Pas loin de neuf ans séparent le dernier passage de The Cure dans une salle parisienne de leur venue de ce jour. En effet, le groupe ne s'était plus produit dans la capitale depuis mars 2008, et à l'exception des festivals des Eurockéennes de Belfort et des Vieilles Charrues en 2012, Robert Smith et sa bande avaient littéralement déserté la France. Pourtant ce n'est pas faute d'avoir donné des concerts, puisque à l'exception de l'année 2009, The Cure ont toujours joué sur scène depuis cette dernière venue à Bercy. Cette nouvelle et longue tournée mondiale constituait donc un retour particulièrement attendu pour le public parisien.

Leur arrivée sur scène est précédée par une première partie de choix. Ce sont en effet les écossais de
The Twilight Sad qui accompagnent la bande à Smith sur l'ensemble de cette tournée. Le trio, augmenté d'un quatrième membre sur scène, affiche des accents de Joy Division. James Graham, le chanteur du groupe, apparaît très souvent en transe, notamment de par une gestuelle qui évoque inévitablement le chanteur défunt du groupe de Manchester, Ian Curtis. Le synthé est lancinant, la batterie martiale, les guitares rageuses, bref la musique de The Twilight Sad n'est pas particulièrement joyeuse mais elle se conjugue parfaitement avec l'univers de The Cure. Pendant trente-cinq minutes, le quatuor va enchanter le public présent dans une salle encore un peu clairsemée. Et même s'ils auraient mérité un set un tant soit peu plus long, il faut bien avouer que le public était avant tout venu pour retrouver le groupe originaire de Crawley.
La voix d'Elisabeth Fraser résonne encore un peu dans l'AccorHotels Arena lorsque retentissent les premières notes de
Tape. On comprend immédiatement que les anglais débuteront leur set avec
Open et que
Wish sera à l'honneur ce soir. En effet, chaque concert de The Cure propose une thématique en rapport avec le premier morceau du concert. Lors de cette tournée,
The Top,
Disintegration ou
Wish occupent alternativement la structure du set.
Si le Palais Omnisports de Paris Bercy a changé de nom, The Cure ont également changé de line-up depuis leur dernier passage. Exit Porl Thompson< (devenue Pearl Thompson) remplacé par Reeves Gabrels, ex-guitariste de David Bowie, et retour de Roger O'Donnell aux claviers, cet instrument totalement absent lors de leur précédent concert parisien. On a pourtant l'impression que rien n'a véritablement changé. Robert Smith reste concentré sur son chant et sa guitare, Simon Gallup arpente inlassablement la scène dans tous les sens. Et la majeure partie des chansons jouées ce soir l'ont déjà été lors des tournées précédentes.
All I Want, retour de choix vers
Kiss Me, Kiss Me, Kiss Me, fait sensation dans les lumières couleur rouge sang.
Push et
In Between Days ravissent forcément le public. On réalise à ce moment-là que le set de ce soir sera majoritairement pop.
Pictures Of You,
High dans les nuages blancs et roses, et
Lovesong confirment bien cette tendance.
Before Three, seul retour vers l'album éponyme de 2004, manque pourtant de saveur. Le chant de Robert Smith se fait ici assez désenchanté. On se demande alors si cette (presque) fausse note pourrait se montrer inquiétante pour la suite du concert. Mais il n'en sera rien. Le groupe corrige immédiatement le tir avec une trilogie de classiques.
A Night Like This, follement électrique,
The Walk, sautillant comme jamais et l'hymne des enfants du rock,
Just Like Heaven, apportent à l'AccorHotels Arena une température proche de celle d'un sauna.
Fidèle à la tradition, Robert Smith se montre assez peu prolixe. Si
Trust fait redescendre quelques instants la chaude ambiance du concert, c'est juste pour repartir de plus belle avec un autre extrait de
Wish;
From The Edge Of The Deep Green Sea. Celui-ci fait la part belle aux guitares rugissantes de Reeves Gabrels.
One Hundred Years, seul come-back vers
Pornography, nous fait oublier un
Hungry Ghost assez peu convaincant.
End clôture une heure et demie de show. "I am none of these things” conclue Robert Smith a cappella, à l'issue de celle-ci.
Bien entendu, le concert ne s'arrête pas là. Et même si cette fois nous n'aurons pas droit à 3h40 de musique comme en 2008, ce ne sont pas moins de trois rappels que les musiciens vont donner. Pour débuter le premier, le groupe interprète
It Will Never Be The Same, seul inédit du set de ce soir. La chanson s'avère assez bonne, sans se montrer toutefois vraiment novatrice. D'ailleurs son titre prête un peu à sourire, en réaction à
It Was Never The Same de The Twilight Sad. La flamme présente sur le grand écran derrière le groupe tout au long de la chanson peut prendre l'aspect d'une symbolique. Manquerait-elle à Robert Smith pour réussir à donner une suite à
4.13 Dream ? Cette question reste à ce jour sans réponse...
Burn tirée de la bande originale du film
The Crow, se fera particulièrement tribale.
Play For Today, repris comme il se doit à l'unisson par le public, et
A Forest, se terminant dans un déluge de décibels émanant de la basse de Simon Gallup,> achèvent un premier rappel de très haute volée. Le second s'avérera très électrique. A l'exception de
Lullaby et sa toile d'araignée géante, les guitares wah wah seront à l'honneur sur
Fascination Street,
Never Enough et
Wrong Number. Le concert touche cette fois à sa fin. Il y aura toutefois encore six autres chansons avant que The Cure ne quittent cette fois définitivement la scène. Résolument pop cet encore ravira bien entendu la majorité de l'audience. On retiendra essentiellement de celui-ci
Boys Don't Cry, unique replongée dans les tout débuts du groupe.
Avec un set long de deux heures et quarante minutes, The Cure continuent inlassablement à satisfaire leur audience. Certes nous aurions préféré entendre
This Twilight Garden,
Other Voices voire
Sinking ou encore
The Same Deep Water As You à la place de certaines chansons présentes dans la setlist. Mais à la vue des sourires présents sur de nombreux visages une fois les lumières rallumées dans la salle, on ne peut que se réjouir d'avoir pu retrouver sur scène une formation trop longtemps absente en France. Il manque également
Step into The Light, second inédit joué sur la tournée, dont on ne sait pas vraiment non plus ce qu'il deviendra de lui. Robert Smith a probablement davantage d'idées là-dessus. La seule certitude que nous ayons à ce jour c'est que le groupe donnera deux autres concerts en France cette semaine. A Lyon tout d'abord le 17, puis à Montpellier le 18. On espére simplement que la suite, aussi incertaine soit-elle, ne prendra pas autant d'années avant de possiblement arriver.