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Tellison
Little Comets

Paris, Maroquinerie - 25 novembre 2010

Live-report par Julien Soullière

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Allez, on éteint la télé, on enfile sa veste et ses moufles, et on presse le pas en direction de la Maroquinerie : une soirée Want Some?, ça vaut bien quelques gerçures sur les lèvres, non?

Les portes de la mythique salle parisienne franchies, chacun se met en quête de son petit coin de paradis : pour certains ce sera le bar, pour d'autres, venus avant tout pour la musique, les abords de la scène. Bientôt pourtant, tous n'auront d'yeux que pour les Tellison, petit groupe londonien bien décidé à marquer les esprits à l'occasion de ce premier passage en France. Et dont acte : les bougres se dépensent sans compter, la sueur au front et le diable au corps. Et tandis que sur scène les guitares virevoltent et la batterie claque à en crever les tympans, le public se désinhibe doucement, s'essayant ici et là à quelques hochements de tête et autres ondulations corporelles. Visiblement ému de l'accueil qui leur est réservé ce soir, le groupe remercie fréquemment le public par l'intermédiaire de son frontman, le tout en lunettes Stephen Davidson, aussi peu à l'aise dans cet exercice de séduction que dans le maniement de la langue française.
L'énergie déployée par cette sympathique formation anglaise, c'est ce qu'on se force à retenir ce soir; car loin d'être parfait, le set de Tellison présente quelques faiblesses évidentes, parfois liées au côté un brin trop sirupeux de certaines compositions, parfois à la direction trop emocore empruntée par les deux chanteurs. Des remarques qui, avouons-le, ne pèsent pas lourd face à la satisfaction que l'on ressent de part et d'autre en fin de prestation.

Il est plus de 21h. Dans la salle, les discussions des uns reprennent, tandis que les verres des autres demandent une fois encore à être remplis. Devant nous, les roadies s'activent, aidés dans leur tâche par des Little Comets très impliqués et apparemment soucieux de se sentir à la Maroquinerie comme à la maison : le sourire en coin, les quatre gaillards se pressent d'étendre d'un bout à l'autre de la scène un long et épais cordage, lequel servira à suspendre tambourin, casserole et crécelle; des instruments de fortune qui resteront au final peu exploités.
Une chose est sure, cette installation faite de bric et de broc sent bon le Michel Gondry. Autre certitude, la musique proposée par le groupe anglais ne manque pas de caractère : puisant aussi bien leur inspiration dans l'hémisphère sud que dans le rock anglais des dix dernières années, les compositions balancées par les Little Comets sont de véritables invitations à la danse; le public ne s'y trompe pas, répondant à l'appel lancé sans difficulté aucune. De quoi réchauffer l'atmosphère et faire oublier le froid hivernal qui nous attend au delà des murs.
Au passage, percevant comme poli le fait de s'exprimer dans la langue du pays d'accueil, le chanteur n'a cesse d'interpeller son public en français, apportant ainsi une touche d'humour bienvenue au sein d'un set stimulant et parfaitement calibré. Les Little Comets ? Quatre garçons dans le vent qui ont du sacrément manqué de soleil dans leur jeunesse pour en mettre autant dans leur musique.

Quelques va-et-vient scéniques plus tard, les Tokyo Police Club font leur entrée sur scène. Le public est là pour eux et le fait savoir à grand renfort de cris et d'applaudissements. Mais malgré la ferveur ambiante et le jusqu'au-boutisme forcené de quelques fans, force est de constater que la mayonnaise ne prend pas. Mais alors pas du tout.
Car à vrai dire, ce n'est pas tout d'avoir un son puissant et l'adhésion quasi-hystérique d'une armada de jeunes filles en fleur, encore faut-il que la musique dégage une émotion particulière. Le problème, c'est que du set de Tokyo Police Club ne ressort que l'ennui. Dans ces conditions, difficile de tenir plus de quelques titres. Nous tirons notre révérence, en espérant être plus séduits par les canadiens la prochaine fois. Si prochaine fois il y a, bien sûr.