Swanton Bombs

Signe des temps, la production léchée n'est plus vraiment d'actualité. Depuis plusieurs années déjà, les Etats-Unis ne cessent de nous envoyer leurs nouveaux rejetons formés à l'école buissonnière du Do It Yourself. Des gens tels que Jay Reatard (paix à son âme), Wavves ou les Black Lips ont largement contribué à nous faire oublier la perfection sonore pour justement se concentrer à nouveau sur le principal : l'énergie et les mélodies. A leur manière, Swanton Bombs s'inscrivent dans cette mouvance. Très féconds, les membres du groupes, deux gosses d'à peine vingt ans, sortent déjà leur premier album après un début de carrière plutôt remarqué.

Malheureusement, comme sur leur précédent single, la production crasseuse dessert le groupe plus qu'elle ne l'aide. Leur garage bluesy râpeux aux guitares limées a vite tendance à saturer les veines, on se retrouve vite hébété, groggy comme le lendemain d'une cuite rincée au Whisky. Évidemment, le disque déborde d'énergie, de quelques mélodies dénudées bien gaulées qui font souvent penser à du Strokes (Doom) étourdi (Fear, There and Everywhere) mais sauvage (Who's Asking). Leur fougue tumultueuse fait plaisir à voir mais fatigue sur la longueur. Cet album qui ne dure qu'une petite trentaine de minutes s'avèrent difficile à appréhender, les chansons sont trop systématiquement fondues dans le même moule avec le même alliage de rock poisseux et désordonné.

L'exercice du groupe à deux est difficile. Jusquà aujourd'hui avec quelques singles sauvageons, leur groupe avait réussi à tenir en haleine. Mais sur Mumbo Jumbo And Murder, Swanton Bombs> essouffle l'audacieux qui les accompagne dans ce chemin tortueux suivant bon gré mal gré le chant cassés d'un guide baroudeur qui semble avoir passé la nuit au coin du zinc d'un pub à se pinter la gueule à la bière brune. Ces deux gamins ont du potentiel mais mériteraient de potasser un peu plus leurs chansons et de les rendre plus habiles. L'ampli criard a ses limites.