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Basht.

Paris, POPUP! - 24 octobre 2025

Live-report par Laetitia Mavrel

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Comme nous l'avions annoncé en tout début de rentrée, le marathon des concerts parisiens de cet automne a bien débuté. Dans cette course effrénée, le temps maussade et le changement d'heure viennent en rajouter une couche. C'est donc entre deux cures de vitamine C que nous tentons de faire les bons choix, ceux qui nous permettent d'orienter au mieux notre lectorat vénéré. Cette soirée du vendredi 24 octobre nous déclenche donc un de nos premiers nœuds au cerveau : fallait-il courir au très attendu ARTE Concert Festival à la Gaîté Lyrique pour retrouver entre autres l'excellent come-back des mancuniens de WU LYF ? Se réunir au Supersonic pour faire la fête avec deux excellents crus de cette saison musicale 2025 que sont ELLiS.D et SOLAR EYES ? Ou bien, nous confiner dans notre cagibi préféré au POPUP! pour continuer de mettre en avant l'excellence de la scène rock irlandaise, dont on ne cesse de tresser des lauriers à juste titre dans ces même colonnes ?


La vie, c'est comme une boîte de chocolats, sauf que nous savons lesquels choisir. Il est donc l'heure d'aller à nouveau épouser les murs de la petite salle du POPUP! qui affiche complète pour retrouver Basht., cet excellent quatuor originaire de Dublin, qui nous avait instantanément convaincus lors de son passage à la Block Party de mai dernier, alors au Badaboum. Pour rappel, Basht. (ne pas oublier le point) est constitué de Jack Leavey au chant et guitare, Sam Duffy à la guitare, Louis Christle à la basse et Luke O'Neill à la batterie. Le groupe a sorti un EP White Lies en mai dernier et c'est donc en quasi inconnus que nous les découvrions lors de la Block Party quelques semaines après. Leur rock extrêmement bien équilibré, ni trop post-punk, ni trop rock alternatif, avec une tonalité plutôt sombre porté par le chant tout aussi caverneux de Jack Leavey, fait honneur à la bouillonnante scène dublinoise, comme avant eux dans ce même registre Cardinals.

On retrouve ce soir et de façon étonnante une petite poignée de fans présents, dont quelques jeunes filles en goguette probablement attirées par les nuances qui tendent vers le brun ténébreux de certains membres du groupe. Blague à part, il y a chez Basht. un réel sens de la dramaturgie qui donne aux titres une vraie profondeur. Avec treize morceaux délivrés ce soir sans aucun temps mort, dont deux inédits que nous découvrons en exclusivité parisienne, Basht. font étalage d'un savoir-faire appris sur les bancs de l'école dublinoise, qui a pris sa revanche sur le voisin anglais en matière de guitares et de textes écorchés.


Les quatre musiciens n'ont pas besoin d'un faire des tonnes pour séduire : la solidité de leur répertoire, dont quelques singles particulièrement efficaces tels Vain, Burn, Stockholm ou le très mélodieux Sirens, convainc automatiquement les plus néophytes présents ce soir. Les deux guitares aux distorsions juste ce qu'il faut pour faire trembler le petit club sans l'écraser de façon assourdissante offrent une immédiateté très addictive, et cela sans parfaitement connaitre les chansons. Malgré des conditions plutôt précaires sur la minuscule scène du POPUP!, qui a vu pas mal de débuts tonitruants en son sein avec quelques groupes devenus valeurs sûres chez nous tels DEADLETTER ou Do Nothing pour ne citer qu'eux, Basht. semblent rayonner de plaisir face à l'accueil plus que chaleureux des spectateurs. Entre deux regards froids (la marque du rockeur sombre et ténébreux), c'est bien de grands et larges sourires qui illuminent le visage de Jack Leavey, chanteur guitariste au look encore un brin juvénile mais qui dégage un sacré charisme, celui du musicien qui sait où il va, et qui grâce à son chant qui se fait aussi puissant que sensible, ne laisse personne indiffèrent.

C'est donc l'occasion pour les retardataires d'entendre les premiers singles du groupe parus en 2024, tels Wild Horses, Gone Girl et Dirty White, qui crantaient déjà le groupe dans cette catégorie d'un rock tout en écho et en abysse. Point de fracas de guitares, la tension passe par le chant profond et les mélodies comme douce amères, le groupe évoluant dans des nuances définitivement obscures. C'est pourtant sous un lightshow très vif, fait de rose et de rouge, que nous apprécions ce soir Basht. et ce contraste rend le set d'autant plus excitant.

Une première tête d'affiche parisienne pour cette soirée et un essai transformé pour les jeunes dublinois de Basht. qui participent à la mise en valeur de cette scène qui déborde d'inventivité et de majestuosité. Nous espérons ainsi les retrouver rapidement dans l'Hexagone, sur une scène plus conséquente.
setlist
    Dirty White
    Sacred Heart
    Vain
    Stockholm
    Poor Advice
    Dive
    Moth
    Burn
    Terror TV
    Kids VS Guns
    Wild Horses
    Gone Girl
    Sirens
photos du concert
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