Talons

Venu d’Outre-Manche, Talons est un groupe qui n’a pas froid aux yeux. D’abord parce que son style hybride, à mi-chemin entre la Bande Originale de film de guerre et d’explosions, le post-rock shooté au vitriol, le métal et le math-rock, aurait bien pu faire fuir de nombreux mélomanes phobiques de structures décousues et complexes. Et deuxièmement, parce que jouer de la musique instrumentale n’a jamais été la démarche idéale pour voir développer une popularité.

Mais Talons a d’autres cordes à son arc pour fasciner : sa maîtrise et sa rapidité. Loin d’être indigeste, la musique de ces garçons d’Hereford (deux violonistes, deux guitaristes, un bassiste, un batteur) - incontestablement très doués sur leurs instruments respectifs - est d’une qualité et d’une efficacité étonnantes. Un constat que l’on doit notamment à la cadence des rythmes et les contrastes d’ambiances et d’émotions qui s’imprègnent des morceaux.

Sur la durée de ce premier album baptisé Hollow Realm, l’énergie du sextet emporte tout sur son passage (pas vraiment de tranquillité à l’horizon), si bien que l’on se croirait dans un tourbillon sonore où tout bascule, se mélange et se confronte simultanément et qu’une vie entière s'écoule en seulement quelques secondes de musique entendues. Il n’y a qu’à se pencher sur le titre d’ouverture, St Mary Will Be The Death Of Us All et ses roulements de toms intempestifs, Peter Pan et ses violons qui convulsent ou encore la rapidité d’Impala pour s’en convaincre.
Coté références, on pense parfois à Battles et Tool (surtout sur le riff principal d’Impala), l’aspect cinématographique en plus (Great Railroads et ses cordes bienvenues, l’abrasif et tendu An Expected Future Event).

Un groupe prometteur dont le premier album qui ne l’est pas moins.