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The Reytons

Paris, Trabendo - 19 avril 2024

Live-report par Laetitia Mavrel

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Malgré vingt-sept années de concerts au compteur (cessez vos estimations, et la galanterie bon sang !), des milliers d'heures d'écoutes de disques et une carte de presse trouvée dans un paquet de céréales, votre chroniqueuse continue de découvrir encore et toujours des groupes ou artistes déjà confirmés, avec plusieurs albums et bien souvent une petite notoriété. Je vous sortirais bien la carte du « on ne peut pas être au four et au moulin », mais ne pratiquant guère ni l'un ni l'autre, je préfère utiliser mon joker fétiche du « mieux vaut tard que jamais » et vous narrer ainsi ma première rencontre avec The Reytons.

The Reytons est un groupe originaire de Rotherham dans le Yorkshire, formé dès 2017 et composé de Jonny Yerrell au chant, Joe O'Brien à la guitare, Lee Holland à la basse et Jamie Todd à la batterie. Forte de trois albums (Kids Of The Estate en 2021, What's Rock And Roll? en 2023 et Ballade Of A Bystander en janvier dernier), la formation aux classements plus qu'honorifiques dans les charts UK (ses albums s'étant classés dans les dix premières places) n'a jamais atteint les colonnes de Sound Of Violence. Aucun des membres de The Reytons n'ayant eu de démêlés avec notre bien aimé Boss connu dans le milieu de la presse rock sous le tendre pseudo de « Vito Corleone », nous avancerons le fait que la rédaction a durant tout ce temps loin d'avoir chômé en accompagnant tout au long de leur cheminement nombre de jeunes pousses britanniques et irlandaises devenues depuis des valeurs sûres, de leurs premiers pas dans des clubs parisiens à leur consécrations dans les arénas les plus prestigieuses outre-Manche, quitte à pardonner à certaine leurs très mauvais goûts en artwork de pochette de disque à paraître. C'est donc en toute humilité que nous profitons du passage de The Reytons au Trabendo pour nous rattraper de notre absence à leurs côtés.


Direction la Villette en ce vendredi soir sous une pluie torrentielle. Le concert affiche complet mais les caprices de la météo retenant la grande majorité du public au sec, la salle ne se remplira que très tardivement. En attendant, votre chroniqueuse observe les présents pour tenter de déterminer à quel type de fans elle aura à faire. Première remarque : le public est plutôt jeune et semble apprécier les tenues de skateurs. Seconde remarque : il y a pourtant comme un air de déjà vu ou plutôt déjà entendu tant la playlist qui passe dans la salle nous renvoie loin en arrière vers la moitié des années 2000. C'est en effet une avalanche de tubes entendus il y a plus de quinze ans qui nous fait patienter à grand renfort de The Vaccines, The Killers, Arctic Monkeys et autres Tame Impala. Ce petit voyage dans le temps se confirme à l'écoute des premiers titres de The Reytons dès leur entrée sur scène : le style se veut fortement inspiré du skate-punk (ou punk à roulette comme on disait dans mon bahut) des pionniers Blink 182 avec des morceaux « fusées » qui s'enchaînent comme de petits shots survitaminés, avec Jonny Yerrel au chant, micro collé à la bouche et sans instruments, qui ne cessera d'arpenter la scène de droite à gauche et de se rapprocher au maximum du public, ce soir séparé de la scène par une crash barrière, en déroulant vigoureusement son flow mi chanté mi déclamé en direction d'une fosse qui va très rapidement s'animer.

A ses côtés, Joe à la guitare et Lee à la basse, très expressifs et qui assurent également l'animation sur scène, bondissant sans cesse sur place le tout sous un lighshow qui foudroierait n'importe quelle personne sensible aux lumières vives. C'est une orgie de flashlights et de spots fluorescents qui s'abattent sur la scène et dans nos rétines, le tout parfaitement synchronisé avec les riffs de guitares rugissants et la cadence effrénée menée par le jeu de batterie impressionnant de Jamie.


Dans toute cette furie, Jonny prendra le temps à plusieurs reprises pour remercier les présents, nous déclarant sa fierté d'être face à un public aussi massif car se produisant pour la première fois en tête d'affiche dans la capitale. On sent alors l'émotion graduellement envahir ce dernier : Jonny aura à cœur de rappeler la chance pour lui et ses comparses de pouvoir vivre de leur passion, venant tous les quatre d'un petit bled paumé et d'une classe sociale plutôt modeste, tout en continuant de s'auto-produire. Le public semble bien connaître l'histoire du groupe et de nombreux anglais présents dans la salle comblent alors les interludes de « Yorkshire, Fuckin' Yorkshire » de rigueur.

On se laissera donc aspirer dans ce tourbillon de pop-punk un peu brouillonne mais extrêmement jouissive, et on arrivera à sortir du lot malgré tout deux morceaux, Kids Of the Estate et Low Life, entendus au détour de quelques playlists lors des conférences de rédaction, qui nous font mieux comprendre l'engouement du public ce soir. Quelques cinquante-cinq minutes de set et une salle en sueur auront suffi pour rendre cette première expérience avec The Reytons concluante, certes un brin régressive et qui ne restera pas dans les annales des concerts les plus marquants de notre carrière, mais qui nous aura offert un sacré exutoire, parfait pour relâcher toutes les pressions accumulées et ainsi débuter son week-end les batteries totalement rechargées.
setlist
    Red Smoke
    Adrenaline
    Let Me Breathe
    Harrison Lesser
    Market Street
    2006
    Cash In Hand And Fake IDs
    Knees Up
    On The Back Burner
    Slice Of Lime
    Billy Big Bollocks
    Kids Of The Estate
    Low Life
    Uninvited
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