Youthmovies

Une éternité s'est écoulée depuis la sortie de Let's Get Going... You're Fracturing Me With This Misery à l'automne 2003, premier véritable fait d'armes de Youthmovies. Depuis cette époque, les sorties successives d'un premier mini-album, Hurrah ! Another year. Surely this one will be better that the last; the inexorable march of progress will lead us all to happiness, puis du single Ores au printemps 2005 et l'arrivée de Sam Scott, préposé aux cuivres et claviers, ont rythmé le quotidien de la formation longtemps perçue comme un réel espoir de la scène expérimentale britannique. A l'heure du bilan et du premier véritable test d'envergure, c'est un Good Nature longtemps repoussé que le groupe enfin arrivé à maturité nous propose.

Pour cet album enregistré durant plusieurs mois à Leicester, le quintet anglais a su s'entourer d'un ami de longue date, Ant Theaker (ex-Hope Of The States), à la production, ainsi que d'un producteur de renommée tout droit venu de Chicago, à savoir Bob Weston (Shellac). Aux post-hardcore et post-rock de ses débuts le groupe a ainsi substitué au fil des années une musique à base expérimentale ou de nombreuses influences s'entrechoquent, parfois dans un désordre difficilement contrôlé, et ce souvent au sein d'une seule et unique composition. Noisy, rythmes électroniques et math-rock... toutes les possibilités envisagées sont ainsi traitées avec plus ou moins de réussite, mais toujours dans le but de parvenir à apporter une renouveau artistique.

Les évolutions dans l'univers de Youthmovies sont nombreuses et à saluer. Si l'abandon du pseudonyme de Youthmovie Soundtrack Strategies est musicalement négligeable, le groupe n'a pas hésité à miser sur une véritable prisque de risque sur de nombreux points, cherchant sans cesse à créer la surprise comme pour mieux se différencier de tous les artistes auxquels la presse les a trop longtemps affiliés. En ce sens, la présence remarquée des cuivres est une véritable réussite, idée judicieusement reprise depuis par leurs camarades de Foals, alors que les progrès vocaux d'Andrew Mears ont semble-t-il poussé le frontman de la formation à rythmer de sa voix la quasi totalité des dix compositions du disque.

Mais à trop vouloir en faire, le groupe semble parfois ne plus savoir lui-même quel est son objectif ou son but ultime, tant et si bien que certains titres prometteurs durant les premières minutes s'avèrent au final décevants et indigestes, à l'image de Soandso & Soandso ou Something For The Ghosts. Les compositions les plus réussies sont ainsi celles dévoilées au compte-goutte ces derniers mois dans des versions live de plus ou moins bonne qualité, comme le single The Naughtiest Girl Is A Monitor, The Last Night Of The Proms, If You'd Seen A Battlefield ou encore le court mais efficace Cannulae.

La technique, l'envie et l'inspiration, privées de la maîtrise, sont malgré tout insuffisants pour faire de Good Nature un disque immanquable, toutefois destiné aux plus fidèles amateurs du genre.