Chronique Album
Date de sortie : 14.11.2025
Label : Hand In Hive
Rédigé par
Jérémi Desplas, le 17 novembre 2025
The Universe Is Loading : dès son titre, le quatrième album de Zoë Mead aka Wyldest semble bloqué dans l'attente de quelque chose de merveilleux, mais ce n'est que parce que les fantômes du passé restent dans le coin que l'ennui latent semble promettre que quelque chose doit bien se passer à un moment ou à un autre.
C'est dans la période maudite entre regard critique sur le passé et conscience que l'avenir reste à écrire que prend place l'album, passant de la dream pop à des ambiances évoquant des films en noir et blanc. Dès Collide, et ses entrées et sorties de tunnel entre arpèges et grandes nappes en arrière-plan, on sent que les étoiles sont alignées pour que l'histoire commence. After The Ending est le single assumé qui pose la personnalité du disque : entre regret et espoir, le tout sur fond d'une rythmique qui cavale et autour de laquelle se greffent les guitares doucement réverbérées, la chanson est assez classique mais impeccable.
Pourtant, ce coup d'éclat est loin de résumer toute la diversité de l'album : All It Would Take Is A Phonecall décrit parfaitement l'entre-deux qui semble constituer la colonne vertébrale de l'état d'esprit de l'œuvre, l'appel à des cordes projette dans une atmosphère de film en noir et blanc, ou de scène théâtrale, ce que l'on retrouve sur The Whole World Cries, morceau central mais un peu décalé tant l'interprétation semble sortir de soi. L'articulation parfaite entre titres de chansons et ambiance se retrouve également sur Old Flame, avec les guitares puissantes mais évanescentes en arrière-plan. Si les réminiscences du passé semblent suspendues à un fil, la résilience audible dans le chant sont la persévérance, le conatus caractéristique et porteur d'espoir. Foolish World et Tongue Tied sont flamboyants, incarnant les deux versants, l'un porteur d'un regard sur l'ensemble du monde, l'autre sur l'individu. Deux points de vue pour se sentir pleinement exister dans l'instant, peut-être uniquement parce qu'on est en mesure de se demander ce qui se passe.
Néanmoins, une fois passé Tongue Tied, la fin de l'album s'égare un peu avec des chansons plus terre-à-terre qui donnent l'impression que le fil conducteur de dialogue entre périodes s'étiole, perdant ainsi en précieuse cohérence. Si les compositions sont toujours là, on a l'impression d'entendre un autre disque, certes appréciable, mais dont on peine à voir la continuité avec le reste. Si « the universe is loading », ce n'est pas forcément pour le mieux qu'il s'avère « loaded » sur cette fin d'écoute. Cela n'empêche pas qu'entre dream pop et folk-pop, on tient là une petite collection de chansons parfaites pour regarder par une fenêtre d'où l'on voit tout mais ne distingue rien, après la fin, ou avant un renouveau.