Il fut un temps où The Vaccines balançaient, en 84 secondes chrono, des titres jouissifs, urgents et aux accents Ramonesques (plus que romanesques) comme
Wreckin'Bar (Ra Ra Ra), marquant ainsi le renouveau du rock indé urgent dans la continuité de leurs ainés et avec la candeur et l'éclat de leurs vingt ans. S'ensuivit une période dorée pour le groupe londonien entre 2011 et 2015 et les albums
What Did You expect From The Vaccines?,
Come Of Age et
English Graffiti.
Puis, Pete Robertson quitta le groupe, remplacé par Yoann Intoti à la batterie ; puis, un clavier – que certains qualifieront de superfétatoire – (Tim Lanahan) se greffa au quatuor ; puis, vint l'album
Combat Sports, le mal nommé empreint d'hommages plus ou moins assumés à Todd Rundgren ou Genesis...

En cela, la mise en scène et le line-up affichés ce soir à l'Alhambra de Paris ne contrarieront pas la nouvelle ligne suivie par Justin Young et son groupe. Un Alhambra « sold out » accréditant les nouvelles sonorités et la nouvelle attitude glamour rock défendues par The Vaccines depuis
Combat Sports.
Sur un Dancing Queen d'ABBA joué tambours battants en piste d'ouverture (!) et sous le lettrage pailleté de fond de scène (assorti à l'habillage de la batterie de Yoann Intoti), The Vaccines pénètrent sur scène sous les coups de 21h avec une tendance assumée au rétro, à la frontière du cliché. Árni Hjörvar, qui a toujours nagé à contre-courant des modes et des tendances capillaires ou vestimentaires, remportant, à lui seul la palme d'or du kitsch.
Tandis que résonnent, de façon salutaires les riffs punchy des titres,
Wreckin'Bar (Ra Ra Ra) ou
Post Break Up Sex (évoqué de façon nostalgique par Justin Young qui rappellera l'importance du premier concert parisien de son groupe en 2010 à la Flèche d'Or) joués en tout début de set, ce sont des centaines de groupies issues de la génération Z qui, poitrines en avant et smartphones devant les yeux, gigotent et s'agitent, le regard vacillant dans leurs objectifs. Justin Young et Freddie Cowan forment la ligne de mire d'un peloton de tireuses d'élites tout juste majeures.

De là à parler de
Teenage Icon... C'est oublier que l'autre moitié du public est composé d'un parterre très hétéroclites, que ce soit en terme d'âges ou de provenances culturelles (que l'on définit, facilement et très subjectivement, par leurs looks et attitudes respectives) et très remonté par l'absence de bar, incompréhensiblement fermé dès le début du concert, à la demande de la production...
Faisant la part-belle aux titres de leur dernier opus, The Vaccines font le show. Justin Young n'a jamais eu de difficultés à communiquer avec son public ou à mettre en avant ses comparses. Sans fausses notes, d'une attitude irréprochable et avec une énergie, jusqu'alors, jamais démentie, The Vaccines vont offrir à un public acquis un set de plus de vingt titres, de très bonne tenue, mais tellement attendu, voire désuet.
Comme le disait, non sans humour, l'Express début 2018 : The Vaccines sont ils (encore) obligatoires ?