Chronique Single/EP
Date de sortie : 09.05.2025
Label :Island Records
Rédigé par
Pierre-François Long, le 12 mai 2025
The Slow Fire Of Sleep constitue le premier EP de Lizzie Mayland, guitariste rythmique et de choriste au sein de The Last Dinner Party. Petit détail qui n'en est pas un, cet EP est publié sous le nom L.Mayland, non-binarité de l'artiste oblige.
Les cinq titres formant ce « lent feu du sommeil » ont été enregistrés en trois semaines, entre deux tournées de son groupe – qui a un planning assez démentiel depuis deux ans, ne cessant quasiment pas de tourner. L.Mayland explique ainsi s'être retrouvé sans ses quatre acolytes quasiment du jour au lendemain, dans son appartement, avec « sa guitare et ces chansons tristes ». Il est également indiqué dans la biographie fournie avec l'EP que L.Mayland a puisé l'inspiration du côté de Nick Drake, et c'est clairement ce qui saute aux oreilles dès l'entame de Mother, Mother, avec une guitare acoustique accordée en open tuning, rappelant là l'une des particularités du créateur de Five Leaves Left. Mais celle avec laquelle L.Mayland entretient la plus étroite filiation, c'est sans conteste Joni Mitchell. Non seulement il y a cet accordage de guitare assez peu usité, mais aussi et surtout une façon de chanter bien caractéristique, avec des décrochages inattendus mais parfaitement maîtrisés entre les graves et les aigus.
C'est d'ailleurs là où L.Mayland surprend (agréablement) le plus : le chant. L'artiste fait preuve de maîtrise, avec une technique irréprochable, et, c'est le comble, on a même parfois l'impression d'entendre son amie Abigail Morris derrière le micro ! On perçoit là l'influence certaine de l'anglaise dans le quintet quant aux lignes de mélodies vocales, certaines présentes dans cet EP pouvant théoriquement parfaitement se retrouver sur un album de son groupe.
Les cinq titres défilent de façon assez cinématographique et linéaire, on a même parfois l'impression d'écouter un seul morceau découpé en cinq mouvements distincts, étant précisé qu'ils sont tous dépourvus de construction classique couplet/refrain. C'est très agréable à écouter, c'est remarquablement exécuté, c'est produit avec sobriété, mais il manque peut-être quelques variations ça et là pour emporter définitivement l'adhésion même si, on le répète, ces seize minutes s'écoutent avec un réel plaisir.
Le final de The Slow Fire Of Sleep est même assez frustrant, car des cordes se font entendre de manière inquiétante et... ça s'arrête là. On aurait aimé que L.Mayland aille explorer de ce côté obscur, mais ce n'est certainement que partie remise. Au final, un EP réussi, qui signifie sans doute beaucoup pour L. Mayland, et qui permet de découvrir une facette assez insoupçonnée de l'artiste.