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Jonny

Paris, Flèche d'Or - 24 février 2011

Live-report par Olivier Kalousdian

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C’est pas sérieux ! Voilà la réaction première qui vient à l’esprit quand débarque cette formation toute récente, composée d’Euros Childs, leader du groupe Gallois alternatif Gorky’s Zygotic Mynci, et de Norman Blake, leader de Teenage Fanclub.

Deux clowns du rock, au sens le plus noble du terme, assis au bord de la scène avec pour tout instrument ; une guitare chacun et trois claviers, plus portable y a pas ! Ceux d'Euros Childs sont tellement courts qu'une vulgaire planche de bois sur des pieds en X a été ajoutée pour les soutenir. Malencontreusement, et pour continuer dans la farce, Norman Blake a une extinction de voix et ne chantera pas ce soir.
Cet imprévu ne les panique outre mesure ; Norman raconte comment il a perdu la voix et tente même de pousser quelques notes, courageusement, mais non, impossible pour lui de faire autre chose que de raconter absolument n’importe quoi, la voix rocailleuse à la limite de l’écrêtage, en duo avec un Euros qui n’attend que ça ! Ces deux loustics du rock se donnent à cent pour cent dans la dérision et ça fonctionne.
Euros, très tendu sur son siège et la mâchoire imprimant de constants aller-retours de gauche à droite, tape constamment du pied et balance sa tête en avant avec force, tel un Rain Man de vingt-cinq ans qui aurait pris trop d’amphétamines. Seul chanteur leader malgré lui ce soir, c’est une fois qu’il entonne les premières mesures qu’on réalise à quel point il n’est pas nécessaire de se prendre au sérieux pour jouer de belles ballades, parfois psychédéliques, qu’auraient pu interpréter des Beach Boys nés en Angleterre et nourris au Monthy Pithon's Flying Circus !

Ça transpire la bonne humeur, l’enthousiasme, la franchise et l’innocence, tout du moins dans les compositions... Bien sûr, il reste un zeste de Teenage Fanclub sur les titres les plus enjoués et beaucoup de Gorky’s Zygotic Mynci dans le phrasé d’Euros sur les titres les plus psychédéliques, mais avec un soupçon de trémolo et d’assurance dans la voix qui le font monter d’un cran au hit parade des crooners dégénérés. Car ces deux garçons ne peuvent pas être tout à fait sains de corps et d’esprit quand ils nous présentent leurs titres dans des envolées lyriques totalement farfelues et nous présentent leur batteur d’un soir, la Boss DR 55, dite également Dr Rythm ! Une boîte à rythme d’un âge certain et d’une simplicité à toute épreuve. Si bien que les trois ou quatre faux départs de chansons, soit disant orchestrés par cette dernière, seraient plutôt à mettre au compte de nos Laurel et Hardy d’un soir.
Mauvais tempo, mauvaise piste, boite capricieuse…Euros, en charge de la bête charge la mule et nous fait un numéro de ratés qui place tout de suite l’ambiance sous le signe de la bonne humeur. L’air aussi hagard qu’un Alan Vega sur la scène du Roxy un soir de 1978, il possède une voix magnifique capable de monter et descendre les octaves, spécialité du groupe, avec une grande douceur. Il a un je-ne-sais-quoi d’un Scott Walker qui aurait rencontré les Electric Prunes dans l’avion de Richie Valens ! Des mélodies années soixante lorgnant sur la country pour certaines, un piano, une guitare, une boite à rythme et beaucoup, beaucoup de dérision. Le tout mixé de constantes improvisations scéniques, sincères ou préparées, voilà le projet le plus loufoque et solide de ce début d’année.

Jonny c’est de la poésie pop joviale et mélancolique jouée par deux trublions qui font passer la mégalomanie pour une maladie et l’humilité pour une faculté.
setlist
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