The Paddingtons

Ce deuxième album des Paddingtons est une bonne surprise. D'ailleurs, rien que le fait qu'il puisse être une surprise en est une, car de la part d'un groupe qui accumule autant de clichés, on n'attend pas grand chose.

En effet, The Paddingtons revendiquent tous les clichés du groupe pop anglais. Ils sont jeunes, cultivent leur côté branleurs, jouent de la guitare, de la basse et de la batterie parce qu'ils s'ennuient à Hull, et forment un groupe commençant par "The" suivi du nom d'une gare londonienne. Comble du cliché, comme ils ont un peu plus de talent que la moyenne, ils sont lancés par Alan McGee (My Bloody Valentine, Oasis, The Libertines...) et tournent avec les Babyshambles. En un paragraphe, le rêve de 98% des groupes anglais.
Mais pour ce quintet le réveil a été sévère. Après un album, quatre singles et deux ou trois cents concerts, ils jettent l'éponge. Leur retour à la vraie vie ne leur ayant pas davantage plu, ils reviennent plus déterminés que jamais à ne faire les choses qu'à leur manière. Ce n'était pas gagné en accumulant autant les lieux communs à leur naissance.

L'album s'ouvre par un riff de guitare qui rappelle celui de Pretty Vaccant des Sex Pistols, ou comment un morceau subversif en 1977 est commercial trente ans après. Le parallèle avec The Clash est aussi manifeste, et ce deuxième album ressemble en de nombreux points à un autre deuxième album, Give Them Enough Rope. Il y a même une touche de dub sur Gangs. Les titres à l'énergie punk, mais bien policée, s'enchaînent en tournant autour des trois minutes comme une montre bien réglée.
Est-ce pour se racheter une crédibilité punk qu'ils ont décidé de cacher leur meilleurs morceaux au milieu de l'album ou alors pour jouer l'esprit vinyle et créer un cliffhanger entre les deux faces virtuelles ? La clé de cet album est véritablement No Mundane Options. La clé, pas trop cachée puisque c'est aussi le titre de l'album, est le premier de quatre morceaux plus originaux que leur son classique le laisse paraître. Une fois que commence ce tunnel, le charme de l'album opère jusqu'aux morceaux, très relativement, plus expérimentaux de la fin.

The Paddingtons réussissent là un bel album au son très homogène mais avec onze vraies chansons bien écrites, comme peuvent le faire des Pigeon Detectives quand ils sont bien inspirés ou un Peter Doherty en état de travailler.