Kill Casino

A l’heure où tous les regards se braquent sur les bluettes sirupeuses de la nouvelle vague électropop ou les brûlots urgents du courant rock’n’roll pour et dur, nostalgique des années quatre-vingts, il est une poignée de groupes qui nagent à contre-courant. Le tout jeune trio londonien de Killcasino, sans apporter du sang neuf ni révolutionner la galaxie du rock d’outre-Manche, offre une touche de fraîcheur dans l’univers aseptisé et sans surprise de la mode, prisonnier des codes du moment.

En effet, ici, nous est proposé un premier single très authentique où un rock enlevé, mené tambour battant et aux relents métal, ne tombe pourtant jamais dans le cliché. Stolen Eyes effectue la synthèse parfaite entre la limpidité et la simplicité mélodique de The Ivories, dont l’expérience avortée laisse encore un goût amer, et la détermination et la furie électrique de Obsessive Compulsive, lesquels poursuivent leur itinéraire chaotique dans l’indifférence générale. La face b, Headache, «évoque plus, d epar le chant féminin à l’énergie redoublée, et une production moins acérée, les formations RiotGirl des années quatre-vingt-dix, comme Fluffy.

On se trouve donc en présence d’un combo dont il faudra suivre de très près les productions à venir, dans la mesure où il peut très rapidement devenir le fer de lance d’un courant très underground, peut-être sous-estimé parce que, malgré les bienfaits apportés à la cause par Wendy ‘O Williams et Hole, il y a quelques années déjà, le sexisme ambiant fait qu’on reconnaît encore difficilement un groupe de rock, emmené par une fille, comme digne de ce nom, à moins que celle-ci n’affiche une image glamour. Espérons que, grâce à Killcasino, cette injustice soit rapidement réparée.