Chronique Album
Date de sortie : 12.07.2010
Label : Fiction Records
Rédigé par
Maxime Delcourt, le 17 juillet 2010
Lorsqu’on évoque les « supergroupes », on pense immédiatement à The Dead Weather, Them Crooked Vultures ou éventuellement Discovery. Ces nouveaux groupes à tiroirs rassemblent à eux seuls la crème des musiciens de la scène rock : The Kills, Queens Of The Stones Age, Vampire Weekend, Led Zeppelin et bien d'autres. Que penser alors de Tired Pony ? Nouvelle méthode publicitaire ou réelle volonté de découvrir ce qu’il se passe de l’autre côté de la route ? Découverte.
Tout est parti d’un bloc-notes, de quelques chansons écrites entre deux concerts de Snow Patrol. Désir de s’exprimer autrement ? Désir de s’égarer aux confins des rêves ? Qu’importe les raisons, puisqu’aujourd’hui, c’est avec une véritable armée de musiciens que Gary Lightbody donne vie à son carnet de voyage. Au sommaire et au sommet de cet album : un casting de luxe, que ce soit parmi les membres de ce juvénile orchestre avec Richard Colburn (Belle & Sebastian), Iain Archer (ex-Snow Patrol) et Peter Buck (ex-R.EM) entre autres, mais aussi avec des invités comme Tom Smith (Editors), la charmante Zooey Deschanel accompagnée, comme souvent, par sa moitié à la scène Mr.Ward (She & Him) sur Get On The Road. Tired Pony saisit par les deux bouts les occasions de nous accompagner sur la route de nos vacances d’été : en rêvant, en fredonnant, le tout rempli d’émotion et de souvenirs. La voie est ouverte et nous l’empruntons volontiers.
Plus qu’aucun autre « supergroupe », celui-ci est prêt à partir pour l’aventure, l’un des premiers à tenter de comprendre la nature et pourquoi pas le premier à la transcender. Tired Pony, c’est la musique que vous entendez quand vous vous endormez, quand le chant des arbres chuchote à vos oreilles dans le but de converser paisiblement avec les esprits de la forêt. En revanche, pour l’air frais, l’innocence et la cure de jouvence, on attendra plutôt le prochain album de leur correspondant irlandais, Damien Rice.
En ces temps portés vers l’expérimentation, le plus remarquable chez cette troupe (non, ce n’est pas son nom !), reste son amour pour la simplicité et la discrétion. Supergroupe donc, mais pas surproduit. Plus que tout, Tired Pony propose un long périple sur une route vaste comme le monde, là où peu osent s’aventurer. Loin de regarder dans le rétro, durant quarante minutes, le temps du trajet, c’est vers l’horizon que nos yeux se portent, avec le souffle du vent que nos oreilles se confondent. Carapaté sur des chemins vierges de tout encombrement, certains morceaux laissent place à de hautes voltiges faites d’harmonie et de douceur, Held In The Arms Of Your Words en est l’archétype idéal. Ici, tout n’est qu’une longue expression d’une nature emportée par le temps, abimée par l’humain, mais qui, par la grâce de Tired Pony, est rendu à sa virginité.
The Place We Ran From n’apporte honnêtement aucune surprise, mais on reste stupéfait par la cohésion et même par la convergence des musiciens vers un même lieu, vers une même volonté : les mélodies aériennes. Sur le remarquable final Pieces, qui met un terme à l’excursion, une guitare électrique tire cet album vers le rock, mais que l’on ne s’y trompe pas, Tired Pony nous emmène bien sur ses terres. Un territoire purement folklorique.