Ballboy

Pour leur cinquième album en sept ans, les Écossais de Ballboy n'ont plus grand chose à prouver, déjà adoubés par John Peel et savourés par un cercle de connoisseurs. Ils se font donc plaisir sans prendre de risques – tombant par là dans le piège d'ennuyer un peu.

Les ballades sont assez uniformes mais jolies. Comme chez leurs compatriotes de Belle & Sebastian, le violoncelle (le violoncelliste Pete Harvey a rejoint le groupe pour l'enregistrement de ce nouvel album) y tient une place de choix, insufflant la chaleur de son timbre à des ritournelles simples et romantiques. L'instrument s'accorde par ailleurs très bien à la belle voix de Gordon McIntyre, qui donne le ton de tout l'album.

Le disque semble cependant attiré vers une mollesse dans laquelle il s'englue peu à peu. La simplicité appuyée devient presque mielleuse, et les textes qui se voudraient spirituels tombent à plat, manquant de mordant malgré d'évidentes prétentions au lyrisme. Arrivant à Above The Clouds The Sun Is Always Shining, on se retrouve enfermé dans la répétition ad nauseam de " You're walking home / And you're on your own / And your mobile phone / Has no news at all ", paroles que même le deuxième degré ne saurait sauver de l'ineptie.

Mais We Worked On The Ships réserve tout de même de beaux moments, quelques titres plus cadencés comme ce We Can Leap Buildings And Rivers, But Really We Just Wanna Fly, ou le rétro Disney's Ice Parade, narratif et assez drôle, soutenu par un gentil ukulélé (on ne remerciera jamais assez Julien Doré d'avoir rendu à cet instrument la place qu'il méritait dans la musique pop). Songs For Kylie réserve également un beau leitmotiv, dans une mise en abîme guère vertigineuse mais amusante du songwriter qui écrit sur son propre songwriting. La fin de l'album s'essaie à un ton plus rock, avec une batterie plus affirmée sur Picure Show, sans toutefois parvenir à porter l'ensemble vers plus de sens.

Il en reste un goût suave qui, s'il se promène parfois tout au bord du mièvre, n'y tombe jamais vraiment, sauvé par un humour discret mais certain et par la grâce de quelques moments, a capella ou presque, sans chagrin ni violence.