Pour fêter leur 30 années d'existence, le Festival les inRocKs change (à nouveau) de crémerie. Exit la Cigale ou la Boule Noire et direction la Gaieté Lyrique (et le Casino de Paris) pour quatre jours de concerts, mais également de fooding, projections et clubbing.
Dans ce temple arty un brin « dessus du panier », le parcours se décompose sur deux étages et trois bars fooding et, forcément, essaime un public déjà peu ardent. Des rencontres avec des écrivains (Delphine de Vigan, Simon Liberati, Will Self...), des artistes (Xavier Veilhan venu « restituer » son expérience à la Biennale de Venise), des avant-premières de films (The Florida Project de Sean Baker), et des showcases avec Nouvelle Frontière ou Hyacinthe, le festival fait dans l'éclectisme et l'art de niche...
L.A Salami (ndlr : une contraction de Lookman Adekunle Salami, son état civil) est un artiste anglais qui n'a aucun lien de parenté avec une ville de Californie. Découvert en 2012 en ouverture de Lianne La Havas, il fait vraiment parler de lui en 2016 avec
Dancing With Bad Grammar, un album aux accents folk US que certains compareront à Neil Young ou Joni Mitchell pour son écriture profonde et son phrasé planant (ou l'inverse). Dans une ambiance encore fraiche, la scène principale de la Gaieté Lyrique est encore en préchauffage après la prestation honnête, mais peu enflammée, de ce jeune artiste qui, à force de travail, pourrait bien devenir un nouveau Bob Dylan made in UK.
Otzeki, dont le nom de scène laisse libre court à un concours d'idées entre spectateurs et entre deux plateaux, n'est pas un groupe issu de l'Empire Austro-Hongrois. Il est animé par Joel et Mike, deux cousins originaires d'Angleterre et qu'on a pu découvrir en France au Printemps de Bourges en 2017.
Avec un combo machines/guitare-voix dont les beats se calquent sur des tempos de pulsations cardiaques au ralenti, Otzeki vont faire grimper de belle manière le rythme sanguin d'une Gaieté Lyrique un peu anémique. Sur une coloration électronique programmée par Joel qui emprunte à Massive Attack sous perfusion de Xanax, Mike envoie des riffs lourds et assure le show avec une énergie bienfaisante. Passant de la scène au centre de la foule et se payant le luxe d'investir la régie son, debout sur un flycase branlant sous son poids (une initiative qui ne fera pas du tout rire l'ingénieur du son), Mike détonne et donne une nouvelle dimension à des compositions comme
Falling Out ou
True Love. Avec un ton de voix se rapprochant d'un George Ezra sous amphétamines et des compositions minimalistes, mais qui envahissent tout l'espace en live (bien plus qu'en version studio), Otzeki vont marquer le public de la Gaîté Lyrique et quelques points dans l'esprit de celles et ceux qui les découvrent ce soir.

Tête d'affiche de la soirée, pour ne pas dire du festival, les
Django Django s'annoncent déjà comme des routiniers de l'étape puisqu'ils y étaient déjà programmés en 2010 et 2011. Venus défendre leur troisième album,
Marble Skies, après des années de concerts qui ont laissé le groupe aphone et en manque d'inspiration, Django Django nous refont le coup de la pop graphique, tantôt soporifique tantôt hallucinogène et des projections vidéo psychédéliques. N'arrivant pas à se renouveler au fil des années, le style de Django Django ne surprend plus et pour celles et ceux qui ont déjà vu le groupe sur scène, ce live ressemble ne différera en rien des précédents. Si
Marble Skies est de bonne facture, musicalement parlant (on y retrouve Anna Prior de Metronomy), ses titres ne se hissent pas à la hauteur de leur hit,
Waveform, dont l'interprétation à rallonge (sept minutes) agrémentée de percussions doublées puis triplées restera le point d'orgue de leur show à la Gaîté Lyrique.