefloor. Le morceau My Girl présente leur côté plus pop et mélodique, suivi aussitôt en contrepoint par My Girl 2, extrait du dernier album studio Oui Oui, Si Si, Ja Ja, Da Da. Les morceaux les plus récents se fondent avec une étonnante facilité aux plus anciens, comme par exemple ce Never Knew Your Name qui rappelle Embarrassment. Dans le public, on remarque la présence d'Anglais passablement éméchés (pléonasme ?) habillés intégralement en Fred Perry, s'amusant à crier le nom de leur ville d'origine, mais cela n'a aucune prise sur Madness. Ils enchaînent les odes à la ville de leur coeur, Londres, et ses personnages truculents: NW5, The Sun And The Rain, Bed And Breakfast Man...

Madness font partie de ces groupes qui peuvent se targuer de bénéficier non seulement de l'admiration ou du respect du public, mais aussi de son affection. Cela est particulièrement flagrant lorsqu'ils se mettent à jouer les hymnes Our House ou encore Baggy Trousers. Ces morceaux ont tellement vécu, aux côtés de trois générations de fans, et pourtant le groupe les joue comme si c'était la première fois, avec un enthousiasme intact. Il y a quelque chose d'émouvant à voir ces garçons devenus désormais bedonnants et grisonnants recevoir une telle dose d'amour, un sentiment de proximité renforcé par la relative petite taille de la salle du Trianon. Ils en sont de toute évidence bien conscients, et terminent d'ailleurs leur set avec It Must Be Love.

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Pourtant ils n'ont rien perdu de leur sens de l'humour, en témoigne le moment où, sans raison apparente, le guitariste Chris Foreman se saisit du microphone et entame a cappella une version du morceau (You Gotta) Fight for Your Right (To Party!) des Beastie Boys. Comme diraient les jeunes d'aujourd'hui, « WTF? ». Le rappel commence avec Death Of A Rude Boy, clin d'oeil aux Specials, avant de terminer comme toujours, avec Madness et Night Boat To Cairo. Au stand de merchandising, les fez qui apparaissaient dans le clip se vendent toujours comme des petits pains.

Trente ans après leurs débuts, Madness restent un des groupes les plus chéris du public, et ce n'est que justice pour des musiciens aussi talentueux, dont certaines chansons ont su traverser les années sans prendre une seule ride. L'humour et la gentillesse qui se dégagent d'eux contribuent à en faire l'un des meilleurs groupes live encore en activité. À voir absolument, au moins une fois dans sa vie. On ne résiste pas à Madness.
setlist
    One Step Beyond
    Embarrassment
    The Prince
    NW5
    My Girl
    My Girl 2
    Take It Or Leave It
    Sun & The Rain
    How Can I Tell You
    Never Knew Your Name
    Shut Up
    Bed and Breakfast Man
    Misery
    Leon
    House Of Fun
    Baggy Trousers
    Our House
    It Must Be Love
    ---
    Death Of A Rude Boy
    Madness
    Night Boat To Cairo
photos du concert
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