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The Big Moon

Paris, Backstage by the Mill - 6 décembre 2023

Live-report par Jordan Meynard

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Les fêtes de fin d'année approchent et le bilan culturel du mandat 2023 commence à se dessiner peu à peu. En attendant que Sound Of Violence dévoile son très attendu « Top de la Rédaction » des meilleurs albums d'une année riche en réjouissances musicales, et pendant que certains inondent les réseaux sociaux de leurs rétrospectives Spotify, il est déjà facile de se faire une idée des artistes qui ont su faire main basse sur la playlist du plus grand nombre. C'est sans sourciller que nous pouvons affirmer que le groupe The Big Moon fait partie de cette catégorie avec la publication de son magnifique troisième album, Here Is Everything. Nous étions donc impatients de les voir sur scène ce mercredi 6 novembre dans la salle du Backstage by The Mill (O'Sullivans) à Paris. Si l'évocation du lieu a fait tiquer la plupart d'entre nous lors de son annonce, nous nous sommes aussi sentis chanceux de pouvoir assister à la prestation du girls band dans une salle à la capacité de seulement 350 personnes - lui qui n'était plus venu en France depuis la pandémie de COVID-19. Nous nous étions donc imaginé des retrouvailles chaleureuses, comme sait si bien le faire le pub irlandais, dans une salle ras-la-gueule chauffée à blanc... mais il n'en sera rien.


En effet, entre un choix de salle de seconde main dont personne ne suit vraiment la programmation, des billets assez onéreux et un manque total de promotion en France, la lune sensibilité semble avoir fait mouche, au grand dam du public présent composé de seulement une centaine de personnes. Pas de quoi démonter les quatre Anglaises qui débutent leur set avec une des plus grandes réussites de Here Is Everything, Wide Eyes, qui démontre à elle seule le lyrisme intime de Juliette Jackson et la façon dont le reste du groupe accompagne magnifiquement ses confessions. La chose la plus impressionnante du troisième album de The Big Moon, articulé autour du thème de la maternité de sa chanteuse, est que vous pouvez vous délecter de toutes ses chansons même si vous n'avez jamais vu de bébé de votre vie. La preuve sur scène, lorsque les quatre musiciennes jouent la musique qui accompagne la découverte d'un test de grossesse positif (2 Lines), l'inquiétude noueuse de la naissance (Suckerpunch) ou encore le soulagement euphorique (Trouble). Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'atmosphère de Here Is Everything peut prendre toute sa place dans la salle parisienne tant le public peine à lui répondre, à tel point qu'il se contente d'applaudir poliment chacun des titres.

Là où le premier album du groupe Love In The 4th Dimension (2017) était une joyeuse tranche d'innocence avec une rigueur post-punk indéniable et que Walking Like We Do (2010) semblait tenter de mûrir musicalement au détriment de leur éclat original, Here Is Everything se démarque par une créativité ambitieuse. Un gap qui se confirme lorsque le groupe interprète trois titres plus pop de son plus décrié deuxième album (Barcelona, Don't Think et Take A Piece) avant de faire la part belle à son dernier né (This Love, My Very Best, Ladye Bay) sourires aux lèvres comme elles en sont coutumières. Les faits sont là : si la qualité de leurs compositions semble évidente dans leur version studio, les interprétations en live les font gagner en puissance. Les harmonies vocales assurées par Sophie Nathan et Celia Archer subliment les mélodies en complément d'une Juliette Jackson surprenante d'assurance.


Le dernier tiers du set continue de mettre leurs capacités de chanteuses en avant en interprétant a cappella et bras-dessus bras-dessous le titre Formidable. Il s'en suit deux autres rescapés du premier album Love In The 4th dimension : Cupid, un morceau multicouches superposant un somptueux couplet pop, un pré-refrain débridé et enfin un refrain aux chœurs absolument irrésistibles ; puis Bonfire, l'une des créations les plus incendiaires du groupe avec de nombreux riffs débordant d'intensité sur des rythmes syncopés. Pour ne rien gâcher, le set se termine avec 2 Lines et Your Light qui demeure à date le plus grand tube de The Big Moon.

The Big Moon clôture son set au bout d'une petite heure et sans rappel. Si la bonne humeur des quatre anglaises est toujours aussi palpable, elle brouille aussi les pistes sur leur appréciation de leur performance du jour. Côté public, un certain sentiment de frustration des conditions de ce concert l'emporte sur le fait d'avoir vu un groupe aussi prometteur sur scène. Il faut dire qu'on a davantage l'impression d'avoir assisté au concert de fin d'année du lycée plutôt qu'un des groupes les plus prometteurs d'outre-Manche. On ne boudera pas notre plaisir de faire dédicacer Here Is Everything par les musiciennes dans une salle déserte et d'apprendre de la bouche de la batteuse Fern Ford qu'un prochain passage est prévu dans la capitale parisienne dans un an. Pas dans les mêmes conditions, on l'espère.

setlist
    Wide Eyes
    Barcelona
    Don't Think
    Sucker Punch
    Take A Piece
    This Love
    My Very Best
    Ladye Bay
    Daydreaming
    Formidable
    Cupid
    2 Lines
    Trouble
    Bonfire
    Your Light
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