Le festival Villette Sonique présentait le week-end dernier une triple affiche psyché-shoegaze avec
Hookworms,
Loop et
Slowdive. Un groupe en activité depuis quatre ans contre deux formations sur le retour. Autant dire que cette soirée s'annonçait comme un mélange de découverte et de nostalgie.

Honneur aux plus jeunes pour démarrer.
Hookworms, quintet de Leeds, attaque son set puissamment. Le krautrock déversé par les deux guitaristes et le bassiste viennent compléter l'exercice stupéfiant d'un chanteur habité. Celui-ci rugit comme un diable sur les rythmes hypnotiques et répétitifs produits par le groupe. Solides sur scène, les anglais enchainent morceaux sur morceaux. En effet, chaque chanson se conclut par une forme d'interlude musical s'apparentant la plupart du temps à quelques larsens de guitare.
Hookworms joue vite et fort et à plusieurs reprises, le staff est obligé de venir refixer la batterie. Sans énormes variations musicales du début à la fin de leur concert, les britanniques rendent le public addictif à leurs mélodies psyché seventies. On pense à
Neu,
Can, voire
Stereolab à leurs débuts principalement pour certains passages de claviers. Le groupe semble sous tension permanente et exécute simplement sept chansons pour quarante-cinq minutes de set, donnant par là un premier coup de chaleur dans cette soirée.

Puis ce sont les vétérans de
Loop qui leur enchainent le pas. Vingt-quatre ans après son dernier passage à Paris, le quatuor londonien emmené par Robert Hampson fait donc son grand retour dans la capitale. Musicalement très proche de l'univers des
Spacemen 3, le psychédélisme est de rigueur dans la Grande Halle de la Villette. Si le leader du groupe manifeste un plaisir certain de se retrouver sur scène, son bassiste passera lui l'intégralité du set dos au public. Attitude un peu dédaigneuse qui peut rappeler celles des frères Reid à la grande époque de The Jesus And Mary Chain. Mur du son du son et avalanche d'électricité à coup de guitares wah wah, Loop ne font aucune concession tout au long du concert. Le set se partage entre chansons de leurs trois albums. Aucune nouvelle composition ne venant s'insérer dans la setlist du groupe depuis leur reformation en 2013. Finalement moins intéressants que leurs compatriotes de Hookworms, Loop nous laissent un peu sur notre faim au bout d'une heure de concert somme toute un peu rébarbative.

Le moment tant attendu de cette soirée va fort heureusement nous faire oublier la petite déconvenue que nous venons de connaître. En effet, la joie de retrouver les cinq membres de
Slowdive sur une scène parisienne relevait du rêve il y a encore peu. C'est donc pour notre plus grand bonheur que les anglais de Reading démarrent leur set avec
Slowdive. Lumières minimalistes de mise et guitares célestes, le groupe n'a pas changé d'un iota musicalement depuis sa séparation il y a dix-neuf ans de cela. Certes Neil Halstead n'était alors pas barbu et Rachel Goswell n'arborait pas à cette époque de tenue pailletée, mais peu importe, replonger de la sorte dans les mélodies shoegaze qui ont nous ont bercé pendant de longues années restera une expérience sans précédent.
Tout comme avec Loop, aucune nouvelle chanson ne trouvera sa place dans la grosse dizaine de titres joués sur scène hier soir. Le groupe nous offre un
Catch The breeze de très haute volée, un
Alison tant espéré, suivi d'un
Morningrise particulièrement réussi. Rachel Goswell, sourire aux lèvres, nous ensorcelle de sa voix éthérée. Le concert passe trop vite et le groupe achève son set par la reprise du
Golden Hair de
Syd Barrett. Un petit encore sous la forme de
40 Days et l'heure et quart passée en compagnie de la formation probablement la plus attachante du shoegaze doit déjà s'achever.
Les étoiles ont brillé de tous leurs feux hier soir près de la Porte de Pantin. La tête remplie de souvenirs, rêvons encore un peu à la magie de ce moment.