Mozart Estate

Sa réputation s'est batie autour de deux groupes, Felt, dans les années 80, et Denim, une décennie plus tard : Lawrence Hayward, alias « Lawrence », revient aujourd'hui sous le nom de Go-Kart Mozart, dont le titre du troisième et nouvel album, On the Hot Dog Streets, en dit long sur sa personnalité un tantinet bizarroïde.

Incontestablement ancré dans l'Angleterre, ce disque fait le pont entre les courants, joue sur tous les tableaux (pop, électro, punk) sans vraiment décevoir ni fasciner réellement. Dans une époque imaginaire, ce disque se situerait allègrement dans un monde où les Clash copineraient avec les bisounours (West From Blues) et ferait aussi ami-ami – mais de plus loin – avec Jamie T, Metronomy, New Order, voire Kraftwerk.
Cette atmosphère bigarrée et curieuse est le fruit du mode de composition très personnelle et foutraque de Lawrence : boites à rythme vieillissantes, synthétiseurs carrément cheap, effets électros sortis de nulle part (The Sun, Come On You Lot) font de l'orchestration de ce disque un exemple d'anti-consensualité.

Parfois proches du ridicule (le disco bordeline de White Stilettos In the Sand en est la preuve), les pop-songs du Britannique parviennent toutefois à s'illuminer par l' interprétation, le parti-pris, la volonté d'affirmation et le sens de l'arrangement du leader, qui rend au final son oeuvre sincère (en dépit du solo de guitare un peu de douteux du plutôt réussi Lawrence Takes Over).
Lawrence a aussi le sens du rythme : les basses (Ollie Ollie Get Your Collie) et le rhodes sont groovy (Micky Made The Most) et son débit vocal parfois proche du hip-hop (Retro Glancing) ou doux comme un agneau, à l'instar de Men Look At Women, ballade qui aurait tout son charme chantée par Lou Reed.
Souvent enjouées, ses chansons sont aussi souvent empruntes d'une certaine désinvolture punk, à l'instar du gentil Spunky Axe, chanté par une chorale d'enfants, ou du plus électrique Queen Of The Scene, au son typiquement anglais.

Roi des hymnes (Blowin' In A Secular Breeze) et des refrains fédérateurs, Go-Kart Mozart se perd en revanche en s'essayant au rock couplé à l'arpeggiator (l'immonde Synth Wizard) ou à la ballade romantique au piano (As Long As You Come Home Tonight, sans intérêt). A trop vouloir en faire, il n'accroche pas (plus) l'oreille.