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Razorlight

Paris, Bataclan - 2 février 2019

Live-report par Simone Minet

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Ça faisait longtemps ! Après un hiatus de dix ans, Razorlight ont marqué leur come-back en 2018 avec un nouvel album, Olympus Sleeping. Samedi dernier, ils se sont arrêtés à Paris pour fêter ce retour avec leurs fans français au Bataclan.

Dès leur entrée en scène, les musiciens annoncent le ton de leur concert avec une entrée des plus énergétiques sur Rip It Up et nous plongent au milieu de leur univers rock indé qui a fait leur succès dix ans plus tôt. Avec In The Morning et Keep The Right Profile, Razorlight enchaînent avec deux tubes de leur album éponyme de 2006, avant de présenter avec Brighton Pier le premier morceau de leur nouvel album. Le public réserve un accueil très positif à cette nouveauté et commence à bouger davantage, avant d'être contaminé par la bonne humeur de Midsummer Girl et son groove eighties.

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Golden Touch est le premier véritable moment fort du concert où l'on ressent l'excitation du public. Même 15 ans après la sortie de la chanson, tout le monde connaît le texte par cœur. Vers la fin, les lumières s'allument dans la salle, Razorlight arrêtent de jouer et le public termine la chanson tout seul en chantant à l'unisson.

La magie opère et on se sent tout d'un coup propulsé au début des années 2000, l'âge d'or du rock indé à l'anglaise. L'époque avant Spotify et Deezer, quand chaque sortie d'album était un événement tant attendu et qu'on s'échangeait des CD dans la cour de récré. Ce soir-là au Bataclan, on pourrait effectivement se croire en 2004, s'il n'y avait pas ces écrans de smartphones partout qui filment le concert comme pour arrêter le temps et immortaliser à jamais l'instant présent - ou simplement pour le poster sur les réseaux sociaux.

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Magie ou non, le présent finit toujours par nous rattraper. C'est ainsi que les aléas de la technologie brisent pendant un court instant l'ambiance euphorique quand Johnny Borrell s'apprête à jouer Can't Stop This Feeling I've Got : un échange de guitares raté, un câble mal branché, un micro tombé par terre, un technicien présent sur scène – un moment d'hésitation et de confusion qui est sauvé uniquement par les performances du batteur et du bassiste qui arrivent à maintenir le rythme et la tension auprès du public.

Souvent, ce sont ces petits moments de faiblesse qui rendent un groupe sympathique et humain, qui permettent de créer de la complicité. Mais on regrette que Razorlight n'aient pas joué davantage cette carte. Aucun commentaire, aucune petite blague ne vient détendre l'ambiance. Il va falloir attendre encore deux chansons jusqu'à ce que Borrell prenne la parole pour la première fois, au bout de neuf titres tout de même. Il s'exprime en français, ce qui fait presque oublier son manque de spontanéité sur scène.

Avec Before I Fall To Pieces et Who Needs Love aux sonorités sixties, le groupe anglais mise de nouveau sur des valeurs sûres de son album éponyme qui leur a valu une reconnaissance mondiale. Avant d'entamer Stumble And Fall, issu du Up All Night de 2004, Johnny annonce : « Nous aimerions jouer une chanson très ancienne, si vous êtes d'accord ». Le public acquiesce avec enthousiasme : bien sûr qu'on est d'accord, tout le monde est venu spécialement pour les anciennes chansons emblématiques du groupe.
Même si les nouvelles chansons s'intègrent très bien dans l'ensemble de la performance, ce sont celles de 2004 et de 2006 qui ont le plus d'effet sur les personnes venues revivre quelques-uns des bons moments qu'elles ont pu passer en compagnie de la musique de Razorlight une décennie plus tôt.

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La suite du concert se déroule avec la même énergie brute, alternant à parts égales des chansons de trois de leurs albums. Un tiers des chansons est issu de leur nouvel album Olympus Sleeping, un tiers de l'album éponyme à succès, et un tiers de leur début Up All Night. Mention spéciale à Wire To Wire, dernière chanson jouée avant le rappel et la seule issue de Slipway Fires (2008). L'interprétation délicate de cette chanson plus calme que les autres est particulièrement réussie.

Pour le rappel, Razorlight reviennent en force avec leur single Got To Let The Good Times Back Into Your Life et le pas moins entraînant Carry Yourself. Le quatuor prouve ainsi que sa recette fait toujours son effet : des riffs entraînants et des refrains qui restent dans l'oreille. A ce stade, Johnny est en sueur comme s'il avait couru un marathon. Les fans, de leur côté, transpirent un peu moins, car malgré l'enthousiasme apparent, les gens ne dansent que timidement.
Pour finir en beauté, le concert se termine avec l'inévitable tube America. Un choix cohérent mais peut-être trop prévisible, trop facile. Razorlight décident de clore leur concert avec une valeur sûre, ce qui caractérise par ailleurs assez bien l'ensemble de leur prestation : une recette musicale qui fonctionne, peu de surprises et pas de prise de risques.

Tout compte fait, ce retour du quatuor britannique au Bataclan était une performance solide, mais pas exceptionnelle. Au bout d'exactement une heure et demie de set, Razorlight quittent la scène sans commentaires et on ne regrette qu'à moitié de quitter l'année 2004 pour retourner en 2019.
setlist
    Rip It Up
    In The Morning
    Keep The Right Profile
    Brighton Pier
    Midsummer Girl
    Golden Touch
    I Can't Stop This Feeling I've Got
    Japanrock
    In The City
    Before I Fall To Pieces
    Who Needs Love?
    Razorchild
    Stumble And Fall
    Vice
    Los Angeles Waltz
    Olympus Sleeping
    Wire To Wire
    ---
    Got To Let The Good Times Back Into Your Life
    Carry Yourself
    Somewhere Else
    Sorry?
    Hold On
    America
photos du concert
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