Aucune surprise du côté de chez GoodBooks. Après avoir juré fidélité au label Columbia l'été dernier avec
Turn It Back, leur parcours se suit comme dans un livre ouvert, loin des dédales
Danielewskiesques de leurs débuts
.
Les premières lignes de guitare laissent pourtant présager quelque chose de bon, quelque chose de neuf. Comme un croisement bâtard entre
Céline et
Kafka, âpre et direct. Puis vient le sentimentalisme creux de
Marc Lévy, le chant de Max Cooke. Non pas qu'il soit mauvais en soi, mais il est tellement retenu et rebâché depuis des années qu'il ne peut plus surprendre, encore moins émouvoir – car c'est bien là l'effet recherché.
Leni avait au moins le mérite de posséder un refrain qui, certes copiait largement Coldplay, mais pouvait pénétrer les coeurs les plus sensibles. Ici, le procédé ne fonctionne pas. On écoute en diagonale et on ne retient pas grand chose hormis le numéro des secondes qui défilent.
Trop prévisible, presque lassant sur la longueur, le single s'ingurgiterait finalement comme un quelconque Harlequin
– collection Azur ou Horizon, les plus risibles
– un jour de mauvais temps s'il n'y avait la b-side. Une b-side différente de ce à quoi le quatuor nous avait habitué jusque là puisque c'est de l'instrumentale de la chanson titre qu'il s'agit.
Le chant disparaît donc au profit du discret clavier de JP Duncan qui dès lors se dévoile au grand jour, éclipsant progressivement la guitare. Mouvant et complexe, le titre emprunte son amertume à
Boris Vian et son obsédante répétition à
Thomas Bernhard pour ébaucher un style fluide et délicat, emprunt d'une légère noirceur qui s'immisce naturellement dans l'oeuvre, alors plus immédiate et enivrante.
Au final, GoodBooks viennent donc de réaliser avec
The Illness Instrumental à la fois leur meilleur titre depuis leur signature sur Columbia et le titre electro de la semaine. Une reconversion new rave serait de rigueur, messieurs !