Babybird

Electron très libre et énervé de la britpop, Stephen Jones, aka Babybird, revient avec un Ex-maniac à la hauteur de sa réputation de sale bonhomme.

Stephen Jones, héros déchu du rock britannique, réapparait sous la forme de BabyBird, son projet initial, dans l'Angleterre de Peter Doherty. Artiste complet, s'étant adonné avec plus ou moins de succès au théâtre, à l'écriture, aux musiques de films, Stephen Jones restera surtout pour une génération le prétendant au trône des charts britanniques, les fesses assis sur son Wonderwall à lui, l'excellent You're Gorgeous. Stephen Jones, héros énervé du rock, allant de fuck off en coups de provoc' incessants, à l'aise dans ses baggys, persuadé que le succès était acquis. Erreur ! Deux, albums se succéderont, confidentiels aux oreilles des masses, entrainant le renvoi de sa maison de disque de l'époque...

Quelques pirouettes artistiques plus tard, incluant une carrière solo balbutiante, Stephen Jones qui s'était toujours targué d'avoir écrit 850 chansons avant même la sortie de son premier opus, décide, en 2010, de remettre un coup de pied aux fesses de la bienséance rock actuelle. Et quoi de mieux qu'un retour en pleine lumière tonitruant ? Pour ce faire, Jones a fait appel à son pote de toujours, Johnny Depp, passionné de rock et guitariste à ses heures perdues. Le plus célèbre des pirates joue sur Unloveable et offre le meilleur teaser à Babybird pour ses concerts de reformation : être présent aux lives, pour soutenir son ami. Évidement, la farce fut parfaite : Johnny Depp n'est jamais apparu sur scène. Mais qu'importe, le morceau figure bel et bien sur l'album, accompagné d'un clip réalisé par Depp lui-même. La presse s'est enflammée, Jones ou le retour du heros 90's ecrivaient les gros titres : alors, c'est qui le pro de la communication ?

L'album Ex-Maniac ne fait pas démentir Jones. La plume est acide, les guitares blues et dépressives, parfois énervées dans une ultime remontée de drogue. Produit par Bruce Witkin et Ryan Dorn, servis sur un plateau par Johnny Depp, la nouvelle œuvre de Babybird perpétue une tradition de songwriting qui devrait continuer à séduire les fans du Dave Matthews Band ou de Snow Patrol. Babybird fait du Babybird, pousse la voix et les amplis dans des crescendo dithyrambiques, marrie dans une chapelle probablement tenue par un sosie d'Elvis flûtes et guitares sur Roadside Girl, prend le piano pour témoin qui jure devant l'éternel qu'en rien il ne s'agissait la de faire du Dylan. Non, le « beautiful loser », comme il est surnommé là-bas n'a pas de telles intentions. Simplement celle de faire sa musique, celle qu'il aime et sur laquelle il n'hésite pas à chanter les paroles les plus dures. Qu'importe si le style est parfois bourrin et peut-être trop daté pour une époque qui rêve de musiques hybrides ou le hip hop épouse l'electro dans une parfaite harmonie : ce sera mariachi sur On The Backseat Of Your Car et rien d'autre !

Stephen Jones affirme son style et claque la porte de la chapelle que ça nous plaise... ou non !