Chronique Album
Date de sortie : 14.05.2012
Label : Big Scary Monsters
Rédigé par
Amandine, le 23 juin 2012
Tobias Hayes, ex leader de Meet Me In St. Louis, a, ces dernières années, raccroché sa guitare électrique et calmé le jeu pour sortir, en 2010 son premier album solo (Robin Hood Waiter Champion Have – Not), placé sous le signe de l'acoustique. Il revient aujourd'hui avec Miles Of Mad Water et le moins que l'on puisse dire, c'est que nous n'avons pas fini d'être surpris.
A l'instar de Frank Turner et sa carrière post-Million Dead, Shoes And Socks Off range sa hargne au profit de la sensibilité. Dès l'entame sur And No One's Seen Him Since, on change d'emblée d'ambiance par rapport à l'album précédent. Fini le folk acoustique, Hayes s'essaie ici à l'expérimentation électronique avec des beats synthétiques sous-tendant des arpèges délicats à la guitare électrique. Les sonorités nous font penser à Radiohead tandis que la voix rappelle celle de Trent Reznor (Nine Inch Nails) pour ne finalement ressembler à aucun des deux.
Tout au long de l'album, Hayes distille des instrumentations nous évoquant le quintet d'Oxford (la voix autotunée de Made, les arrangements de Lockjaw...). Les morceaux sont dans l'ensemble assez courts, ce qui ne leur permet pas toujours de suivre la progression qu'on leur aurait imaginée. On déplore parfois la reprise d'un schéma similaire et passé l'effet de surprise des premiers titres, on aimerait voir les choses évoluer.
C'est alors que débarque All Mouth et ses violons ; si la structure est plus classique, on retrouve cependant l'émotion subtile dans laquelle Tobias Hayes est passé maître. On se rend alors compte que lorsqu'il revient à ses premières amours, comme dans The Doppler Effect, Shoes Ans Socks Off excelle. Ne cherchant pas l'originalité à tout prix, il insuffle une émotion et une dynamique à ses compositions qui leur confèrent toute leur beauté.
Malheureusement, l'accalmie sera de courte durée et avec Tork Sport, on sombre totalement dans l'expérience pour l'expérience. Les jeux de cassures rythmiques combinés à la douceur du piano sont poussifs au possible et on comprend de moins en moins la direction que souhaite prendre ce Miles Of Mad Water, ce que But No vient confirmer. Là, nous tombons à pieds joints dans l'electronique, sans subtilité. Alors que nous en sortons décontenancés, apparaît Incommunicado et l'équilibre instable est enfin trouvé. On flirte avec le post-rock instrumental, même si la divine voix spectrale, point fort de cet album, est omniprésente. La fin brutale nous laisse pantois et nous sortons déroutés de cette dizaine de compositions.
Shoes And Socks Off signe donc ici l'album des expérimentations, avec plus ou moins de succès. Si l'on savoure la beauté de la partie vocale, on se demande parfois pourquoi tant de tergiversations. Affaire à suivre...