logo SOV

Underground Railroad

White Night Stand

Underground Railroad - White Night Stand
Chronique Album
Date de sortie : 13.06.2011
Label : One Little Indian
4
Rédigé par Fantin, le 8 juin 2011
Bookmark and Share
Suffit-il de vivre outre-Manche pour se doter du talent musical mythique des terres britanniques ? C’est en tout cas ce que laisse supposer Underground Railroad, groupe originaire de Paris, installé à Londres depuis 2005. A l'exception de leur accent resté franchouillard, ses membres semblent s’être parfaitement adaptés à la météo anglaise et à une identité musicale difficile à détracter. Après un premier album passé quasi-inaperçu (Twisted Trees, 2006) et un second qui valut leur découverte et le prix de « meilleur album rock alternatif » du NME (Sticks And Stones, 2008), ils reviennent avec White Night Stand, une œuvre sombre et noisy dans la lignée de ses prédécesseurs, mais toutefois plus aboutie.

Underground Railroad est, il est bon de le rappeler, un groupe formé dans une cour de lycée comme bien d’autres. A sa tête, le batteur Raphaël Mura compose et écrit les textes. Il partage le chant avec Marion Andrau, guitariste. Quant à la basse, elle est assurée par JB Ganivet. Telle était la formule de ce qui fut jusqu’à récemment un trio et dont on peut saluer le parcours remarquable. Depuis peu, le groupe est devenu quatuor avec l’arrivée d’une nouvelle musicienne, une londonienne du nom d’Anna Scott. Celle-ci assure le violoncelle et le clavier, renforce une atmosphère musicale profonde et amène du psychédélisme, des éléments hypnotiques dans le noisy habituel du groupe. On regrettera toute fois sa trop grande discrétion tant les moments où on l’entend sont jouissifs.
White Night Stand n’a rien d’ennuyeux contrairement à ce que laisse supposer son titre (position de nuit blanche). Si la musique est l’art de penser avec des sons, cet album est un acheminement de troubles d’esprit ressentis en une nuit blanche : une musique bruyante, parfois répétitive voire industrielle (Lucky Duck) mais accomplie en toute subtilité. La pochette de l’album vient confirmer cette idée et illustrer le titre du disque ; une top-modèle l’orne, allongée sur le dos. La main sur le visage, elle semble cacher ses yeux de la lumière violente qui l’éclaire...

Le principal mérite de cet album est de constituer une réelle unité dans un style bruyant, sans jamais fatiguer. De plus, les onze titres qui le composent semblent unis mais ne se répètent jamais. Si le morceau 8 Millimeters semble annoncer un album plutôt pop pour un « groupe de rock noisy », la suite du disque, bruyante et sombre, le contredit. The Orchid's Curse déchaîne de brutales passions et réalise sur sa fin une échappée épique digne de Sonic Youth. Sur Russian Doll, le groupe balance un punk psyché et entêtant qui donne envie de pogoter dans un club enfumé de l’east London avec les Horrors.
L’album nous emmène même dans le progressif. Seagull Attack, qui, à ses débuts, n’a l’air que d’un morceau punk et pourrait bien être celui qui nous mène à l’assourdissement, change du tout au tout au bout de deux minutes et dix secondes. On est alors emporté par un très long interlude instrumental de plus de six minutes. Il s’installe une atmosphère lourde et pressante. L’archer d’Anna Scott frotte les cordes de son violoncelle. Il en sort un son écorché, sensible. La batterie s’accélère et contribue à une certaine tension dramatique qui éclate lors du refrain final. Après ce retour fracassant et bruyant, Underground Railroad nous étonne encore une fois ; Traces To Nowhere se révèle être une pop song calme et subtile sur laquelle la voix de Marion Andrau sonne à merveille. Le groupe retrouvera son style de prédilection pour un dernier morceau, Rude Awakening.

Underground Railroad est un groupe trop rare dans le paysage musical français. White Night Stand s’avère, en définitive, être un album riche et magnifiquement produit. Avec un son de guitare tout droit sorti des nineties (ce doit être la mode en ce moment...), un noise apaisé et enrichi, le groupe livre une suite logique à ses deux premiers albums. A son écoute, on a envie d’être au milieu d’une fosse, de voir nos quatre comparses sur scène. Espérons qu’ils étendent leur tournée à l’hexagone, ne serait-ce que pour jouir en live de ce tube entrainant et puissant qu’est Russian Doll...
tracklisting
    01. 8 Millimeters
  • 02. We Were Slumbering
  • 03. The Black Widow
  • 04. The Orchid's Curse
  • 05. Russian Doll
  • 06. Yellow Suit
  • 07. Ginkgo Biloba
  • 08. Lucky Duck
  • 09. Seagull Atack
  • 10. Traces Of Nowhere
  • 11. Rude Awakening
titres conseillés
    The Orchid's Curse - Russian Doll - Traces To Nowhere
notes des lecteurs
Du même artiste