Kid Karate

Dans le cadre du toujours aussi pointu festival des Nuits de l’Alligator, nous nous sommes rendus à la maroquinerie pour la soirée de clôture de cet événement dédié aux musiques rock, folk et blues.

Quoi de mieux pour que Kid Karate pour la clôture de ce festival itinérant : en effet, le duo Irlandais a la particularité de présenter un alligator sur la pochette de son premier EP Lights Out. Mais ce n’est sans doute pas pour cette raison qu’ils ont été choisis pour accompagner Black Rebel Motorcycle Club lors de leur tournée en France, mais bien plus pour leur prestation remarquée lors des dernières Transmusicales de Rennes. Dans un style proche des grands duos rock de ces dernières années (The Black Keys, The Bots, Blood Red Shoes…), Kevin Breen, chanteur-guitariste, et le batteur Steven Gannon ont pris l’habitude de dynamiter toutes les salles où ils passent. C’est donc bien à deux performeurs que nous espérons bien avoir affaire ce soir-là.



En première partie, devant une Maroquinerie plutôt bien remplie vu l’horaire, il fallait ne pas arriver en retard pour ne pas louper les parisiens de Wall Of Death. Leur set d’une grande efficacité lors de la dernière édition de Rock en Seine explique fortement leur popularité grandissante. Ce sont sur des accords assez blues que le trio commence ce soir là. Passée cette petite intro en douceur, les riffs et les nappes électroniques énergétiques nous emportent immédiatement dans leur univers psychédélique. La rythmique impeccable du batteur apporte une grande densité à leurs sonorités. Les cinq premiers titres sont d’une grande intensité et la voix à la fois légère et aérienne du chanteur rajoute une dose de mélancolie des plus agréables. Chaque titre monte en puissance au fur et à mesure et nous fait oublier que nous avons un groupe français en face de nous. On peut juste leur reprocher une difficulté à faire innover et évoluer leur set. Passées vingt premières minutes totalement enthousiasmantes, la suite se fait un peu monotone et les trois musiciens ne font pas preuve d’une grande énergie, ni communication. C’est assez dommageable car le début de leur show était plein de promesses.



Aussi étrange que cela puisse paraitre, la Maroquinerie se vide considérablement après le set de Wall Of Death. C’est donc devant un public très restreint que Kid Karate fait son entrée sur scène avec le morceau Louder. D’entrée on est impressionné par l’énergie de Kevin Breen, lequel n’hésite pas à traverser toute la salle avec sa guitare au bout de quelques secondes seulement. Ce début tout en énergie nous fait immédiatement penser à Death From Above 1979 avec ce rock simpliste mais diablement efficace. Seulement quelques riffs et des paroles répétées en boucle suffisent à susciter notre intérêt. Tout de blanc vêtu, à la manière de The Hives, le charismatique leader se démène au possible pour réveiller le public quelque peu endormi. Les deux irlandais sont assez impressionnants de maitrise malgré leur jeune âge. Titre après titre, le côté dansant prend le pas sur l’énergie garage, et ce notamment sur leur morceau phare Two Times. Au fur et à mesure, les jeunes femmes se rapprochent au plus près de la scène pour s’en donner à cœur joie sur les rythmiques les plus dansantes. Il faut dire que le chanteur donne de sa personne, se frottant au public à de multiples reprises et faisant preuve de ses grands talents de danseur. Il est bien aidé par son jeune batteur, qui assure une rythmique impeccable donnant à chacun l’envie de se trémousser. Nous regrettons cependant qu’il manque un peu de « violence garage » à leur titre. Leur son se rapproche par moments très fortement de l’electro rock d’un LCD Soudsystem (sur l’entêtant Night Terrors). Il est dommageable que les influences de Death from Above 1979, si évidentes sur disque, ne ressortent pas autant en live. Il manque en effet un peu de puissance électrique.

Malgré cette légère déception, le set, il est vrai très court, passe à une grande vitesse. Nous avons hâte de revoir ce duo prometteur très prochainement. Ils auront sans aucun doute la capacité d’enthousiasmer n’importe quelle foule de festival.