Chronique Album
Date de sortie : 19.09.2011
Label : Moshi Moshi
Rédigé par
Hybu, le 26 septembre 2011
La posture et le concept entourant Teeth possède un je-ne-sais-quoi d'incroyablement séduisant, presque romantique, fait d'une nonchalance assumée, d'un hédonisme tire-au-flanc, de bricolages en tous genres et surtout d'un humour corrosif. Un an après le brillant single See Spaces, le groupe sort son premier album, ironiquement (bien sûr) intitulé Whatever. Le problème est qu'aussi potache (et triviale) cette blague puisse paraître, elle n'est franchement pas très drôle. Les espoirs mis dans le groupe vont vous faire rire jaune.
Vous aussi, vous étiez contents de vous être débarrassés de l'irritante vague arty, electro-punk, riot grrls revival, electro-clash et compagnie, stars des clubs lesbiens, idoles des modeuses, de ces groupes comme Chicks On Speed, Robots In Disguise, Vive La Fête ou Peaches. Et bien, réjouissez-vous, une bonne grosse moitié de l'album (Confusion, U R 1, Dead Boys, Time Changes, Pill Program) de Teeth y patauge en remuant sans élégance synthétiseurs bontempi, paroles ironiques criardes et constructions bancales. L'humour dans la musique est évidemment une qualité, mais est-il utile de préciser qu'il faut en user avec parcimonie et surtout ne jamais oublier que le plus important reste la chanson, l'étalon maître de la pop music. Agiter un poum poum saturé y coller un mélodie electro-rigolote sur trois notes et beugler sur la membrane du micro comme un adolescent ne donne que très rarement naissance à une bonne chanson.
Bien heureusement, Whatever en contient une ou deux plutôt sensationnelles. See Spaces, bien sûr, dont nous avons déjà parlé ici, mais également Care Bear, Bisounours en français, tout un programme, qui ne renierait pas du tout les (douteuses) influences citées précédemment mais qui en évite la plupart des écueils - la voix de la chanteuse n'est, par exemple, pas couverte par un effet mégaphone (existe-t-il pire effet à mettre sur une voix ?) - et en fait un vrai bon single canaille et totalement régressif. Nous sauverons également Flowers, barré et bien moins enfant hyperactif, et la très curieuse et nous moins bruyante outro instrumentale Street Jams.
Whatever est une belle et vraie déception. Au lieu d'essayer de composer des chansons fortes comme peuvent l'être leurs deux singles, les anglais ont préféré prendre l'autoroute de la facilité et céder à des penchants infantiles. Jouer dans la gadoue avec des vêtements fluorescents en compagnie des potes sortis d'écoles d'art, c'est amusant, certes, mais ça peut aussi vous plomber un album.