LICE

La scène artistique de Bristol reprend les codes urbains de Londres sans les loyers impossibles et la surexposition médiatique. La ville de Banksy, Massive Attack ou encore Portishead fait aussi dans le rock comme l'ont prouvé IDLES et l'expérimentation hybride avec LICE. Trois ans après un premier album WASTELAND : What Ails Our People Is Clear que nous avions trouvé complexe (ndlr : c'est un compliment), le quatuor nous livre un disque à la folie assumée.

Pour faire un cocktail improbable qui représenterait les codes de LICE, prenez Virgin Prunes pour le côté théâtral, These New Puritans pour le côté expérimental canal musicologie, Einstürzende Neubauten pour le côté expérimental canal industriel et enfin IDLES pour les guitares écorchées. Ces derniers sont les moins ressemblants, mais essentiels pour ne pas se contenter de références plus reconnues que connues. Third Time at The Beach est suffisamment déroutant au premier abord, mais comme une troisième visite à la plage, la raison d'une troisième écoute de cet album est soit que vous y prenez déjà du plaisir, soit que vous voulez y prendre du plaisir, soit que vous n'y prendrez jamais de plaisir mais que vos collocs vous forcent à l'écouter. Dans ce cas, cessez la lecture de cette chronique et préparez votre déménagement.


Vous êtes toujours là ? Merci de votre persévérance. Ce disque, donc, est punk ! Rappelons nous que dès le début les punks traînaient avec des étudiants et étudiantes en art, qu'ils assumaient un snobisme paradoxal qui édicte des règles pour mieux les casser : la culture de la contre-culture. Le communiqué de presse nous apprend d'ailleurs deux choses essentielles : le Financial Times possède une rubrique musique, et il a chroniqué le premier album de LICE. La pingre institution de la City lui a néanmoins décerné une demi étoile de moins que nous.

Dernière clé pour pénétrer les intentions de cet opus, LICE ont voulu comprendre le fonctionnement du monde et, comment nous l'expliquons à travers l'histoire et la science, placent au passage l'art au-dessus ou à côté dette dernière. Ses auteurs décrivent cet album comme "une célébration des sentiments de confusion ou d'intimidation liés aux processus qui façonnent nos vies". Fatigued, Confused dresse en cinq minutes un manifeste tellement cabossé qu'il en est sublime, avec un final tribal, minimaliste et aussi dissonant que mélodique.

Third Time at The Beach est un disque qui mérite les efforts à fournir pour rentrer de dedans et qui se dévoile petit à petit comme une œuvre riche et jouissive.