That Fucking Tank

That Fucking Tank restent encore aujourd'hui méconnus, et c’est regrettable, car le duo formé par Andy Abbott (guitare) et James Islip (batterie) depuis 2004 dans les terres de Leeds est l'un des meilleurs représentants d’un son noise mâtiné de math-rock décomplexé. A l’écoute des deux premiers albums du groupe, et surtout de l’excellent Tanknology, on ne pouvait qu’être furieusement charmé par la musique certes loin d’être innovante mais diablement efficace en termes de plaisir des oreilles. La démarche du duo, celle de faire de la bonne musique entre potes sans aller chercher dans les justifications musicales, les théories politiques et autres discours maladroits, transpirait dans les deux premiers opus, et l'on retrouve toujours ce charme mêlant nervosité et efficacité d’une simplicité foudroyante, alors que les deux comparses ont passé la trentaine.

TFT est un album réussi, il reprend les bases issues de Tanknology pour laisser au duo la possibilité de se bonifier de rattraper les temps morts et les lacunes du précédent opus. On se retrouve ainsi avec une batterie de tubes instantanés, tels un NWONWOBHM faisant déjà des ravages dans les concerts du groupe, de par ce subtil mélange entre math-rock et éclairs de rock progressif. L’oreille est tour à tour chatouillée, caressée ou maltraitée, mais on en redemande, et ces quatre minutes risquent de fortement vous rester en tête. L’enchaînement avec Acid Jam emporte plus encore l’auditeur avec un titre certes moins nerveux, moins fougueux dans la démarche mais qui nous plonge dans une ambiance glauque et pourtant pourvue d’un groove indéniable. Threads, qui lorgne vers les huit minutes, parvient là aussi à maintenir l’auditeur en haleine sous la forme de montagnes russes, le genre de morceau auquel on revient en sachant que l’on va découvrir quelque chose de nouveau à chaque écoute.

Pourtant, malgré toutes ces qualités, on préfèrera à TFT son prédécesseur : la décontraction du groupe est moins palpable, le tout, à l’image de la pochette, est beaucoup plus sombre, moins amusant (les titres du précédent album étaient des jeux de mots complètement loufoques coïncidant avec une musique joyeusement foutraque). Ici, le groupe et sa musique manquent toujours du petit « quelque chose » qui leur permettrait d’être un groupe dit de référence. Mais ne boudons pas notre plaisir, TFT, nouvel essai flamboyant mais peu innovant, est un album qui saura convertir quelques amateurs, mais qui surtout convaincra les fans du groupe.