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Kid Harpoon on Tour

Paris, du 8 au 15 novembre 2009

Live-report rédigé par Anne-Line le 29 novembre 2009

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dimanche 8
Après un Nouveau Casino d'anthologie en octobre, le Kid est revenu à Paris poser ses valises pendant une semaine, afin de visiter les lieux les plus intimes de notre capitale. Une semaine pleine de promesses : sept concerts en huit jours. Un beau défi à relever pour le songwriter anglais, qui détient deux atouts majeurs pour s'en sortir : une volonté à toute épreuve et un talent fou.

DIMANCHE 8 NOVEMBRE - INTERNATIONAL, 20h45

C'est donc à l'International, nouveau lieu branché de l'alternatif parisien, que débutent les hostilités. Situé à une encablure du Nouveau Casino, et donc peuplé de l'habituelle faune d'Oberkampf, l'endroit semble plus qu'approprié pour un concert de Kid Harpoon.
Le jeune homme arrive cependant avec une grosse demi-heure de retard, mais sur le moment, personne ne lui en tient rigueur : dès qu'il saisit sa guitare et se met à jouer Hold On, plus rien d'autre ne compte. Quand il entre en scène, le gentil et timide Tom Hull se transforme en Kid Harpoon, performer possédé par la force émotionnelle de ses chansons, à la limite de la transe. Peu importe la taille de son public, il se donne entièrement, et ce soir l'International semble prêt à se laisser charmer. Il poursuit avec l'hypnotique Colours, quand soudain, au beau milieu de la troisième chanson, Burnt Down House, le drame survient : la voix de Tom l'abandonne. On entend clairement sa voix se casser, et refuser de repartir, et on souffre avec lui. Le Kid ne se laisse pas démonter, et termine la chanson, le visage déformé par la douleur et la déception. Honteux, il explique au micro qu'il sort à peine d'une cuite monumentale deux jours avant en Angleterre. Le pauvre a sans doute osé boire plus que deux bières et ça l'a achevé, car il a beau venir du pays où la Stella Artois fait office de Volvic, le Kid est taillé dans un bois différent de ses compatriotes ! Au moins, ce n'est pas la Grippe A qui nous prive ce soir de la magie de Kid Harpoon.
Le valeureux petit soldat, blessé mais pas tué, insiste pour continuer le concert, et réussit tant bien que mal à jouer trois autres chansons, dont la reprise de Leonard Cohen, First We Take Manhattan, qu'il nous avait déjà offerte au Nouveau Casino. Mais la douleur le force à s'arrêter là, et ce qui devait être un avant-goût prometteur d'une semaine de rêve se termine en fiasco. Malgré tout, rendez-vous est pris pour le lendemain au Pop'in, en espérant que rien ne viendra cette fois gâcher l'ambiance.

 

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LUNDI 9 NOVEMBRE - POP IN, 20h30

Après la déception de l'International la veille, c'est avec un peu d'appréhension que l'on arrive dans la cave du Pop In, qui ouvre depuis peu le lundi soir. Tom a-t-il eu le temps de récupérer sa voix ? Le jeune garçon, d'humeur téméraire, tente le diable en entamant son set sur la chanson par laquelle le malheur était arrivé la veille : Burnt Down House. Heureusement, tout a l'air de rouler cette fois.
Les affaires reprennent : Hold On, Colours, Late For The Devil... Le Kid s'efforce d'économiser sa voix au maximum, mais elle est bien là. Il s'installe au clavier pour le tragique Death Of A Rose et, sans doute trop focalisé sur sa voix, joue quelques fausses notes au cours de la chanson. Toutefois cela ne gâche en rien le spectacle, et c'est une joie toujours renouvelée de le voir reprendre sa guitare et jouer 57, extraite de son premier EP, aux accents tsiganes prononcés. Après Back From Beyond, il termine en douceur avec Horses et Childish Dreaming, puis à la demande générale rejoue un autre morceau, ce sera Don't Cry On Me.
Au final, un set où Tom s'est donné un peu moins que d'habitude, et c'est un peu dommage, mais tout-à-fait compréhensible : il n'allait pas risquer de s'esquinter la voix définitivement. Il n'a bu que de l'eau de toute la soirée, et promet de se tenir à carreau pour le reste de la semaine, en prévision des cinq concerts qu'il lui reste à honorer !

 

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MARDI 10 NOVEMBRE - BARON, 00h30

Pour ce troisième concert, changement d'ambiance. Quartier chic, vigiles à l'entrée, canapés de velours rouges, et prix exorbitants au bar : bienvenue au Baron. On se demande comment le public des habitués du lieu vont accueillir le Kid, petit poulbot joyeux de l'Est londonien, sans aucun sens de la hype ni de la coolitude.
Lui ne s'en soucie guère, s'émerveille sur le décor, et sur le fait qu'on lui ait installé pour sa performance un piano à queue : « Waouh, regardez, j'ai un VRAI piano ce soir !». Le concert débute vers minuit trente sous le regard curieux des noctambules, et d'un petit groupe de fans qui ont réussi à passer les cerbères à la porte. D'entrée, Tom attaque sur deux chansons de l'album Once, les plus accrocheuses, histoire de mettre tout le monde d'accord : Hold On et Stealing Cars. Il enchaîne sur Burnt Down House, qui ralentit un peu le tempo, avant de prendre place au grand piano pour les deux ballades poignantes Once et Death Of A Rose.
Le public semble attentif, quelle que soit l'humeur des chansons. Kid Harpoon possède ce talent rare qui est de captiver un auditoire même a priori peu réceptif. Les soucis de voix sont oubliés, et il reprend sa guitare électrique pour faire swinguer l'avenue Marceau avec Late For The Devil, 57 et Back From Beyond. Pour finir en faisant honneur à la branchitude du lieu, le dernier morceau qu'il choisit d'interpréter ce soir est une reprise de L.E.S. Artistes de Santogold.
Ce soir, Kid Harpoon a réellement commencé à montrer son plein potentiel, ce qui n'était pas forcément gagné devant un public sans doute peu habitué aux personnalités aussi authentiques que lui. Visiblement traumatisé par les répercussions de sa récente cuite, le Kid rentrera reposer sa voix sans toucher aux cocktails que lui présente la maison à la fin du concert, ce qui laisse augurer du meilleur pour la date prévue au Motel deux jours plus tard !

 

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JEUDI 12 NOVEMBRE - MOTEL, 21h30

Après un jour « off » dans son planning chargé de la semaine, le Kid débarque au Motel, frais et dispos.
Après nous avoir accordé une interview, il s'installe sur la petite scène et captive d'emblée les spectateurs avec Colours, l'une des chansons où il peut le mieux faire montre de ses talents d'acteur en plus de ceux de musicien. Il enchaîne sur les chapeaux de roues avec Hold On, et on sent tout de suite que ce concert est bien parti pour être exceptionnel ! Toute son énergie est revenue, et il termine d'ailleurs Back From Beyond complètement essoufflé, en nage, lui-même étonné de son regain de vitalité par rapport au début de la semaine.
Le temps de se remettre, il s'assoit devant son clavier et invite sur scène à le rejoindre la chanteuse française Marie-Flore, qu'il a rencontré deux jours auparavant en enregistrant une session live du Hiboo. Tom se met à jouer Once, très enthousiaste à l'idée de ce duo, mais malheureusement il faut croire que la jeune fille n'a pas eu assez de temps pour répéter, car elle ne semble pas très sûre des paroles ni de la mélodie. C'est dommage, le titre étant le plus poignant de la discographie du Kid, il tombe ici un peu à plat. Qu'à cela ne tienne, Tom enchaîne immédiatement sur Death Of A Rose, et nous fait oublier cet incident. Lorsqu'il reprend sa guitare, c'est pour nous offrir une fin de concert des plus énergiques, et pour la première fois cette semaine reprend Un Autre Monde de Téléphone, ce qui ne manque jamais de ravir le public français, qui lui réclame d'ailleurs un rappel. Il joue alors Riverside, l'une des vraies perles de son répertoire, extraite de son second EP, et c'est ainsi que se termine ce concert où pour la première fois cette semaine Tom a pu s'en donner à cœur joie.

 

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SAMEDI 14 NOVEMBRE - SOL Y FLOR, 18h

Cinquième concert atypique en ce samedi après-midi. Le soleil pointe le bout de son nez, et un petit attroupement se forme devant le Sol y Flor, fleuriste du 6ème arrondissement, près du Jardin du Luxembourg. Curieux choix pour un concert, mais l'endroit fait partie des commerces partenaires des Boutiques Sonores.
Dans un tout petit espace s'entassent des bouquets de toutes les couleurs et des sculptures en végétation spectaculaires, le tout éclairé d'un lustre en fausses pierres précieuses agrémenté de feuillages. L'ambiance est purement magique. Tom en profite alors pour dépoussiérer des morceaux de son répertoire qu'il n'avait jusque là pas touché. Il débute son set avec The Milkmaid, chanson emblématique de son tout début de carrière, vers 2006, puis Her Body Sways, tiré du second EP, joliment bucolique. Les familles du quartier en balade du week-end s'arrêtent, intriguées. Puisqu'on est chez un fleuriste, Tom choisit d'interpréter Flowers By The Shore, et même les enfants de trois ans se mettent à danser de manière frénétique. Ce garçon parvient à charmer tout le monde avec sa guitare, les filles, les garçons, les personnes âgées, les enfants !
S'en suit une autre rareté, As It Always Was, qui, dans ce cadre particulier, prend toute sa dimension onirique et féérique. C'est une des chansons qu'il joue beaucoup trop rarement, pourtant elle permet de vraiment démontrer sa dextérité à la guitare et au chant. Après Burnt Down House, il décide de jouer une seconde rareté, cette fois-ci Aeroplanes and Neonlights, tellement rare qu'il confesse mal se souvenir des paroles. Heureusement, un petit groupe de fans fidèles est prêt à le secourir le cas échéant. Ce ne sera finalement pas nécessaire, et pour finir ce set magique, ce sera Back From Beyond, qui refait danser les bébés. La nuit est tombée, mais la soirée ne fait que commencer ! Double dose de Kid Harpoon aujourd'hui, et le chanteur, entouré de son petit groupe de fidèles et de son équipe de Beggars, se dirige vers le lieu du deuxième concert de la soirée.

 

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SAMEDI 14 NOVEMBRE - LES TAULIERES, 21h30

Samedi soir à Montmartre. Après un petit détour par la ligne 12 du métro (et un restaurant japonais), Kid Harpoon arrive aux Taulières, petit bar convivial niché au cœur des Abbesses. Dès que l'on franchit la porte, on est conquis par l'ambiance chaleureuse, les couleurs vives des murs, le mobilier chiné, les nombreux dessins aux murs des artistes qui viennent y prendre l'apéro, comme par exemple Frank Margerin.
Ce cadre semble tout-à-fait propice à un concert de Kid Harpoon, et après une première partie assurée par son compatriote Thos Henley, Tom attaque son set. Il semble avoir pris la ferme décision de faire danser les gens en ce samedi soir, en enchaînant les titres les plus péchus de son répertoire : Hold On, 57, Late For The Devil... Même les personnes qui n'étaient pas spécialement venues pour le concert ont le sourire aux lèvres. Plus tôt dans la journée, Tom avait déjà commencé à jouer des morceaux qui se font rares dans ses performances, ici aux Taulières ce sera Running Through Tunnels, encore une fois une chanson trop peu exploitée, d'une beauté et d'une sensibilité à pleurer, à mille lieues de Stealing Cars et autres Back From Beyond. Il rejoue Her Body Sways, pour la deuxième fois aujourd'hui, et pense terminer sur Riverside, avant que le public enthousiaste ne lui réclame d'autres morceaux.
Il sort son joker préféré avec First We Take Manhattan, puis une personne l'ayant sans aucun doute reconnu de son passage à Taratata lui réclame Un Autre Monde, qu'il se fait un plaisir d'interpréter. Après le spectacle, comme chaque soir cette semaine d'ailleurs, il accorde du temps à quiconque vient lui parler, a un mot gentil pour chacun, fait des photos avec ses fans sans se faire prier, et il est évident qu'il le fait par pure bonté et pas seulement dans une optique marketing. Tom Hull fait partie d'une espèce rarissime : les vrais gentils. D'autant plus étonnant quand on écoute ses paroles qui parlent de voler des voitures (Stealing Cars) et de noyer des gens dans une rivière (Riverside) !

 

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DIMANCHE 15 NOVEMBRE - BE THERE, 21h30

On a beau s'attacher, toutes les meilleures choses ont une fin, et c'est ce soir qu'a lieu le dernier concert de cette mini-tournée parisienne. Le Be There, anciennement Beaver, sur l'Ile Saint-Louis, est un lieu particulier, où trois ambiances se télescopent : d'une part le pub traditionnel, puis la salle de concert en fond de salle, et à l'étage un espace lounge coloré qui rappelle le Pop In, à la différence qu'il comprend un local à part pour les fumeurs. On ne pouvait rêver mieux pour ce dernier concert.
Pour ce tour d'honneur, Tom attaque sur les chapeaux de roues avec Stealing Cars suivi par sa b-side Don't Cry On Me. Pendant Back From Beyond, on remarque sur le côté de la scène une jeune fille au look vintage 70's, qui s'est approprié un tambourin et tape le rythme gaiement. Après le petit interlude au clavier pour Once et Death Of A Rose, Tom l'invite à monter sur scène avec lui, et la présente au public : c'est Soko !
Elle l'assiste alors pour les chœurs et le rythme sur Late For The Devil et Milkmaid. Les deux chanteurs s'amusent clairement, s'emmêlent un peu les pinceaux sur les paroles, en rient, se taquinent gentiment. Soko est venue accompagnée de quelques-unes de ses amies avec lesquelles elle échange des blagues. Quand elle repart sur le côté de la scène, Kid Harpoon entame une fin de concert des plus énergiques, où se succèdent 57, Hold On, Back From Beyond et enfin l'intense Colours, avant de finir, épuisé, sur Childish Dreaming. Le public parisien ne veut pas le laisser partir de sitôt, et lui réclame un rappel. Il choisit comme souvent First We Take Manhattan, qu'il semble s'être totalement appropriée.
Lorsqu'il sort de scène, en nage, il se fait alpaguer par un petit groupe de fans, qui lui réclament la reprise de Milkshake de Kelis. Il avait en effet posté une vidéo sur Youtube l'année dernière de lui en perruque rose et lunettes disco reprenant ce titre, avec une batterie et un synthé, à mourir de rire.
Il refuse dans un premier temps, mais les fans insistent, et lui montrent qu'ils ont prémédité leur coup en apportant une perruque et des lunettes similaires à celles de la vidéo ! À ce moment-là, et sous les encouragements de la foule et de Soko, il se voit obligé de remonter sur scène et d'improviser le morceau à la guitare ! Et c'est ainsi que Kid Harpoon termine sa semaine parisienne, une perruque afro sur la tête, des lunettes en forme d'étoile sur le nez, improvisant les accords, sous les fous rires de l'assistance. À la fin, il donne sa guitare à Soko qui chantera trois de ses propres titres (I'm So Ready To Be A Good Man, Treat Your Woman Right et All The Lies) sous les encouragements de ses accompagnatrices. Enfin délivré de ses obligations artistiques, Tom réclame une bière aussitôt sorti de scène, et passera le reste de la soirée à l'étage du Be There, à fêter cette semaine éprouvante, en chantant des chansons d'Oasis, des Libertines et de Larrikin Love avec les gens présents.

 

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C'est cette image qu'on retiendra pour résumer cette semaine, et le personnage de Kid Harpoon : le voir au milieu d'amis, de fans, et d'inconnus, toujours prêt à jouer des chansons sur demande, en toute convivialité et simplicité. Cet artiste attachant, dont l'album Once a bénéficié d'une production léchée qui montre bien la confiance que sa maison de disques a mise en lui, révèle le mieux son potentiel en live. Un talent authentique, qui ne joue jamais de son image, uniquement de son imaginaire. Une émotion à l'état brut.
artistes
    DIMANCHE 8 NOVEMBRE - INTERNATIONAL, 20h45

    Hold On

    Colours

    Burnt Down House

    Back From Beyond

    57

    First We Take Manhattan (Leonard Cohen)



    LUNDI 9 NOVEMBRE - POP IN, 20h30

    Burnt Down House

    Stealing Cars

    Hold On

    Death Of A Rose

    Late For The Devil

    Colours

    57

    Back From Beyond

    Horses

    Childish Dreaming

    Don't Cry On Me



    MARDI 10 NOVEMBRE - BARON, 00h30

    Hold On

    Stealing Cars

    Burnt Down House

    Once

    Death Of A Rose

    Late For The Devil

    57

    Back From Beyond

    L.E.S. Artistes (Santogold)



    JEUDI 12 NOVEMBRE - MOTEL, 21h30

    Colours

    Hold On

    Back From Beyond

    Once

    Death Of A Rose

    Flowers By The Shore

    Don't Cry On Me

    Stealing Cars

    Un Autre Monde (Téléphone)

    57

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    Riverside



    SAMEDI 14 NOVEMBRE - SOL Y FLOR, 18h

    The Milkmaid

    Her Body Sways

    Flowers By The Shore

    As It Always Was

    Burnt Down house

    Aeroplanes And Neonlights

    Back From Beyond



    SAMEDI 14 NOVEMBRE - LES TAULIERES, 21h30

    Hold On

    57

    Late For The Devil

    Milkmaid

    Colours

    Running Through Tunnels

    Her Body Sways

    Stealing Cars

    Riverside

    ----

    First We Take Manhattan (Leonard Cohen)

    Un Autre Monde (Téléphone)



    DIMANCHE 15 NOVEMBRE - BE THERE, 21h30

    Stealing Cars

    Don't Cry On Me

    Burnt Down House

    Once

    Death Of A Rose

    Late For The Devil

    Milkmaid

    57

    Hold On

    Back From Beyond

    Colours

    Childish Dreaming

    First We Take Manhattan (Leonard Cohen)

    Milkshake (Kelis)