The Enemy

Il y a cinq ans, The Enemy sortaient leur premier album We'll Live And Die In These Towns. Contre toute attente, et après un second disque décevant, le trio de Coventry fait son retour sur la scène rock britannique avec Streets In The Sky. Influences placardées comme des évidences, allure très nineties, le groupe mené par l'énergique Tom Clarke reste ancré dans ses valeurs musicales tout en briguant la première place des charts indé.

Curieusement, Saturday, premier single tiré de ce troisième opus, nous ramène plus de quinze ans en arrière : que ce soit son vidéo clip ou le titre en lui-même, Tom Clarke nous la joue Northern Uproar, beaucoup mieux que les gars de feu-Viva Brother, mais tout de même. Mur du son, timbre de voix à la Weller, on sent que Saturday se veut le Town Called Malice de sa génération. Rien que ça.

Si certains avaient pris le groupe pour un feu de paille qui finirait par s'éteindre de lui-même, Tom Clarke & cie tiennent à prouver qu'il n'en est rien et que leur hargne de lads élevés au biberon des revendications ouvrières aussi bien qu'à celui du son de Manchester est restée ferme et constante. Des maisons en briques sur la pochette à des titres plus punk tels que Gimme The Sign ou carrément ballade politique avec This Is Real, le groupe balance douze titres, sans vergogne, hurlés quand il le faut, et qui prennent toute leur urgence sur un vieux poste CD avec un son bien crade. Le mp3 est la mort d'hymnes rock n'roll comme Bigger Cages, Longer Chains ou 1-2-3-4. Mais les gars de The Enemy sont aussi prolixes sur des titres plus radio-friendly comme Like A Dancer ou Come Into My World. Reste 2 Kids qui devrait plaire au gamin de 2012 comme à celui qui ne l'est plus depuis 1996.

The Enemy ont à la fois la chance et la tristesse d'être les seuls, voire les derniers, à jouer sur le terrain du lad rock. Pourtant le manque de compétition ne leur empêche pas d'être bons voire très bons. Une victoire en forme de baroud d'honneur pour un groupe qui sait d'où vient et où il va.