logo SOV

Filthy Boy

Paris, Flèche d'Or - 28 mai 2014

Live-report par Jeremy Leclerc

Bookmark and Share
La soirée du mercredi 28 mai à la Flèche d'Or fut des plus étranges. Trois groupes devaient se succéder sous les chaudes lumières colorées de la scène. Un groupe anglais, Filthy Bos, un groupe belge, The Go Find, et un groupe américain, Hospitality. De ce combat à trois, un seul en est sorti vivant.

SOV

Les Filthy Boy traînent derrière leur apparence de teenagers une mélancolie tenace. Signés sur le label Stranger Records, le même que Lana Del Rey, c'est avec des guitares sombres et un rock des plus bruts que le quatuor s'arrange tant bien que mal de leur condition. Ça ressemble parfois à du Libertines ralenti, ce genre de rock mélodieux, trempé dans un bain de formol, un rock qui aurait pu se retrouver en bande sonore d'une série d'horreur américaine type American Horror Story, ou dans une maison hantée de fête foraine. Chez Filthy Boy, on éteint les lumières, et on danse sur ses malheurs non sans une certaine gaîté sous-jacente que l'on peut entrapercevoir parfois. On serait tenté de douter de leur capacité à se hisser jusqu'à un certain niveau musical, mais leurs chansons font preuve de diversité dans la composition. A entendre la voix lancinante du chanteur qui caresse les mélodies, comme le fait Carl Bârat, on se dit que les Libertines ont été parmi les groupes à avoir influencés le quatuor. On pense aussi à Alex Kapranos de Franz Ferdinand. Il n'y a pas encore grand monde dans la salle, et c'est bien dommage car, à partir de ce point, ce fut le début de la dégringolade...

SOV

Le deuxième groupe à monter sur scène a plus de membres dans son équipe que de fourmis dans une fourmilière. Évidemment, j'exagère un peu, on a là une formation à la Arcade Fire. A la différence des Canadiens, The Go Find jouent une électro-pop sucrée-salée douce-amère, qui ne prend pas du tout du côté de ceux qui n'en avaient jamais entendu la moindre note. A froid, dans la tranquillité de son chez soi, le groupe délivre quelques mélodies douces et éthérées enveloppées dans la douceur de nappes électroniques. Mais voilà, en live, les instruments s'additionnent à un point tel que l'on ne s'y retrouve plus. Tout se ressemble et se conglomère en une bouillie sonore assommante et ennuyeuse. Mais il serait injuste de réduire ce groupe à un seul avis péremptoire probablement lié à l'équipement sonore et à la salle, peu adaptée à leur musique. Sur album, la production fait honneur à leurs chansons, notamment Japan dont la naïveté et la mélancolie nocturne méritent que l'on s'y attarde, malgré une similarité assez flagrante avec le dernier disque d'Arcade Fire.

SOV

Hospitality se souviendront longtemps de cette nuit-là où rien ne leur a réussi. Entre problèmes techniques et démonstrations musicales foireuses, le groupe n'aura pas été gâté. Un euphémisme vu leur prestation des plus gênantes. Après deux ou trois chansons, voir le batteur passer à la guitare est incompréhensible. Toute l'équipe ou presque semble jouer au jeu des chaises musicales, personne n'a de place fixe, on se dit que ce groupe est un groupe d'amateurs. La guitare de la chanteuse ne donne plus de son, un problème de câble ? on s'arrête de longues minutes durant pour demander si quelqu'un a une guitare pour dépanner. Tout cela est dit sur le ton de l'humour, mais le malaise est prégnant. Ajoutons à cela la voix désastreuse de la chanteuse et on obtient un cocktail parfait qui vous donne envie de quitter la salle pour aller voir si l'herbe n'est pas plus verte ailleurs.
Mais rétablissons la vérité. Avis aux amateurs d'indie-rock US : si la prestation du groupe est mauvaise, malgré les efforts vains du batteur blond devenu guitariste, leur album sorti en 2013 Trouble vaut l'écoute. Going Out transpire la moiteur d'une après-midi de printemps, quand la pluie s'abat sur l'asphalte brûlant et que déjà elle laisse place aux éclaircies. La voix de la chanteuse semble mieux travaillée, mieux placée que ce soir sur scène.

Ce fut une soirée étrange à la Flèche d'Or. De celles qu'on aimerait oublier, mais que certains n'oublieront pas.
setlist
    Non disponible
photos du concert
    Du même artiste