Chronique Album
Date de sortie : 26.10.2009
Label : Desire Records
Rédigé par
Jean-Christophe Gé, le 13 décembre 2009
Rien à faire, qu’on écoute ce disque pour pour la première ou pour la centième fois, à chaque fois c’est à Joy Division ou à ses camarades que l’on pense. Des distorsions de guitares qui viennent de très loin, une rythmique martiale, une basse profonde et des nappes de synthés vintage, le tout servi en dessous de zéro degré, c’est bien la signature des premières productions du label Factory : Section 25 quand la rythmique est la plus mise en avant, Durutti Column quand c'est la guitare qui prend le dessus et The Names quand on croit percevoir une mélodie pop. Le fantôme de Joy Division plane sur tout le disque, sur les fringues du groupe, sur leurs instruments et sur leur nom : Komakino étant le nom d'un morceau mystérieux du groupe sorti en flexidisc.
On a du mal à croire que The Struggle For Utopia vient tout juste de sortir et que ce n'est pas une nouvelle réédition du label Les Temps modernes. Rien dans le son ni dans les paroles qui nous rappelle que nous sommes au 21ème siècle. Il n’y est jamais question de guerre en Irak de réchauffement climatique ou d’internet. Rien non plus qui nous plonge dans l’Angleterre Thatchérienne post-punk. Pas de grève des dockers, pas de mur de Berlin. Même ces paroles sans repère temporel nous plongent dans l’univers dramatique et rock de Joy Division. Le refrain de Civility répète en boucle « it's always happening » un écho au « she's lost control again » qui raisonnait il y a trente ans à Manchester.
Ces références permanentes déconcentrent lors de l’écoute de The Struggle For Utopia. Mais j’aime ce son et ces groupes depuis trop longtemps pour ne pas en apprécier un hommage quand il est bien fait. J’aurai préféré que le groupe se livre davantage et ne se cache pas tant derrière les règles qu’il a inventé pour ce projet. Ce malaise et ce mystère faisant probablement parti de leur plan, il faut l’accepter comme il est. On n’appelle pas son album comme ça par hasard.