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The Twilight Sad

Paris, Point Éphémère - 10 novembre 2018

Live-report par Louise Beliaeff

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La queue devant le Point Ephémère s'allonge à l'infini et les portes n'ouvrent toujours pas. Un petit souci technique retarde l'entrée du public mais il reste vaillant et attend sans sourciller le long du quai du Canal Saint-Martin, quitte à se geler les orteils.

La venue des Écossais de The Twilight Sad, deux ans après leur dernier show en première partie de The Cure, n’est pas passée inaperçue. Les 300 places se sont écoulées comme des petits pains. Comment tout ce monde peut entrer dans les 160 mètres carrés de la salle de concert ? Lorsque les portes s’ouvrent enfin vers 20h30, Michael Timmons est déjà sur scène. Le jeune musicien originaire de Glasgow ouvre la tournée européenne de The Twilight Sad. Seul avec sa guitare, porté par une reverb très poussée, auréolé de douces lumières, Michael Timmons dévoile plusieurs morceaux issus de son premier album, Bone Coloured, sorti le 23 février dernier. Lentes, calmes, ses compositions ne chauffent pas réellement la salle mais parviennent à attirer son attention, et à faire silence.

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C’était le calme avant la tempête. La délicatesse de Michael Timmons laisse place aux décibels de The Twilight Sad. Un grand écart sonore et atmosphérique. Les cinq membres du groupe écossais entrent en scène dans un épais brouillard. Des spots verts les éclairent par le fond de la scène. On ne distingue alors que des silhouettes plutôt inquiétantes. Cette ambiance nébuleuse va les envelopper pendant tout le show. Les premières notes de There's A Girl In The Corner, morceau issu de leur quatrième album adoré, Nobody Wants To Be Here And Nobody Wants To Leave, résonnent tout à coup dans le Point Éphémère. Le public ne regrette visiblement pas d’avoir attendu des minutes dans le froid. Le visage de James Graham se détache alors, ses quatre acolytes (Andy MacFarlane, Johnny Docherty, Brendan Smith et Sebastien Schultz) restent dans les nuages.

Fidèle à sa réputation, le chanteur entre dès les premières minutes du set dans une transe agonisante. Micro pointé vers le ciel, bras écartés, James balance de droite à gauche. Son visage se déforme sous la grimace, il semble souffrir, se battre contre ses démons. Il chante comme si sa vie en dépendait, parfois au péril de la justesse de ses notes. The Twilight Sad alternent des morceaux de leurs quatre premiers albums avec des titres de leur prochain LP, It Won/t Be Like This All The Time, dont la sortie est prévue pour janvier prochain. Leur son froid et massif sature chaque centimètre carré du club. Sebastien Schultz malmène sa batterie. Sur certains coups de caisse claire, James Graham sursaute, comme électrocuté (Last January). La salle aussi, est électrisée. Lorsqu’il remercie le public en roulant ses « r », les fans jubilent.

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Le show dégage une impressionnante énergie tout comme une étrange froideur. Le groupe forme une entité respirant et exultant dans un même souffle. Les musiciens, tous positionnés autour de la danse macabre de James, ne communiquent pas visuellement entre eux. Et puis à quelques instants, entre deux refrains torturés, des rayons de lumière transparaissent. L’espoir perce et notamment sur les nouveaux titres du groupe : I/m Not Here [Missing Face], VTr. La musique de The Twilight Sad ne serait-elle donc pas que souffrance et brutalité ? Sans doute un brillant mélange des contraires. Cette ambiguïté s’illustre à la perfection sur Cold Days From The Birdhouse. Un début étrangement doux débouche sur un mur de son accablant.

Le groupe préféré de Robert Smith risque de surprendre ses adorateurs en janvier 2019. Leur musique, noire et viscérale, se tournerait-elle vers une forme d’espoir et de clarté ? Un oxymore séduisant entraperçu ce soir au Point Éphémère.
setlist
    There's A Girl In The Corner
    That Summer, At Home I Had Become The Invisible Boy
    Don't Move
    I/m Not Here [Missing Face]
    Last January
    The Arbor
    Reflection Of The Television
    VTr
    It Never Was The Same
    The Wrong Car
    Keep Yourself Warm (Frightened Rabbit cover)
    Cold Days From The Birdhouse
    And She Would Darken The Memory
photos du concert
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