Cathy Davey

Découverte grâce à sa participation aux chœurs sur le deuxième album d’Elbow et déjà repérée en première partie de Supergrass, voici venir le tout premier album de Cathy Davey et le moins que l’on puisse dire c’est que ce premier essai a tout d’une réussite.
Grâce à une voix très particulière, mutine et chaude comme celle de Bjork mais avec une profondeur plus féminine, cette jeune irlandaise (25 ans) arrive à transcender un patchwork de styles et de rythmiques différentes, sans aucune faute de goût à l’arrivée.

Come Over vient immédiatement accrocher l’oreille et ce dès la première écoute grâce à une rythmique bluesy accrocheuse qui n’aurait pas démérité sur un album de P.J Harvey ; mais dès que surgit la voix sucrée de Cathy, le style se démarque réellement tant sa candeur apparaît comme surprenante dans le paysage pop-rock britannique actuel.
Toute la première partie de l’album se déroule tranquillement et s’écoute franchement bien, sans toutefois arriver à décoller et se démarquer réellement : le style varie donc d’une pop tantôt rêche (l’excellente Hammerhead et sa rythmique rampante et hypnotique), tantôt langoureuse (Trade Secret) mais toujours dominée par la voix espiègle de Cathy Davey qui fait des merveilles.
Les deux singles Clean & Neat et Cold Man’s Nightmare font également bien leur effet même s’ils paraissent finalement un peu trop « légers » quand on a écouté l’album jusqu’au bout au moins une fois et qu’on connaît les incroyables morceaux à suivre !
En effet, même si Yak Yak n’apporte pas grand chose à l’ensemble, plus on avance dans l’écoute du disque et plus on s’aperçoit de l’immense palette dont dispose l’irlandaise pour venir à ses fins : Old Man Rain ressemble à une version joyeuse de la Bjork de Selma Songs sur laquelle traînerait le fantôme de Tom Waits (influence grandement revendiquée par Cathy) tandis que la très jolie Swing It est réjouissante par sa fraîcheur jazzy dans un style pas si éloigné parfois des meilleurs chansons de Norah Jones.

Alors qu’on pense terminer tranquillement l’écoute d’un album très sympathique, le niveau émotionnel monte d’un cran à l’entame de la fantastique Go Make It, modèle de chansonnette pop parfaite (digne des sommets des Sleepy Jackson l’année dernière), qui introduit en fait une fin de disque exceptionnelle en qualité.
Sugar est une comptine « sous-marine » hypnotisante dont l’ambiance fait penser aux meilleures ballades des Smashing Pumpkins sur le double Mellon Collie…, Holy Moly et Save Button passionnent également par leur simplicité communicative tandis que About Time vient réaliser l’exploit d’égaler la perfection pop de Go Make It.
A ce stade de l’album, on est complètement bluffé par cette petite irlandaise qui, en quelques chansons seulement, est arrivée à se faire une place et à créer son propre univers personnel et enthousiasmant, et ce n’est pas l’envoûtante ballade Mine For Keeps qui viendra contredire cet état de fait. Même le morceau caché se révèle exceptionnel de subtilité et de contradiction avec la magnifique voix de Cathy côtoyant ces étranges cris de canards !

Un premier album surprenant de maturité donc pour Cathy Davey qui nécessite vraiment une écoute prolongée, car les sympathiques singles sortis cette année ne suffisent pas à rentrer pleinement dans son univers et il serait vraiment dommage de passer à coté de ces petites perles pop rayonnantes sublimées par cette voix chaude comme de la braise.
Donnez lui vraiment une chance, elle le mérite et surtout, écoutez cet album, jusqu’au bout tellement la deuxième partie de ce disque est magique et envoûtante…