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LICE

Paris, Supersonic - 11 décembre 2024

Live-report par Jean-Christophe Gé

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Ce n'est pas courant sur Sound of Violence, ce soir la soirée est majoritairement française. Certains y verront le signe que la scène rock se développe chez nous, d'autres que les britanniques n'ont plus les moyens de traverser la Manche. Ce sera selon votre niveau d'optimisme en cette fin d'année.

La soirée démarre avec les parisiens d'Elettel Teli, de drôles de loustics. La troupe est composée d'un batteur toqué, d'un bassiste, d'une guitariste qui joue aussi du clavier ou vice-versa, et enfin d'un chanteur en costume orange et à l'occasion agrémenté d'un chapeau tournesol en feutre. Ils proposent un rock bien barré, mais qui heureusement ne tombe jamais dans le rigolo franchouillard malgré leur accoutrement un peu hors du commun.
C'est plutôt la poésie et le surréalisme qui semblent les inspirer. Et peut être le monde animal puisqu'ils ont écrit une chanson sur des méduses camées et deux sur les moustiques. Au moins on sait ce qui les garde éveillés la nuit. Sur une scène plus grande, on les imaginerait bien avec une malle pleine de déguisements et d'accessoires. A la place, ce soir, ils ont invité un trompettiste qui peut faire ce qu'il veut. Il fera tantôt de la figuration, tantôt des solos qui remplacent avantageusement une guitare, donnant une autre touche d'originalité à leur musique. C'est très inspiré, mais encore tout aussi vert même s'ils passent une belle énergie sur les morceaux les plus électriques.
A ce moment de l'article, vous êtes comme le public qui ce soir se demandait ce que pouvait bien vouloir dire Elettel Teli. Même la claviériste devra s'y prendre à plusieurs fois pour épeler leur nom, ce dernier signifiant "plein de vie" en hongrois, une langue décidément pas simple. Comme disent les anglais, leur musique est intéressante, mais le set aurait gagné à être plus court, quitte à finir sur un furieux goût de reviens-y.


Comme si nous faisions petit à petit la route vers Brighton pour aller à la rencontre de LICE, nous remontons de Paris vers Lille avec Dalaïdrama. Dès les premiers accords, leur rock est plus abrasif. Un groupe français qui soigne son look fait plaisir à voir, même si celui-ci est différent des précédents. Le guitariste est assez glamour avec un chapeau de cowboy et un pantalon pattes d'eph, le bassiste a mis une robe tablier par-dessus son jean et le chanteur est en salopette, marinière et casquette. Les logos sont cachés par des sparadraps, mais pas celui des excellents Model/Actriz dont le batteur arbore un T-shirt.
Leur post-punk rappelle un peu celui de The Fall, un rock sec et des chansons qui racontent des histoires. Après un démarrage sur les chapeaux de roues, le rythme retombe un peu à force d'expliquer chacun des titres entre café philo et grands thèmes de société. Le Me Too ou les folies d'Elon Musk enfoncent des portes ouvertes, et je l'espère au Supersonic, prêche des convaincus. Il y a de l'idée et l'envie d'aller à la rencontre du public, et ce sera littéralement le cas lors du dernier morceau, puisque tout le groupe finira dans la fosse, à l'exception du batteur bien obligé de rester derrière ses fûts.


En voyant les membres de LICE commencer à s'ambiancer à côté de la scène sur une boucle électro, on comprend vite que l'ambiance va monter d'un cran. Il ne faut pas se fier à la présence d'une violoniste, leur musique est très bruitiste. Le chanteur beugle plus qu'il ne chante et il a quatre pédales d'effets à ses pieds pour donner à sa voix des aspects de gobelin, rendant leur musique d'autant plus étrange. Mais là où la torpeur pourrait nous saisir, comme cela peut être le cas à l'écoute de leurs albums, les mouvements dégingandés de leur leader font vite comprendre que cette musique se vit et se danse. C'est dans une sorte de danse tribale et cathartique que veut nous entraîner le groupe. Peu importe qu'il soit difficile de savoir de quoi parlent les chansons, l'intention est claire et la communion avec le public se fait peu à peu.


Sans fausse modestie, tout comme The Hives, le chanteur introduit les morceaux comme les meilleures chansons de rock'n'roll extraites du meilleur album de rock'n'roll. Même avec la formule classique guitare / basse / batterie, ici agrémentée d'un violon ou clavier, on ne qualifiera pas leur musique incantatoire de Rock'n'Roll. Ils sont davantage les héritiers d'un gourou complètement frappé que ceux d'un Elvis Presley tout en paillettes. On pense à Liars ou à une version bruitiste de Squid.
Le concert passe à une vitesse folle. Avec seulement deux albums à son actif, le groupe se concentre sur l'essentiel : huit des dix titres de Third Time At The Beach et quatre de WASTELAND : What Ails Our People Is Clear.

Le set est tendu jusqu'au bout, et même si le public est resté relativement sage, on a l'impression d'être passé à l'essoreuse, rincé et la tête vidée.
setlist
    Arbiter
    White Tubes
    Red Fibres
    Wrapped In A Sheet
    Scenes From The Desert
    The Dance
    Persuader
    To The Basket
    Fatigued, Confused
    Mown In Circles
    Deluge
    Conveyor
photos du concert
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