Young Marble Giants

Comme les Sex Pistols, Young Marble Giants n'ont sorti qu'un seul album. 1977 pour les premiers, 1980 pour les seconds. Mais contrairement à Johnny Rotten et sa fabuleuse bande d'incapables, le trio de Cardiff a moins fait de traces mais autant d'adeptes underground.

Colossal Youth se voit réédité cette année chez Domino, accompagné d'un deuxième cd qui n'est autre que la compilation de démos Salad Days, le single Final Day et le Testcard EP. Pas de surprise donc mais un plaisir toujours au rendez-vous dès les premiers accords oppressants de Searching For Mr Right.
À l'écoute d'une Include Me Out très Kills dans l'âme de destruction, de Colossal Youth et son electronica insensé ou encore la brève comptine folk Salad Days, le post-punk avant-gardiste de Colossal Youth n'a jamais été aussi ancré dans une époque que celle d'aujourd'hui. Le clavier fantaisiste de The Man Amplifier semblerait même tout droit sorti de l'imagination tordue d'un Twisted Charm ou To My Boy !
Tout au long de l'album se côtoient ainsi funk amer, new wave aride et sonorités jazzy éclatantes. En aménageant une ambiance tout en sobriété froide et nerveuse, Young Marble Giants ont su influencer de grands groupes. Toute cette tension canalysée dans la musique du groupe finira ainsi par exploser quelques années plus tard par le biais d'artistes déraisonnables comme Peter Buck et Kurt Cobain.

À peine quelques mois après Colossal Youth sortait l'excellent Final Day. Dans la continuité de l'album, les trois titres du single présents sur cette réédition distillent un rock fébrile toujours portée par la voix fragile de Alison Statton. Puis, en 81 sortait Testcard EP qui ouvre ici le second cd mais dont le principal défaut est l'absence de Statton. Le résultat, bien que satisfaisant, est loin de rivaliser avec les précédents efforts du groupe.
Et ce n'est pas Salad Days qui va, en 2000, rehausser le niveau. Hormis quatre instrumentaux inutiles et, tout de même, un titre honorable en toute fin de disque, la compilation rabâche les mêmes notes que l'album. Seul l'inédit Ode To Booker T, premier titre du groupe dans le commerce paru sur la compilation Is The War Over fin 79, sort véritablement du lot. Si ce n'est qu'il est déjà présent sur le cd un peu plus haut ...
L'agencement des titres sur le second cd nuit donc terriblement à l'appréciation de Colossal Youth. Ce post-punk auparavant disloqué en fines particules d'euphorie retenue n'est plus aujourd'hui qu'un ensemble indigeste et incohérent qui fait tâche dans une discographie certes succincte mais assurément nécessaire.

À une époque où tout doit absolument aller vite et se parer de superflu coloré, Colossal Youth est une pause méritée dans le rock anglais et, même si sa réédition n'est pas à la hauteur des espérances, il se doit d'être connu de tous.