Magnetic Man

Comment ne pas se faire taper les doigts lorsque l'on énonce des bêtises plus grosses que soit dans le NME : « We're cooler than every pop act out there » ? Ce n'est pas en sortant un hideux disque de dubstep qu'on peut se targuer de renouveler la pop music. Un curieux déballage prétentieux pour un trio de producteurs qui n'a effectivement plus rien à prouver. Benga, Skream et Artwork sont des pionniers du dubstep et ont sorti parmi les plus grands disques du genre : souvenez-vous du Night de Benga (avec Coki) ou du fabuleux Midnight Request Line de Skream. Mais lorsque l'on parle de pop, là les producteurs sont clairement largués : Magnetic Man n'est pas un disque pop mais bel est bien dubstep, certes racoleur, mais en-dessous du potentiel individuel du trio.

Évidemment, pour capter l'attention d'un tel magazine, il faut bien quelques effets de manche. Eux se sont manifestement inspiré d'artistes habitués aux annonces chocs, à l'image d'Oasis par exemple, une couverture du NME pour un groupe du dubstep, c'est une première ! Pourtant, seuls quelques artistes électroniques ont un vrai potentiel de crossover, les Daft Punk période Discovery, les Basement Jaxx ou même le fatiguant David Guetta ont réussi à leur manière à sortir du microcosme électronique et exploser dans la pop. Après tout, qu'est-ce qu'une pop song réussie, électronique ou non ? C'est une chanson (avec une voix donc), plutôt courte (malgré de nombreux contre-exemples) et surtout accrocheuse, sous entendu avec un gimmick vocal ou instrumental, ou des paroles qui se retiennent facilement.

Or, dans ce disque, aucun morceau ne réunit les conditions précitées. I Need Air les chatouille du bout des doigts mais c'est bien le seul single qui fait illusion. Pour le reste, on s'ennuie ferme ! Ce n'est pas en nous collant du gros son partout, des nappes trance et des guests vocaux prestigieux mais parfaitement inutiles (Ms Dynamite et John Legend) qu'il est possible de créer une vraie pop song. Pour cela, il faut une bonne composition ramassée et volontaire, pas un DJ track de cinq minutes basé sur une seule maigre idée, ce dont le disque est rempli.

Magnetic Man ont voulu nous faire croire qu'ils étaient capables d'écrire de vraies chansons. Ils sont certes d'excellents producteurs, des DJs talentueux, peut-être même de bons mélodistes, mais parfaitement incompétents en ce qui concerne la pop. En conservant leurs habitudes de DJ (longues intros, breaks et boucles sans fin), au final, que reste-t-il de ce disque ? Une des plus grandes escroqueries de 2010 : du dubstep ultra-racoleur et peu efficace et un trio de producteurs qui a vendu son âme au diable. Leur collègue Rusko travaille avec Britney Spears... Qui a dit que le dubstep était mort ?