Teeth

Voici quelques règles pour être considéré comme The Next Big Thing de l'autre côté de la Manche de nos jours : vivre dans un quartier branché (Whitechapel, Dalston, Bricklane...) où il plus facile de sortir avec les bonnes personnes, jouer une musique d'inspiration américaine (de Brooklyn évidemment; voire Los Angels et Portland), montrer une position et une imagerie conceptualisée, arty, DIY et donc hip... Avec ces bases, ne manque qu'un label en vogue (Kitsuné, Merok, Moshi Moshi chez les Européens) et c'est gagné. Teeth, dont la graphie varie avec le temps (conceptualisation oblige), est un trio de Dalston, comptant un membre américain originaire de LA (petit bonus) et jouant une electro-pop vaguement psychée... et signé sur un des labels précités. Autant dire que leur carrière est bien lancée.

Pourtant à l'écoute de ce single, il manque un détail très important, une certaine cohérence musicale. On se retrouverait presque face au split single de Health et Crystal Castles. En face A, l'excellent See Spaces vire plutôt du côté des américains avec un génial riff de clavier stroboscopique quasiment ravey que l'on aurait pu retrouver dans un tube de techno au début des années 90s. La voix de Veronica So est aérienne et ne renierait pas une parenté avec le récent mouvement chillwave (Washed Out en tête). De l'autre côté, c'est tout le contraire. Sa voix est agressive, irritante et ressemble plus au groupe le plus sur-estimé des années 2000 sus-cité et aux riot girls, le tout avec une instrumentation est en plus un peu cheap et oppressante. « Oh My God ! » s'écrierait Lady Gaga.

Un single trop bicéphale donc, d'une part avec See Spaces, très pertinente bien qu'un peu trop proche de ses modèles, et de l'autre, Time Changes, déjà désuète et se référant à un groupe qui nous a déjà suffisamment cassé les oreilles. Nous n'avons pas besoin de nouveaux clones !