My Sad Captains

Après deux albums convaincants, flirtant avec une folk pop radieuse, les quatre capitaines ne sont plus si tristes puisque les voilà enrôlés sur le paquebot Bella Union pour ce troisième effort aux accents plus synthétiques et vaporeux.

C'est curieusement avec ce Best Of Times que la tristesse qui ressort du patronyme My Sad Captains, inspiré par un poème de Thomas Gunn repris par Shakespeare, se fait ressentir et ce davantage que sur leurs précédents disques qui donnaient plutôt envie de regarder le ciel bleu, le sourire au coin des lèvres. Nous avons ici affaire à un disque d'orfèvre, d'une grande légèreté, mais particulièrement méticuleux dans ses arrangements bucoliques et lumineux. La simplicité est le maître mot, autant sur les enivrants mélanges de la discrète voix avec la guitare acoustique que dans les instrumentaux électro-minimalistes relevés de quelques beats sourds comme sur ce titre fleuve hors du temps : In Time. La quiétude qui leur est propre s'étend dans des chansons qui se prolongent et prennent leur temps. Dès le titre d'ouverture, qui est également le single, nous sentons des échos prononcés, une voix métallique mais apaisée rappelant The Notwist, ainsi qu'une profondeur cotonneuse dans les mélodies.

Nous aurions tort de cantonner My Sad Captains à cela puisque l'on pourrait les relier autant à Camera Obscura dans leur passages les plus twee comme sur la joyeuse Extra Curricular et ses élévations électro-mariachi, qu'à Chromatics pour leurs divagations mélancoliques. Cette dernière influence se ressent sur All Times Into One où le tempo s'accélère sur des résonances psychédéliques. Les ballades acoustiques, comme Orienteers que l'on avait aimé sur leur précédent disque Fight Less, Win More, ne sont pas oubliées. On s'évade en gravité zéro sur deux pépites emplies d'une tendresse brumeuse : la délicate All In Your Mind et la cosmique Hardly There, nous rappelant la fulgurante et poignante douceur d'Unbelievable Truth. On pourrait reprocher à ce disque d'être un peu trop contenu, trop neutre, de ne pas assez s'échapper de son point central si l'on excepte des fulgurances s'en trouvant de fait d'autant plus remarquables. Certains passages pourront provoquer un ennui passager sur la longueur, sur la fin du disque, mais rien qui ne devrait vous décourager de plonger dans l'océan des capitaines.

Les astronautes d'eau douce My Sad Captains voient plus grand avec ce troisième album empli de mélancolie mais aussi d'espoir dans des compositions soignées et des arrangements ad hoc.